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Grand polatouche. © Phil Myers.

Pleins feux sur… les écureuils volants

Y a-t-il des écureuils volants au Québec? Eh bien oui! Nous avons deux espèces de polatouches (le vrai nom de l’écureuil volant) : le petit polatouche (Glaucomys volans) et le grand polatouche (Glaucomys sabrinus). De la même famille que l’écureuil gris (Sciurus carolinensis) et l’écureuil roux (Tamiasciurus hudsonicus), c’est un animal arboricole qui se déplace d’arbre en arbre en planant grâce à une membrane spéciale : le patagium. Rares sont ceux qui ont la chance d’en observer, car c’est un animal nocturne. Lis la suite pour en apprendre un peu plus sur ses incroyables capacités.

Un écureuil volant qui ne vole pas vraiment

Petit polatouche

Petit polatouche. © Phil Myers.

Je suis un polatouche mais on m’appelle communément écureuil volant. Il faut dire les choses comme elles sont. Bien que je sois un acrobate aérien, je ne vole pas vraiment. En fait, il existe un seul ordre de mammifères qui ont la capacité de voler et ce sont les chauves-souris. Celles-ci ont, tout comme les oiseaux, un vol actif. Ce qui veut dire qu’elles peuvent battre des ailes afin de développer une poussée et ainsi combattre la pesanteur. Dans mon cas, il s’agit plutôt d’un vol passif, communément appelé le vol plané.

On dit de moi que je suis un maître de la glisse. En effet, je peux facilement planer d’un arbre à l’autre sur une distance de 20 à 50 mètres, voire jusqu’à 80 mètres. C’est parce que je possède plusieurs caractéristiques qui font en sorte que je suis bien adapté à ce type de vol.

Des caractéristiques qui permettent au polatouche de planer

D’abord, je possède un patagium. Il s’agit d’une membrane de peau qui s’étend de mes poignets jusqu’à mes chevilles. Les chauves-souris aussi ont un patagium mais, dans leur cas, il est rarement poilu alors que le mien est recouvert de fourrure.

Par contre, je ne peux pas partir du sol et m’envoler comme les oiseaux le font. Je dois absolument entreprendre mon vol en hauteur. Lorsque je suis assez haut, à la cime d’un arbre par exemple, je m’élance et je saute dans le vide. Ensuite, j’écarte loin de mon corps mes pattes arrière et mes pattes avant afin de bien tendre mon patagium. D’ailleurs, l’articulation de mes poignets est légèrement modifiée afin de me permettre de mieux soutenir ma membrane lors d’un vol plané.

Vol plané d'un polatouche. © Claude Thivierge.

Vol plané d’un polatouche. © Claude Thivierge.

Cette membrane va donc agir comme surface portante comme le fait un parachute. Je n’ai plus qu’à manœuvrer vers l’endroit de mon choix : en général, un autre arbre. À ce moment, ma queue aplatie en forme de plume d’oiseau m’est très utile. En plus de me permettre de stabiliser mon vol, elle agit comme un gouvernail. Je peux ainsi manœuvrer habilement entre les arbres et même faire des virages à plus de 90 degrés.

Le vol plané me permet d’économiser énormément d’énergie lorsque je me déplace d’arbre en arbre à la recherche de nourriture. Il me permet aussi d’échapper efficacement à certains prédateurs terrestres.

À bien y penser, ne devrait-on pas plutôt m’appeler écureuil planant?

Au Québec, on trouve deux espèces de polatouches

Petit polatouche

Petit polatouche. © J.P. Myers.

Au Québec, on trouve deux espèces de polatouches. Le petit et le grand! Cette fois-ci, les scientifiques y sont allés simplement pour nous nommer. Le petit polatouche est en effet la plus petite des deux espèces : sa longueur totale fait entre 20 et 26 cm pour un poids qui varie de 46 à 85 g. Et moi, le grand polatouche, je mesure entre 25 et 37 cm pour un poids variant de 75 à 200 g. En réalité, je suis à peine plus grand que le petit polatouche et à peu près de la même taille que l’écureuil roux (de 28 à 35 cm et de 140 à 250 g).

Grand polatouche

Grand polatouche. © Phil Myers.

D’ailleurs, je fais partie de la même famille que les écureuils roux et les écureuils gris que tu connais bien, les sciuridés. Je suis arboricole, tout comme eux, mais il n’est pas rare que je sois au sol en quête de nourriture. D’ailleurs, mon alimentation est très variée : noix, glands, cônes de résineux, graines, fruits, bourgeons, écorces, champignons. Par contre, je suis plus carnivore que les autres écureuils; je mange régulièrement des insectes, des œufs et même des oisillons.

 

Un mode de vie nocturne

Grand polatouche. © Phil Myers.

Contrairement aux écureuils roux et aux écureuils gris qui sont diurnes et donc très actifs toute la journée, je suis nocturne et assez discret. Étant petit et très rapide, il est fort probable que tu n’aies jamais eu la chance de m’observer. Ce n’est pas parce que l’on ne me voit pas que je ne suis pas là. En effet, je fréquente les forêts mixtes et les forêts de conifères de presque tout le Québec. Le petit polatouche quant à lui préfère les forêts de feuillus que l’on trouve dans le sud de la province.

Grâce à mes grands yeux foncés, je peux voir parfaitement la nuit et ainsi échapper plus facilement à mes prédateurs, en particulier les oiseaux de proie nocturnes, comme les hiboux et les chouettes. Je suis aussi la proie des buses, des autours et des renards. Les chats domestiques sont également d’importants prédateurs de mon espèce.

Nid d'un polatouche

Nid d’un polatouche. © Phil Myers.

En hiver, tout comme les autres écureuils du Québec, je n’hiberne pas. Par contre, je suis moins actif l’hiver que le reste de l’année et j’utilise mes réserves de graines pour subvenir à mes besoins. D’ailleurs, pour me tenir au chaud durant l’hiver, il m’arrive souvent de me regrouper avec des congénères dans le trou d’un arbre (nid).

Il est assez difficile de faire la différence entre le petit et le grand polatouche. En réalité, seul un examen approfondi de la couleur de mon pelage ventral (blanc chez le petit et gris chez le grand) et de la forme de ma queue permet de distinguer correctement les deux espèces. C’est une identification que seuls des spécialistes peuvent confirmer.

Le temps des fêtes et l’observation d’écureuils volants

Temps des Fêtes

Temps des Fêtes.

Tu connais l’histoire de Rudolph, le petit renne au nez rouge? C’est lui qui a été choisi parmi tous les rennes du pôle Nord pour guider dans le ciel le traîneau du père Noël. Combien de fois as-tu regardé par la fenêtre dans l’espoir d’observer un troupeau de caribous volants en train de tirer un traîneau rempli de cadeaux? En cette période magique du temps des fêtes, le caribou n’est pas la seule espèce de mammifère que tu peux observer dans le ciel nocturne du Québec. Avec un peu de chance, tu pourrais observer un polatouche.

Garde l’œil ouvert lorsque tu sors la nuit en forêt et, on ne sait jamais, tu auras peut-être la chance de l’observer en train de planer d’un arbre à l’autre.

Il paraît que…

Phalanger volant

Phalanger volant. © J.P. Myers.

  • Ailleurs dans le monde, il existe d’autres espèces de mammifères planants (autres que les écureuils). Ils ont tous un point commun : ils possèdent aussi un patagium.
  • Les colugos, aussi appelés lémuriens volants, sont établis dans les forêts tropicales humides d’Asie du Sud-Est. Des études sur leur génétique ont permis de découvrir qu’ils sont étroitement associés aux primates.
  • Le phalanger volant (Petaurus breviceps) quant à lui est un petit marsupial de Nouvelle-Guinée et d’Australie. Les petits grandissent donc dans la poche ventrale de leur mère.

Pour en savoir plus…

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)