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Bécasse d'Amérique. © Stéphane Déry.

Pleins feux sur… la chasse à la bécasse d’Amérique

Bécasse d'Amérique.

Bécasse d’Amérique. © Dany Leblanc.

La croule, vous connaissez? Il y a la chasse auditive de la croule, il y a les places de croule. On dit aussi de cet oiseau qu’il croule, en parlant de son chant. Ces mots puiseraient leur origine dans la ressemblance avec la note finale du chant de la bécasse des bois (Scolopax rusticola), une espèce européenne. Ce mot désigne ici la période durant laquelle on peut entendre le cri de la bécasse d’Amérique (Scolopax minor), une espèce vivant uniquement en Amérique du Nord et qui a un chant différent. Crouler pourrait aussi tirer son origine du mot « roucouler ».

Le bec de la bécasse d’Amérique est l’outil parfait pour chercher les vers de terre!

La bécasse d’Amérique a le physique de l’emploi. Cette grande consommatrice de vers de terre est bien pourvue pour les capturer. Le bout de la partie supérieure de son bec peut s’ouvrir dans le sol. Des cellules nerveuses lui permettent de détecter ses proies souterraines, sans les voir. De plus, la partie inférieure du bec est finement dentelée pour bien saisir le tout à l’aide de la langue rugueuse.

Bécasse d'Amérique à la recherche de nourriture.

Bécasse d’Amérique à la recherche de nourriture.
© Steve Hinshaw.

Les insectes complètent son menu qui comprend aussi des araignées, des limaces, des millepattes et des plantes. La bécasse a une façon bien à elle de débusquer les vers : elle exécute une danse (en anglais seulement) ! Elle marche lentement et fait un mouvement de balancier avec son corps en piétinant le sol de ses pattes. Ces vibrations favoriseraient le déplacement des vers de terre et faciliteraient leur capture.

 

Un champ de vision à 360 degrés!

Trous de bécasse d'Amérique à la recherche de vers de terre.

Trous de bécasse d’Amérique à la recherche de vers de terre. © Phil Myers.

Avec elle, l’expression « avoir des yeux tout l’tour de la tête » prend tout son sens! Elle a vraiment un champ de vision de 360 degrés. De chaque côté de la tête, la vision est toutefois monoculaire. Seule une mince partie est en vision binoculaire, soit 20 degrés à l’avant et 30 à l’arrière. Ses yeux sont grands et placés haut sur la tête; elle peut voir dans la semi-obscurité du crépuscule. Pendant qu’elle est occupée à fouiller dans le sol, elle peut surveiller les alentours.

 

Le mâle exécute une parade nuptiale complexe!

Quand vient le temps de la reproduction au printemps, le mâle exécute une parade aérienne spectaculaire. Il a besoin d’un espace dégagé au sol entremêlé de broussailles et d’arbustes pour donner son spectacle. Les représentations ont lieu au crépuscule et avant le lever du soleil. Il commence d’abord sa prestation (en anglais seulement) au sol. Un pint nasillard est répété de façon régulière durant 2 à 5 minutes. Il pivote sur lui-même et lance son appel dans toutes les directions. Puis il s’envole au-dessus de son aire de parade en décrivant des cercles. Il peut atteindre une centaine de mètres avant de commencer à redescendre en direction de son site de chant au sol. Il revient en volant en spirale, se laissant tomber comme une feuille morte. Il émet aussi un gazouillis (en anglais seulement) à l’aide des plumes de ses ailes lors de la descente. Un mâle s’accouple avec plusieurs femelles et ne s’occupe pas des petits.

Son plumage est un excellent camouflage!

Œufs de bécasse d'Amérique.

Œufs de bécasse d’Amérique.
© Gilles Champagne, Club des bécassiers.

La femelle installe son nid près du territoire de parade. Elle se confond parfaitement avec son milieu. Avec elle, le plumage rime avec camouflage. Elle pond quatre œufs de couleur chamois. Les jeunes quittent le nid quelques heures à peine après l’éclosion. Quelques jours plus tard, ils commencent à manger des vers de terre sous l’œil attentif de leur mère qui s’occupe seule de sa couvée. À l’approche d’un danger, la femelle joue la comédie. Elle fait semblant d’être blessée à l’envol, histoire d’attirer l’attention. Elle lance un cri d’alarme aux petits du genre Freeze! Ces derniers se figent alors sur place le temps nécessaire pour éloigner la menace.

La chasse à la bécasse d’Amérique au Québec!

Chasse à la bécasse d'Amérique.

Chasse à la bécasse d’Amérique. © Remi Ouellet.

La bécasse d’Amérique est un oiseau migrateur considéré comme gibier. Environnement et Changement climatique Canada est responsable de la gestion de cette espèce. Ce ministère réalise des inventaires pour connaître la situation de l’espèce et établit les règles relatives à la chasse de cet oiseau. Or, les bécasses d’Amérique étant des oiseaux de petite taille qui sont passés maîtres dans l’art du camouflage, il est très difficile de les dénombrer. Pour avoir une estimation de la taille des populations, on a recours à plusieurs techniques.

Au printemps, on compte le nombre de mâles chanteurs qui font leur parade à la brunante. Des bénévoles ont une route d’écoute de dix stations. Le dénombrement des mâles chanteurs fournit des informations importantes sur l’état des populations.

Baguage d’une bécasse d’Amérique.

Baguage d’une bécasse d’Amérique.
© Gilles Champagne, Club des bécassiers.

Il y a aussi un programme de baguage. Des volontaires, comme les chasseurs du Club des bécassiers du Québec et la Société Provancher , participent à cette activité. Un chien trouve le nid et les oisillons sont capturés et bagués. Si l’oiseau adulte est abattu par un chasseur, celui-ci contactera le gouvernement fédéral et fournira toutes les données demandées. Ce signalement peut se faire en ligne . Les renseignements obtenus sur les bagues par les chasseurs aident les biologistes à suivre les populations d’oiseaux et à établir les règlements de chasse d’une année à l’autre.

Pour chasser la bécasse d’Amérique, il faut obtenir son permis fédéral de chasse aux oiseaux migrateurs considérés comme gibier. Au Québec, il faut également avoir son permis provincial de chasse au petit gibier.

Prise de mesure d'une bécasse d'Amérique.

Prise de mesure d’une bécasse d’Amérique.
© Gilles Champagne, Club des bécassiers.

Les Européens sont friands de cette chasse. Ils viennent ici avec leurs chiens pour pratiquer cette activité. Oui, cette chasse se fait en équipe avec l’aide d’un chien! Les chiens d’arrêt, comme le pointer anglais et l’épagneul breton, vont débusquer l’oiseau au sol. La chasse à la bécasse se déroule dans les zones où poussent des aulnes et dans les friches parsemées de framboisiers et de ronces, sans parler des aubépines. Ce n’est pas facile d’y circuler et, sans l’aide de son compagnon canin, il est pratiquement impossible de trouver les bécasses.

Il paraît que…

  • Chaque année depuis 1988, la Fondation de la faune du Québec émet un timbre qui présente une espèce faunique. La bécasse d’Amérique a été choisie et illustrée par Claude Thivierge en 2014.
  • Noms de la bécasse d’Amérique en anglais : American woodcock, timberdoodle, Labrador twister, night partridge et bog sucker.

Pour en savoir plus…

Le Club des bécassiers du Québec

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Environnement et ressources naturelles