Omble chevalier
Nom français
Omble chevalier
Autre(s) nom(s) français
Truite rouge
Nom anglais
Arctic char
Autre(s) nom(s) anglais
Arctic charr, Red char, Silver char, Alpine char
Nom scientifique
Salvelinus alpinus
Grand groupe
Poissons
Sous-groupe
Poissons d’eau douce, Poissons anadromes
Dans cette page :
Description
L’omble chevalier est un salmonidé typique des régions arctiques et subarctiques, mais il peut également se trouver plus au sud. Il peut vivre en eau douce seulement, ou être anadrome et accomplir des migrations en mer. Il s’agit d’une ressource alimentaire traditionnelle importante pour les peuples nordiques, principalement pour les Inuit.
Identification
Taille
La taille des individus adultes varie généralement entre 20 et 50 cm. Elle peut toutefois atteindre parfois plus de 90 cm pour les spécimens anadromes.
Poids
En général, le poids de l’omble chevalier varie entre 0,5 et 4,5 kg, mais certains spécimens anadromes peuvent peser plus de 12 kg.
Coloration
La coloration de l’omble chevalier est très variable. Son dos varie habituellement du gris bleuâtre à verdâtre et cette coloration devient plus pâle avec des reflets argentés sur les flancs. Il possède des taches pâles plus ou moins rondes sur les flancs. À l’approche de la fraie, l’apparition d’une coloration rougeâtre est fréquente, d’où l’appellation « truite rouge ».
Ses nageoires pectorales, pelviennes et anales sont typiquement bordées d’une bande blanche qui est généralement nettement plus visible lors de la période de reproduction.
En mer et lors de son arrivée en eau douce, l’omble chevalier anadrome possède des flancs argentés. Une fois en eau douce, ses flancs passent souvent à l’orangé ou au rouge pour les spécimens qui vont se reproduire.
Traits caractéristiques
Le corps de l’omble chevalier est allongé et comprimé sur les côtés. Il est couvert de très petites écailles.
Il possède une tête de profil conique. Sa bouche est grande et sa mâchoire inférieure est souvent proéminente. Le bord postérieur de la mâchoire atteint ou dépasse légèrement le bord postérieur de l’œil. Ses dents sont bien développées.
Sa nageoire adipeuse est assez mince et pointue, et située loin derrière la nageoire dorsale. Sa nageoire caudale est fourchue.
Distinction
L’omble chevalier peut se distinguer de l’omble de fontaine (PDF 1.64 Mo) par certains traits caractéristiques. L'ombre chevalier ne possède pas de marbrures sur le dos ni sur les nageoires dorsale et caudale, ni de halos bleus bien définis autour des taches sur ses flancs, contrairement à l’omble de fontaine. Les nageoires pectorales, pelviennes et anale (parfois aussi le lobe inférieur de la nageoire caudale) de l’omble chevalier sont bordées d’une bande blanche seulement. Quant à celles de l’omble de fontaine, elles sont bordées d’une bande blanche suivie d’une bande noire. De plus, la nageoire caudale de l’omble chevalier est sans motifs définis et fourchue. Du côté de l’omble de fontaine, sa nageoire caudale est marbrée et carrée, ou très légèrement fourchue.
Le touladi se distingue de l’omble chevalier par sa couleur plus terne et l’absence de taches rougeâtres sur son corps. De plus, les nageoires pectorales, pelviennes et anale du touladi ne sont habituellement pas bordées d’une bande blanche aussi définie que sur celles de l’omble chevalier. La nageoire caudale du touladi possède souvent des taches pâles et est un peu plus fourchue que celle de l’omble chevalier. La bouche du touladi est plus grande que celle de l’omble chevalier.
De manière plus générale, les ombles (genre Salvelinus) possèdent des taches pâles sur un fond sombre, alors que les truites et les saumons (du genre Salmo) possèdent des taches sombres sur un fond pâle.
Espèces similaires
Répartition
L’omble chevalier est largement réparti dans le nord de l’Amérique du Nord, de l’Asie et de l’Europe (surtout en Scandinavie). Au Québec, il est présent dans le Nord‑du‑Québec, depuis la baie James jusqu’à l’extrémité nord de la province au Nunavik, ainsi que dans une partie des régions de la Côte‑Nord, de la Gaspésie, du Bas‑Saint‑Laurent, du Saguenay–Lac‑Saint‑Jean, de la Capitale‑Nationale, de la Mauricie, de Lanaudière, des Laurentides et de l’Outaouais.
Présence au Québec
Origine
Indigène
Statut de résidence des populations
Cette espèce vit au Québec toute l’année. Certaines populations ayant accès à la mer par les rivières peuvent être anadromes. Les spécimens anadromes profitent de la productivité du milieu marin durant la saison sans glace pour optimiser leur croissance. Tout comme les autres ombles (genre Salvelinus), les ombles chevaliers ayant migré en mer doivent revenir en eau douce à l’automne pour y passer l’hiver, contrairement au saumon atlantique, par exemple, qui peut séjourner en mer de façon ininterrompue durant plus d’une année.
État de la situation
Au Québec, l’état de situation des populations d’omble chevalier est peu connu. Bien que des travaux récents aient tenté de mieux l’évaluer, pour le moment, il demeure difficile d’en tirer des conclusions claires. Certaines communautés inuites ont fait part de préoccupations quant à l’abondance et à la taille des spécimens pêchés dans certaines régions du Nunavik. La sous‑espèce oquassa a un statut distinct.
Rang de précarité
Le rang de précarité provincial (rang S) pour cette espèce est S4.
Suivi
L’omble chevalier anadrome a fait l’objet de suivis au cours de la période 2016–2019. Des rapports scientifiques pour les populations des secteurs d’Aupaluk , de Tasiujaq , d’Inukjuak et de Salluit sont disponibles à ce sujet.
Habitat
Au printemps et à l’été, l’omble chevalier anadrome fréquente les estuaires et les eaux marines côtières à proximité des embouchures de rivières. Les spécimens anadromes s’alimentent en mer pendant un certain temps avant de remonter les cours d’eau pour se reproduire et hiverner en eau douce. Les jeunes restent en eau douce pendant généralement 3 à 7 années avant d’entreprendre leur première migration en mer, mais seulement pour les spécimens qui adoptent cette stratégie migratrice. En effet, même avec un accès à la mer, certains spécimens vont plutôt rester en eau douce toute leur vie, utilisant ainsi une stratégie les qualifiant de « résidents » plutôt qu’ « anadromes ».
Certains ombles chevaliers demeurent obligatoirement en eau douce, car ils y sont confinés (landlocked) pour l’ensemble de leur cycle de vie. C’est notamment le cas de l’omble chevalier oquassa, qui fréquente les eaux froides des lacs profonds des régions montagneuses de la portion plus méridionale du Québec.
Alimentation
L’omble chevalier a une diète très variée selon la disponibilité des proies. En mer, il se nourrit surtout de crustacés et de petits poissons. En eau douce, il mange des larves aquatiques d’insectes, des crustacés et des petits poissons. Des petits rongeurs ont même déjà été également retrouvés dans leurs estomacs.
Reproduction
L’omble chevalier se reproduit à l’automne, soit en septembre ou octobre selon la latitude. Il fraie de jour, sur les hauts-fonds de gravier ou de roches des lacs, ou dans les bassins plus calmes de rivières sur fond graveleux. La femelle creuse un nid dans le gravier, y dépose ses œufs et les recouvre de gravier. Les œufs éclosent vers le début d'avril et les alevins émergent du gravier vers la mi‑juillet. Les adultes ne protègent pas le nid, ni les jeunes.
Durant la reproduction, le mâle devient plus agressif et défend un territoire. Un crochet est parfois présent à l'avant de sa mâchoire inférieure. Il se reproduit généralement avec plusieurs femelles.
La maturité sexuelle est généralement atteinte vers 5 ans chez le mâle, et entre 4 et 8 ans chez la femelle, et cet âge tend à augmenter avec la latitude. L'omble chevalier ne fraie pas nécessairement à chaque année. Chez les populations du sud, l’omble chevalier est davantage disposé à frayer à tous les ans et peut atteindre la maturité de manière plus hâtive. L’âge et la taille à la maturité sexuelle, la période de reproduction, le choix du site de fraie, ou encore la fréquence des fraies sont passablement variables entre les populations.
Menaces pour l’espèce
Les principales menaces qui pèsent sur l’omble chevalier au Québec sont :
- la pêche, à cause de la possible surexploitation dans certains secteurs et de la mortalité lors de la remise à l’eau;
- l’introduction, par l’homme ou par les changements d’aires de répartition provoqués par les changements climatiques, d’espèces de poissons qui compétitionnent ou qui exerce de la prédation sur l’omble chevalier (p. ex. saumon atlantique);
- les espèces exotiques envahissantes, qui compétitionnent ou qui exerce de la prédation sur l’omble chevalier (entre autres la truite arc‑en‑ciel, la truite brune et le saumon rose);
- les changements climatiques, qui modifient les régimes thermiques et hydriques (l’omble chevalier est une espèce d’eau froide qui nécessite entre autres des débits adéquats pour effectuer ses migrations);
- la modification des systèmes naturels par les barrages, qui représentent des obstacles à la migration et qui peuvent modifier les débits ainsi que les apports en sédiments;
- la gestion de l’eau avec les ponceaux, qui peuvent causer des bris de connectivité entre les plans d’eau et des apports en sédiments;
- la foresterie, qui peut modifier les débits, la température de l’eau, l’érosion des sols et les apports en sédiments;
- la pollution industrielle et minière, qui peut dégrader la qualité des milieux aquatiques en raison des effluents acides, des métaux dissous et des apports en sédiments.
Maladies
Comme les autres espèces de poissons, l’omble chevalier peut être atteint par certaines maladies. Il peut notamment être affecté par la gyrodactylose, la saprolégniose. De plus, il peut être potentiellement parasité par de petits crustacés (copépodes), des vers du genre Diphyllobothrium et Anisakis, et d’autres vers (trématodes). Ces derniers sont responsables de points ou kystes noirs sous la peau.
Prévention et contrôle de son introduction
Toute introduction d’espèce non présente naturellement dans un plan d’eau représente un risque pour les écosystèmes. Certaines méthodes de prévention doivent être appliquées pour éviter leur introduction en dehors de leur aire de répartition naturelle.
Ne transportez pas de poissons vivants d’un plan d’eau à un autre. Le transport de poissons vivants et l’ensemencement de plans d’eau nécessitent un permis délivré par le gouvernement.
Recommandations concernant la consommation
La consommation de poissons sauvages peut représenter un risque pour la santé humaine. Certaines précautions doivent être prises afin de les consommer de manière sécuritaire.
Pour en savoir plus
BERNATCHEZ, L., et M. GIROUX (2000). Les poissons d’eau douce du Québec et leur répartition dans l’est du Canada, Éditions Broquet, Saint-Constant, Québec. 350 p.
DESROCHES, J.-F., et I. PICARD (2013). Poissons d’eau douce du Québec et des Maritimes, Éditions Michel Quintin, Waterloo, Québec. 471 p.
FISHBASE (2018). A Global Information System on Fishes, [En ligne], [fishbase.se ] (consulté le 23 mars 2023).
L’HÉRAULT, L. (2021). Poissons du nord-est de l’Amérique du Nord : sud-est du Nunavut, est de l’Ontario, nord-est de la Nouvelle-Angleterre, Québec et provinces maritimes du Canada. Québec. 551 p.
POWER, M. et J. D. REIST. (2018). Salvelinus alpinus, dans Marine Fishes of Arctic Canada, COAD, B. W. et J. D. REIST. University of Toronto Press, Toronto, Canada.
Dernière mise à jour : 19 mars 2024