Les écosystèmes forestiers exceptionnels : éléments clés de la diversité biologique du Québec

Pourquoi protéger les écosystèmes forestiers exceptionnels?

Préserver les écosystèmes forestiers exceptionnels contribue à maintenir une composante cruciale de la diversité biologique : la diversité des écosystèmes forestiers. Cette diversité est en grande partie protégée au sein des grands territoires de conservation comme les parcs et les réserves de biodiversité. Toutefois, pour assurer une protection de toute la diversité des forêts et en particulier de ses éléments les plus rares, il demeure essentiel d’opter pour des mesures complémentaires de type « filtre fin ». Ces mesures ciblées permettent de bonifier le réseau des grandes aires protégées en y ajoutant des forêts reconnues pour leurs caractéristiques uniques.

L’application d’une telle stratégie de conservation permet de maintenir, dans le temps et l’espace, la diversité des écosystèmes qui servent d’habitats pour la faune et la flore. À cet effet, protéger les écosystèmes forestiers exceptionnels vient aussi jouer un rôle dans la préservation des espèces menacées. En effet, nombre de ces écosystèmes abritent des espèces menacées ou vulnérables. De plus, ils constituent des habitats particuliers susceptibles d’abriter des espèces rares actuellement inconnues. Certains scientifiques estiment qu’on ne connaîtrait que 50 % des espèces existantes!

Par ailleurs, la conservation de la diversité biologique est l’un des six critères d’aménagement durable des forêts. Ces critères sont inscrits dans les dispositions générales de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier. En protégeant les écosystèmes forestiers exceptionnels, le Québec favorise donc l’aménagement durable de ses forêts au profit des générations actuelles et futures.

Qu’est-ce qu’un écosystème forestier exceptionnel?

Cette appellation réfère à trois catégories d’écosystèmes forestiers :

  • les forêts rares;
  • les forêts anciennes;
  • les forêts refuges d’espèces menacées ou vulnérables.

Les forêts rares

Les forêts rares sont des écosystèmes forestiers qui occupent un nombre restreint de sites et couvrent une superficie réduite. La rareté est généralement d’origine naturelle, mais elle peut aussi résulter de l’activité humaine : on dit alors qu’elle est anthropique. La rareté est évaluée autant à l’échelle du Québec qu’à l’échelle d’unités de territoire plus petites. Par exemple, les peuplements de pins rigides sont rares dans tout le Québec, alors que ceux de chênes rouges sont communs dans le sud-ouest de la province, mais rares dans la péninsule gaspésienne.

Les forêts anciennes

Cette expression désigne des peuplements dans lesquels on trouve de très vieux arbres et qui ont été peu modifiés par l’Homme et les perturbations naturelles. Ces forêts ont comme particularité de renfermer à la fois des arbres vivants, sénescents et morts et un sol parsemé de gros troncs à divers stades de décomposition. On dénombre peu de forêts anciennes au Québec. Dans le sud de la province, la plupart des forêts ont en effet été considérablement affectées par la colonisation, puis par l’urbanisation. Plus au nord, ce sont les épidémies d’insectes et les feux qui les ont raréfiées.

Les forêts refuges

Ces forêts abritent une ou plusieurs espèces végétales menacées ou vulnérables (y compris les espèces susceptibles d’être ainsi désignées). On peut y trouver, selon le cas, une espèce d’une grande rareté, au moins trois espèces menacées ou vulnérables ou encore une population remarquable d’une espèce menacée ou vulnérable.

Le Ministère et la protection des écosystèmes forestiers exceptionnels

Depuis 1996, le Ministère caractérise et inventorie les territoires qui renferment des écosystèmes forestiers exceptionnels, et ce, dans le but de les protéger (terres du domaine de l’État) ou d’en favoriser la conservation volontaire (terres privées). À cette fin, il s’est doté d’outils législatifs pour les protéger à long terme. En effet, depuis 2001, la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier permet de classer écosystèmes forestiers exceptionnels certains territoires qui présentent des caractéristiques particulières. Ces forêts sont alors protégées légalement contre toute activité susceptible de les modifier.

En 2002, le Ministère conférait le statut d’« exceptionnel » à une première série de 26 écosystèmes forestiers. Depuis, il a procédé à neuf autres classements, pour un total de 256 territoires classés écosystèmes forestiers exceptionnels. Ceux-ci sont régis fort différemment des territoires forestiers publics environnants puisque les activités d’aménagement forestier n’y sont pas permises. De plus, les activités minières y sont interdites ou assujetties à des modalités particulières.

Par ailleurs, le Ministère joue un rôle continu d’agent d’information et de sensibilisation auprès de ses partenaires (publics et privés) afin de les épauler dans leurs efforts pour conserver les écosystèmes forestiers exceptionnels dont ils sont responsables. Le Ministère ne dispose cependant d’aucun outil juridique qui lui permette d’appliquer une protection légale sur les terres privées. Toutefois, il soutient les efforts de protection des acteurs de la forêt privée, notamment les propriétaires forestiers, les conseillers forestiers et les agences régionales de mise en valeur de la forêt privée.

Où sont les écosystèmes forestiers exceptionnels?

Le Ministère a déjà répertorié pour l’ensemble du Québec méridional des centaines de sites. Ces sites présentent les caractéristiques requises pour recevoir le statut d’écosystème forestier exceptionnel. Il est intéressant de noter que les terres privées du Québec abritent plus de la moitié de ces écosystèmes forestiers exceptionnels potentiels, même si elles ne représentent que 8 % du territoire québécois. L’autre moitié se trouve sur le territoire public et nombre d’entre eux sont protégés par une loi puisqu’ils sont situés dans des sites classés tels que les écosystèmes forestiers exceptionnels, les parcs, les réserves écologiques ou les autres aires qui bénéficient d’un niveau de protection élevé.

Carte des écosystèmes forestiers exceptionnels du Québec en 2017

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