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Marmotte commune. © eliza28diamonds de Pixabay.

Pleins feux sur… l’hiver et la marmotte commune

Connais-tu l’expression « dormir comme une marmotte »? On dit que tu dors comme une marmotte quand tu dors si profondément que rien ne pourrait te réveiller, pas même l’alarme de ton réveille-matin ou l’odeur d’un bon déjeuner. Tu vois ce que je veux dire… On compare ainsi ton sommeil à mon état d’hibernation en hiver. Cette expression est utilisée depuis les tout premiers débuts de l’observation du comportement animal au Moyen Âge. Tu n’es donc pas le premier à être comparé à une marmotte.

L’hibernation de la marmotte commune. © Émilie Vanvonsem.

Je me présente : on m’appelle marmotte commune, ou Marmota monax pour les intimes. Pour tous ceux qui, comme moi, n’aiment pas l’hiver, je mène une vie de rêve : je passe mon été à manger et à me prélasser au soleil. J’adore réchauffer ma fourrure sur une pierre ou sur le sol chaud. Et je passe tout mon hiver à « dormir » d’un sommeil profond…

Première étape : faire des réserves!

Avec les températures froides de l’automne qui s’installe, j’ai besoin de plus en plus d’énergie pour maintenir la température de mon corps. Comme les autres mammifères et les oiseaux, je suis un endotherme : la température de mon corps dépend d’un mécanisme interne. Par opposition, les reptiles et les amphibiens sont des ectothermes : leur température corporelle varie grâce à des échanges avec leur environnement.

Malheureusement pour moi, l’herbe tendre qui compose majoritairement mon alimentation et qui me fournit l’énergie nécessaire à ma survie se fait de plus en plus rare à l’automne. Elle devient introuvable dès que les premiers flocons de neige tombent.

Marmotte commune. © Jean-Pierre Fillion.

J’ai donc dû m’adapter afin de survivre à l’hiver. Ma stratégie : « dormir » en boule dans un profond sommeil tout l’hiver et ne me réveiller seulement qu’au printemps, quand les températures chaudes reviennent pour faire pousser les végétaux dont je me nourris. Je ne suis pas la seule à adopter cette stratégie. Au Québec, le tamia rayé (Tamias striatus) et les souris sauteuses des bois (Napaeozapus insignis) et des champs (Zapus hudsonius) vont réellement hiberner comme moi. Certains autres mammifères comme l’ours noir (Ursus americanus), le raton laveur (Procyon lotor) et la moufette rayée (Mephitis mephitis) vont passer les semaines les plus froides à dormir à l’abri en ralentissant leur métabolisme. Les changements physiologiques qu’ils subissent sont loin d’être aussi importants que pour ceux qui, comme moi, sont de véritables hibernants. Je dors si profondément que si tu me trouves en hiver, tu pourrais presque croire que je suis morte…

Préparation à l’hibernation par la marmotte. © Centre d’interprétation du marais Oak Hammock.

Mais comment est-ce possible de rester vivante tout l’hiver sans me nourrir? C’est simple. Il faut d’abord faire des réserves. Durant toute la belle saison, je m’alimente sans modération. Je prends deux bons repas par jour pendant lesquels j’engloutis des végétaux durant près de 2 heures. Vers la fin de l’été, j’engraisse énormément. Je pèse normalement entre 2 et 5 kg, mais je suis un peu plus dodue à l’automne, et mon poids peut atteindre jusqu’à 7 kg.

Les graisses que j’accumule vont non seulement garder au chaud mes organes durant l’hiver et produire un peu de chaleur, mais elles vont aussi me fournir l’énergie nécessaire à maintenir mes besoins métaboliques de base.

Ensuite, réduire au minimum mes dépenses d’énergie

Afin de survivre jusqu’au printemps, je réduis au minimum les dépenses d’énergie; j’entre dans une espèce de léthargie. Mon rythme cardiaque peut descendre jusqu’à 4 ou 5 battements par minute, comparativement à de 80 à 130 battements par minute en temps normal. Je me contente d’irriguer mon cerveau, mon cœur et mes tissus adipeux. Mes activités cérébrales sont concentrées dans certaines zones seulement, entre autres pour maintenir mes fonctions autonomes comme la respiration.

D’ailleurs, ma consommation d’oxygène durant l’hiver est aussi très réduite. Ma respiration diminue considérablement; en moyenne, je respire environ 2 fois par minute, mais il m’est aussi possible de respirer seulement une fois toutes les 6 minutes. Ma température corporelle peut alors descendre jusqu’à 4 degrés Celsius; c’est ce qu’on appelle l’hypothermie. Habituellement, la température de mon corps est semblable à la tienne, soit près de 37 degrés Celsius en moyenne. C’est tout un exploit physiologique de pouvoir baisser ainsi la température de mon corps sans causer de dommage irréparable à l’ensemble de mes organes. C’est très différent pour toi! Si ta température interne descend sous les 28 degrés Celsius, certaines de tes fonctions vitales sont en danger. D’où l’importance de bien te vêtir quand tu vas jouer dehors.

Finalement, creuser un terrier pour être confortable tout l’hiver

Marmotte commune et son terrier. © Pierre Bernier.

Pour conserver le maximum de chaleur, je dors en petite boule! Je commence à hiberner dès les premiers gels, généralement en octobre, selon les années et les régions. Mon état de sommeil profond dure environ 5 mois. Il est donc très important que je me trouve un endroit confortable où dormir. Étant un habile fouisseur, je creuse de vastes terriers. Mon terrier d’été a généralement plusieurs entrées et plusieurs pièces : salle de toilette, salle à manger, salle de repos. Dès l’automne, je quitte mon terrier d’été, qui est généralement dans une prairie, pour un endroit m’offrant un peu plus de protection, près des arbustes et des broussailles. Mon terrier est plus profond en hiver, généralement sous le niveau du gel. Afin d’être à l’abri des prédateurs, l’entrée est généralement cachée par une grosse pierre ou une racine.

La marmotte commune appartient à l’ordre des rongeurs

Marmotte commune. © Michel Fougère.

Je mesure de 40 à 65 cm, incluant ma petite queue touffue. Mes oreilles sont arrondies. Ma fourrure est généralement brune, mais le brun peut varier de très pâle (jaunâtre) à très foncé (rougeâtre) selon les individus et la région dans laquelle je vis. Certains de mes congénères peuvent aussi être totalement noirs ou totalement blancs. On dit qu’ils sont atteints de mélanismeMélanisme : production anormalement élevée de pigments noirs. ou d’albinismeAlbinisme : absence de production de mélanine : le pigment qui colore la peau, les cheveux et les poils..

Mes pattes avant sont munies de quatre griffes très bien adaptées pour creuser un terrier.

Je suis un mammifère appartenant à l’ordre des rongeurs. Le castor du Canada (Castor canadensis), les écureuils et les porcs-épics d’Amérique (Erethizon dorsatum) sont dans le même ordre que moi. Je fais partie de la famille des sciuridés. On me connait aussi sous le nom de siffleux. Pour avertir mes semblables qu’un danger approche, j’émets un sifflement d’alerte semblable à celui-ci.

Marmotte commune. © Michel Mongeon.

D’ailleurs, en cas de menace, je me cache dans mon terrier. La fuite est très rarement envisageable, car je ne suis pas très rapide, ma vitesse maximale étant autour de 15 km/h. Un chien me rattraperait facilement, car il peut courir à plus de 30 km/h sans problème. Je n’ai pas la fibre exploratrice très développée. À moins que l’alimentation se fasse rare, je m’éloigne rarement à plus de 100 mètres de mon terrier.

Je suis constamment en alerte sur mes deux pattes arrière, car on ne sait jamais d’où peut venir le danger. Mes prédateurs principaux aujourd’hui sont le renard roux (Vulpes vulpes), le coyote (Canis latrans) et le chien (Canis lupus familiaris). Je suis aussi la proie occasionnelle du loup (Canis lupus), du lynx du Canada (Lynx canadensis) et de l’ours, bien qu’ils soient peu fréquents dans mon milieu de vie. Je peux aussi être la proie de certains oiseaux; une buse pourrait facilement s’attaquer à un de mes petits. Les agriculteurs me considèrent parfois comme un animal importun, car je mange une partie de leur récolte, et les tas de terre que je fais lorsque je creuse mon terrier nuisent aux travaux dans les champs.

La marmotte commune est… commune en Amérique du Nord!

Petits de la marmotte commune. © Sharon Chester, CalPhotos.

Je suis principalement herbivore : je consomme une variété de fleurs sauvages (comme les pissenlits) mais aussi des plantes cultivées comme le trèfle et la luzerne. Tout comme toi, j’adore les légumes! J’ai une préférence pour les betteraves, les pois, les fèves, la laitue et les courges. Je me délecte des légumes feuilles que tu me fais pousser dans ton jardin. Pour atteindre mon but, je peux facilement grimper une clôture de un mètre et je suis très habile à creuser. Au printemps, je mange de l’écorce et des petites branches. Il m’arrive aussi parfois de manger des insectes, des escargots et des oisillons.

Je suis diurne et je suis principalement active à l’aube ou à la brunante. C’est à ce moment que l’on peut m’observer.

J’habite généralement dans un milieu ouvert : clairières, champs, prairies, pâturages, pentes rocheuses et sablonneuses. Contrairement à un autre rongeur bien connu du Canada, le castor, j’évite les zones humides. J’aime bien être au sec. Malheureusement, le bord des autoroutes, les routes de campagne et les voies ferrées sont des milieux ouverts qui me procurent toute l’alimentation dont j’ai besoin, mais qui peuvent aussi être très dangereux pour moi.

Je suis assez commune et répandue en Amérique du Nord : le déboisement et l’agriculture pratiqués par l’humain ont grandement contribué à me créer des habitats propices. J’ai su tirer profit de l’activité humaine.

Le 2 février est le « Jour de la marmotte »

Merv la marmotte en peluche du Manitoba. © Centre d’interprétation du marais Oak Hammock.

Un jour de l’année porte mon nom : depuis plus de 100 ans, aux États-Unis et au Canada, le 2 février est le «Jour de la marmotte». À mon réveil au printemps, la tradition populaire veut que si je vois mon ombre à la sortie de mon terrier, l’hiver se prolongera encore pendant 6 semaines. Si je ne vois pas mon ombre, le printemps sera précoce et je pourrai rapidement sortir de mon hibernation et reprendre mes activités. Mais dans les faits, surtout dans nos régions, je sors rarement de mon hibernation avant le mois de mars. Sans aucun doute, le printemps se fera donc attendre encore un peu.

C’est une marionnette qui prédit l’arrivée du printemps au Manitoba depuis plus de vingt-cinq ans. Il est surprenant de constater que son taux de réussite est de 98 %.

Il paraît que…

  • Fred est la marmotte officielle du Québec.
  • Phil, la marmotte de Punxsutawney (Pennsylvanie), est la plus célèbre de toutes.
  • En Ontario, la marmotte est Willie.
  • En Nouvelle-Écosse, elle se nomme Shubenacadie Sam.
  • Balzac Billy représente l’Alberta.
  • Merv est la marmotte prédicatrice du Manitoba.

Pour en savoir plus…

Faune et flore du pays

Radio Télévision Suisse