Pleins feux sur… la pêche à la ouananiche
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean n’est pas seulement réputé pour ses bleuets et ses tourtières. Un poisson fait aussi sa fierté et en est son emblème depuis 1988! Sa présence a même valu à cette région le surnom de… « royaume de la ouananiche ».
La ouananiche, un saumon?
La ouananiche (Salmo salar, forme dulcicole) et le saumon atlantique (Salmo salar) appartiennent à la famille des salmonidés tout comme l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) et le touladi (Salvelinus namaycush). Le saumon atlantique est anadrome; il se reproduit en eau douce dans la rivière où il est né, mais passe la majeure partie de sa vie en mer (eau salée). La ouananiche, qui est la forme dulcicole du saumon atlantique, passe la totalité de son cycle vital en eau douce. Elle vit en lac et retourne dans sa rivière d’origine pour frayer.
On raconte d’ailleurs que la ouananiche serait à l’origine, un saumon atlantique qui s’est trouvé prisonnier des eaux douces du nord-est de l’Amérique, il y a des millions d’années à la fin d’une ère glaciaire. En se retirant, les glaces ont modifié le réseau hydrographique, le saumon atlantique n’a donc pu retourner dans l’océan Atlantique Nord. Cette particularité serait à l’origine de son nom anglais « landlocked atlantic salmon » (saumon atlantique enfermé dans le continent).
La pêche à la ouananiche et la région des bleuets!
C’est au lac Saint-Jean que se rencontre la plus grande population naturelle de ouananiches au monde! La pêche de ce salmonidé était et est encore très populaire dans cette région, à ce point qu’en 1888 un Américain a construit un luxueux hôtel d’au moins 150 chambres à Roberval. Cet hôtel était réservé aux riches pêcheurs du monde entier venus capturer ce poisson. Mais la ouananiche ne se pêche pas seulement dans cette région. « Cette activité sportive se pratique également sur la Côte-Nord, dans l’Ungava, en Estrie et à Montréal, mais elle y compte moins d’adeptes », indique Rémi Aubin, conseiller et chroniqueur de pêche au Saguenay―Lac-Saint-Jean. Les ouananiches des rivières de la Côte-Nord et de l’Ungava sont des populations naturelles et celles de Montréal et de l’Estrie sont ensemencées.
Peu importe la région, une chose est sûre : la ouananiche nage dans les lacs et les rivières aux eaux froides et oxygénées. Elle apprécie les embouchures des ruisseaux où se rencontrent les éperlans arc-en-ciel (Osmerus mordax), sa nourriture préférée. « Dès la fonte des glaces, vers la mi-avril, la ouananiche se tient plus près de la surface parce qu’elle est affamée et l’eau y est encore froide. C’est le moment parfait pour la capturer », explique M. Aubin. En été, elle se dirige vers les profondeurs où l’eau est demeurée plus froide. « Pour le pêcheur, c’est une autre paire de manches, car la capture de ce poisson exige beaucoup de techniques et de patience », ajoute-t-il.
Et de la patience, il en faut! C’est un poisson méfiant et sélectif qui ne mord pas facilement. Mais quand il mord, attention! C’est un vrai prédateur qui bondit sur ses proies pour les capturer. « Comme le saumon atlantique, la ouananiche possède des qualités de batailleur, cependant elle se capture plus facilement. De nos poissons d’intérêt sportif du Québec, c’est le plus combatif après l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieu). Capturer une ouananiche reste un grand défi pour les pêcheurs », précise Yves Laroche, guide de pêche professionnel à la ouananiche au Lac-Mégantic.
Comment la capturer?
Mais comment se capturer ce salmonidé? En général, à la traîne ou à gué au lancer léger. « Pour la première technique, laisse ta ligne à l’eau pendant que l’embarcation se déplace à une vitesse d’environ 3 km/h. Pour la seconde technique, à partir d’un endroit peu profond d’un cours d’eau, lance ta ligne à l’eau et donne-lui de petits coups en la ramenant vers toi », décrit le guide Yves Laroche. « Durant la saison estivale, plombe ta ligne pour que ton hameçon et ton leurre descendent au fond de l’eau ».
Et parlant de leurres, lesquels suggère-t-on d’utiliser? Les cuillères bleues, argent, or, orange fluorescent ou d’une combinaison de ces couleurs feront l’affaire. Les poissons nageurs sont aussi à conseiller, car ils imitent l’éperlan. « Dans les eaux claires, les poissons nageurs argent attirent l’attention de la ouananiche alors que l’orange fluorescent est à utiliser en eaux troubles », conseille Rémi Aubin.
La ouananiche se capture en vertu du permis de pêche ordinaire. La limite de prise varie de un à quatre spécimens. Pour connaître la limite de prises dans ta région, consulte la réglementation sur la pêche sportive. Même si la pêche à la ouananiche demande de la patience, ne te décourage pas et imagine la joie de la déguster en famille. L’important, c’est de s’amuser, non?
Il paraît que…
- La plus grosse ouananiche a été capturée à Terre-Neuve, au lac Lobstick. Le spécimen pesait 10,31 kg. En moyenne, une ouananiche pèse 1,35 kg!
- Le mot « ouananiche » tire son origine de la langue montagnaise et s’écrit « unanich ». Plusieurs interprétations ont été données par certains auteurs comme « le petit égaré » ou « celui qui se trouve partout ». Toutefois, rien n’indique que ces interprétations soient vraies.
- Un programme de recherche a débuté en 1995 afin de documenter la biologie de l’éperlan arc-en-ciel du lac Saint-Jean et l’importance de cette espèce pour la ouananiche. Les résultats obtenus à ce jour, ont permis d’établir que l’abondance de l’éperlan arc-en-ciel est un élément primordial pour la croissance des ouananiches du lac Saint-Jean. Les variations de l’abondance de l’éperlan arc-en-ciel ont des incidences non seulement sur la croissance de la ouananiche, mais aussi sur sa survie.