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Triton vert juvénile ou « elfe rouge ». © J. Carmichael.

Pleins feux sur… l’hiver et le triton vert

Triton vert adulte.
© Jean-François Desroches.

L’automne est arrivé depuis plusieurs semaines déjà. Il est temps pour toi de sortir ton manteau, ta tuque et des gants pour te tenir au chaud. Les animaux aussi réagissent aux changements de saison : certains oiseaux migrent vers le sud alors que certains mammifères hibernent. Dans les deux cas, ils ont des poils et des plumes pour se protéger. Mais qu’en est-il des amphibiens avec leur mince peau? Je t’invite à faire la connaissance du triton vert (Notophthalmus viridescens) afin de découvrir ce que ce petit animal fait en hiver. 

Un amphibien très discret

Triton vert. © James Harding, CC3.

Malgré que je sois une espèce commune et abondante au Québec, tu n’as peut-être jamais entendu parler de moi, le triton vert. Ma nature discrète contribue grandement au fait que je sois autant méconnue. Pourtant, j’ai un cycle de vie complexe et super intéressant.

Mais d’abord, laisse-moi me présenter un peu. Je fais partie de la classe des amphibiens comme les grenouilles, les rainettes et les salamandres. Ce qui caractérise ma famille, tout comme les reptiles d’ailleurs, c’est que je suis un ectotherme, ce qui veut dire que je ne produis pas ma propre chaleur. Simplement dit, je ne contrôle pas ma température interne, mais je vais prendre la température de l’eau ou de l’air qui m’entoure.

À l’approche de l’hiver, des stratégies variées chez les amphibiens

Alors que puis-je faire à l’approche de l’hiver lorsque la température de l’air et l’eau qui m’entoure baisse significativement? Eh bien, chaque espèce d’amphibien a sa stratégie. Ainsi, la grenouille des bois se transforme en « frogsicle » alors que 65 % de l’eau de son corps gèle. Pour en apprendre plus sur la stratégie de la grenouille des bois, consulte la capsule Pleins feux sur… la grenouille des bois et ses adaptations pour survivre à l’hiver. Par contre, la plupart des amphibiens vont entrer en hibernation. Leur stratégie : réduire considérablement leur métabolisme et se mettre à l’abri du froid. Mais il y en a d’autres qui, comme moi, vont braver le froid et demeurer actifs tout l’hiver.

Triton vert juvénile ou « elfe rouge ». © Jean-François Desroches.

En fait, ce sont seulement certains individus de mon espèce qui sont actifs tout l’hiver. Il s’agit des adultes qui sont dans la phase aquatique de leur cycle de vie. Les juvéniles eux passent l’hiver en hibernant dans la litièreLitière : ensemble des feuilles mortes et débris végétaux en décomposition qui recouvrent le sol. de la forêt.

Eh oui, tu as bien compris, les jeunes et les adultes ne passent pas l’hiver au même endroit. C’est un peu comme si tu passais tout l’hiver tranquille dans ta chambre du sous-sol, en limitant au maximum tes dépenses énergétiques. Pendant ce temps, tes parents sont constamment actifs et doivent pelleter l’entrée pour aller se procurer de la nourriture. Hum! Finalement, mon cycle de vie ressemble peut-être un peu au tien!

Le cycle de vie du triton vert

Triton vert : métamorphose en juvénile. © Martin Savard.

Mon cycle de vie commence au printemps; c’est le début de la période de reproduction qui a lieu sous l’eau. Après la ponte, la femelle attache ses œufs sur la végétation submergée. Les œufs éclosent durant l’été et les larves vont passer tout l’été dans le milieu aquatique. C’est seulement à la fin de l’été que les larves se métamorphosent en juvéniles, alors que leurs pattes se développent progressivement.

« Elfe rouge », c’est ainsi que l’on m’appelle à ce moment. Et avec raison! À ce stade, la couleur de ma peau est rougeâtre et j’ai sur le dos des points rouges encerclés de noir. C’est mon stade de vie terrestre : pendant de un à trois ans, je vais rester en forêt et me nourrir de divers invertébrés terrestres.

« Elfe rouge » (triton vert juvénile) capturé avec une seine de rivage lors de pêches pour un cas d’expertise. © Lara Ouellette-Plante.

Mais malgré ma couleur vive, on a rarement la chance de m’observer. En effet, à ce stade, je suis nocturne. De plus, pour augmenter les chances de me trouver, il faut sortir se promener pendant les nuits pluvieuses d’été.

Dès le début de l’automne, j’ai besoin de faire rapidement des réserves. Les juvéniles de mon espèce hibernent dans le sol forestier, à l’abri du gel. Pendant notre hibernation, nous allons réduire considérablement notre métabolisme afin de survivre avec nos réserves.

 

Un retour au mode de vie aquatique

Après quelques années passées en forêt, je me transforme en adulte. À ce moment, je vais complètement changer de couleur. Mon ventre devient jaune avec des points noirs et mon dos devient verdâtre avec des points rouges encerclés de noir. C’est à ce moment que je retourne à un mode de vie aquatique.

Triton vert adulte. © Martin Savard.

Les adultes vivent presque toute leur vie dans les eaux peu profondes des lacs et des étangs. Par contre, le lac doit être suffisamment profond pour ne pas geler complètement en hiver. J’ai besoin d’eau libre pour nager activement. Que ce soit le jour ou la nuit, il n’est pas rare de voir un adulte de mon espèce se déplacer en nageant sous la glace en hiver.

Comment est-ce possible? L’eau sous forme liquide que l’on trouve sous la glace est froide, mais elle n’est pas gelée. En augmentant la capacité de mes muscles grâce à des enzymes, il est possible de compenser les effets du froid sur mon corps. Je peux donc me déplacer sans problème à la recherche d’insectes et de petits mollusques dont je raffole.

Il paraît que…

  • Les points rouges sur la peau du triton vert sont un avertissement pour les prédateurs. Ce dernier possède des glandes cutanées (sur la peau) qui produisent des sécrétions très toxiques.
  • Les juvéniles sont encore plus toxiques que les adultes, probablement dix fois plus toxiques. Leur couleur rouge prévient les prédateurs.

Pour en savoir plus…

Atlas des amphibiens et des reptiles