Accueil de la section Jeunesse
Merle d’Amérique. © Stéphane Déry.

Pleins feux sur… les chants des oiseaux

Tchicadididi est la représentation phonétique du chant de la mésange à tête noire

Tchicadididi est la représentation phonétique du chant de la mésange à tête noire. © Pierre Pouliot.

Contrairement à ce que croient les poètes, l’oiseau qui chante ne salue pas le printemps et ne proclame pas sa joie de vivre. Mais il ne faudrait pas repousser trop vite du revers de la main l’explication voulant que l’oiseau chante aussi pour le plaisir! Bien qu’en général les chants d’oiseaux soient harmonieux à nos oreilles, ils ont plusieurs fonctions bien précises.

Pourquoi les oiseaux chantent-ils?

Pour délimiter son territoire contre les mâles rivaux et pour attirer la femelle. C’est aussi pour renforcer les liens entre les deux partenaires et favoriser l’harmonie au sein du couple pendant la saison des amours. En plus de la fonction du chant liée à la reproduction, la vie sociale de l’oiseau ne serait plus la même sans les chants et les cris.

Les oiseaux émettent deux catégories de sons : les chants et les cris. Le chant est une série de sons constamment répétés selon une séquence précise; en fait, c’est un groupe de notes séparé d’un autre groupe de notes, par une pause plus longue que la pause entre les notes elles-mêmes. Il est émis en général par le mâle, le plus souvent au cours de la période de reproduction.

Le cri est un son bref, une ou deux syllabes de structure acoustique simple, pas plus de 4 à 5 notes. Il n’y a pas d’organisation, de patron sonore. Le cri est émis dans certaines circonstances et peut se répéter tant et aussi longtemps que la situation qui l’a déclenché persiste.

Les chants sont principalement liés à la reproduction, tandis que les cris coordonnent les comportements des membres du groupe, dans les situations de migration, d’alimentation, en réaction à un prédateur et lors de l’élevage des jeunes.

Le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) bien que vivant dans une colonie de plusieurs centaines de milliers d’individus, est capable de reconnaître la voix de sa femelle lorsqu’elle revient après une absence de plusieurs mois.

Corneille d’Amérique

Corneille d’Amérique. © Pierre Bernier.

Les corneilles d’Amérique   (Corvus brachyrhynchos) (en anglais seulement)  émettent un cri de rassemblement à la vue d’un hibou et en peu de temps un groupe de corneilles est formé et prêt à harasser le hibou. Chez certaines espèces, le cri émis à la vue d’un prédateur varie selon la présence d’un prédateur terrestre ou aérien, ou d’un prédateur statique (un rapace perché dans un arbre) ou mobile (un rapace en vol).

En migration, les oiseaux échangent des sons qui sont en fait des appels pour demeurer en contact même s’ils ne se voient pas. Les oiseaux ont aussi un vocabulaire associé à certaines activités, telles que l’alimentation et la ponte. On n’a qu’à penser à la poule qui caquette. 

Chez certaines espèces, comme le moqueur chat (Dumetella carolinensis) (en anglais seulement), le cardinal rouge (Cardinalis cardinalis) (en anglais seulement), le durbec des sapins (Pinicola enucleator) et le cardinal à poitrine rose(Pheucticus ludovicianus) , les femelles chantent autant que les mâles lors de la période de reproduction. Chez le cardinal et la grive à joues grises (Catharus minimus), le mâle et la femelle chantent en duo. La femelle participe à la défense du territoire et le duo aide à maintenir les liens entre les partenaires.

Le chant varie d’une espèce à l’autre

Moqueur chat

Moqueur chat. © Pierre Bernier.

Sans avoir besoin de les voir, il est possible de distinguer le merle d’Amérique (Turdus migratorius) (en anglais seulement) du moineau domestique (Passer domesticus) (en anglais seulement). Puisque le chant varie d’une espèce à l’autre, les entendre nous suffit pour les reconnaître. De plus, il existe des variations du chant entre les individus d’une même espèce : le merle d’Amérique de la 2e avenue ne chante pas tout à fait comme celui de la 5e rue. Il y a aussi des variations du chant chez un même individu, le merle d’Amérique de la 2e avenue peut produire 3 variantes de son chant. Par exemple, le bruant chanteur (Melospiza melodia) (en anglais seulement) possède 900 variations de son chant et jusqu’à 20 chants différents chez le même individu! À l’opposé le bruant des champs (Spizella pusilla) (en anglais seulement) a un seul chant qu’il répète sans cesse.

Goglu des prés

Goglu des prés. © Pierre Bernier.

Les oiseaux chantent surtout le matin, au sol ou d’un perchoir. Si tu chantes le mieux sous la douche, il en est de même pour certaines espèces d’oiseaux qui semblent donner une meilleure performance selon les conditions du milieu. Ainsi, le cardinal préfère le sommet d’un arbre où il sera bien en vue, la sturnelle des prés (Sturnella magna) (en anglais seulement) sur une clôture, le goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus) (en anglais seulement) fait son spectacle en vol! Les grives vont aussi chanter au crépuscule. Parfois, le bruant à gorge blanche (Zonotrichia albicollis) (en anglais seulement) chante en pleine nuit!

Certaines espèces se ressemblent tellement que seul leur chant nous permet de les distinguer. C’est le cas du moucherolle des saules (Empidonax traillii) (en anglais seulement) et du moucherolle des aulnes (Empidonax alnorum) (en anglais seulement).

Les oiseaux doivent-ils apprendre à chanter?

Les cris et les chants sont innés pour certaines espèces. Les oiseaux couvés et élevés sans contact avec leurs congénères adoptent le chant qui convient à leur espèce. Toutefois, pour d’autres, ils sont acquis, l’oiseau doit les entendre et apprendre à les reproduire.

Le syrinx : l’appareil responsable des sons chez les oiseaux

Notre voix est le résultat de l’air qui passe sur nos cordes vocales dans le larynx, qui lui est en haut de la trachée. Les oiseaux ont aussi un larynx, mais ils n’ont pas de cordes vocales. L’appareil responsable de la production des sons chez les oiseaux est unique dans le monde animal, il s’agit du syrinx. Le syrinx est en quelque sorte une espèce de chambre de résonance qui possède des membranes élastiques vibrant sous l’action de muscles spécialisés. Il est situé à la bifurcation de la trachée vers les poumons, juste avant les bronches.

Ces muscles agissent sur les membranes, un peu comme les doigts sur une corde de guitare. Selon la pression exercée, la hauteur du son variera. Le son est produit lorsque l’air est expulsé des poumons. L’oiseau peut aussi faire varier la pression de l’air dans ses poumons, ce qui agit aussi sur l’intensité du volume de la voix. La structure du syrinx est variable. Les oiseaux qui possèdent plusieurs muscles du syrinx peuvent produire plus de sons. Les pigeons ont une paire de muscles, les oiseaux chanteurs en ont de 5 à 9 paires. Les urubus n’ont pas de syrinx, tandis que les autruches n’ont pas de muscles du syrinx fonctionnels.

Le syrinx permet aux oiseaux de produire des son

Le syrinx permet aux oiseaux de produire des sons. © Christine Robitaille.

Chez la grive des bois (Hylocichla mustelina) (en anglais seulement), le moqueur chat (en anglais seulement) et le moqueur roux (Toxostoma rufum) (en anglais seulement), les deux membranes peuvent vibrer indépendamment l’une de l’autre et produire ainsi deux notes différentes en même temps!

La force sonore dépend de la résonance plus que de la pression. Dans ce cas, la longueur de la trachée joue le rôle de tuyau de résonance. Chez certaines espèces, plus longue et large est la trachée, plus grave est la voix; plus courte et étroite est la trachée, plus la voix est aiguë, comme chez la grue blanche (Grus americana) dont la trachée fait pratiquement la longueur de l’oiseau; elle mesure près de 150 cm.

Les sons ne sont pas tous produits par le syrinx. Les pics (en anglais seulement) utilisent leur bec pour marteler le tronc. D’autres émettent des sons avec leurs plumes, en battant des ailes comme pour la gélinotte huppée   (Bonasa umbellus) (en anglais seulement) (consulte la capsule Pleins feux sur… la reproduction chez la gélinotte huppée) ou avec les ailes et la queue comme chez la bécassine de Wilson   (Gallinago delicata) (en anglais seulement).

Pic maculé

Pic maculé. © MELCCFP.

Les oiseaux suivants ont été classés parmi les 10 meilleurs oiseaux chanteurs en Amérique du Nord. Écoute leurs chants et construis ton palmarès de la dixième à la première position.

Il paraît que…

  • Le roi Salomon possédait une bague magique qui lui permettait de s’entretenir avec les oiseaux et les bêtes.
  • Voici différentes versions du cri du pouillot véloce (Phylloscopus collybita) selon les pays :
    • Angleterre :
      chiff, chaff, chiff, chiff, chaff;
    • Finlande :
      til, tal, til, til tal;
    • Allemagne :
      zilp, zalp, zilp, zilp, zalp;
    • France :
      typ, tysep, tyip, tyip, tysep;
    • Italie : 
      ciff, ciaff, ciff, ciff, ciaff.
    • À toi de juger : écoute le cri du pouillot véloce (en anglais seulement).
  • Le viréo aux yeux rouges (Vireo olivaceus) (en anglais seulement) est surnommé le prêcheur. Infatigable, il chante de l’aube au crépuscule, il détient le record du nombre de chants en une journée soit, 22 197.
  • Le chant le plus long est celui du troglodyte des forêts  (en anglais seulement) et dure de 8 à 10 secondes.
    Il y a par contre les imitations du moqueur polyglotte   (en anglais seulement) et du moqueur roux (en anglais seulement) qui peuvent durer plusieurs minutes.
  • Un oiseau peut distinguer 200 sons en une seconde; 10 fois plus que nous!
  • Certaines espèces d’oiseaux sont aphones! L’urubu à tête rouge (Cathartes aura) et le cormoran à aigrettes (Nannopterum auritum) ne produisent aucun son.

Pour en savoir plus…