Pleins feux sur… le piégeage du castor du Canada
Quel est le lien entre Lucky Luke, Indiana Jones, Radisson et la Gendarmerie royale du Canada? Tu donnes ta langue au chat? Attends, pas si vite, laisse-moi te donner un indice : plutôt que de la donner au chat, tu devrais plutôt la donner… au castor du Canada (Castor canadensis)! En effet, encore aujourd’hui, la fourrure du castor demeure la fibre de base pour la fabrication de tout chapeau en feutre de qualité, du genre de ceux que portent justement nos héros bien coiffés…
Tu as l’âme d’un coureur des bois, l’esprit d’aventure? Tu préfères être dehors plutôt que devant le petit écran. Aimes-tu circuler en motoneige et en raquettes? Si, en plus de répondre oui à ces questions, tu es responsable et consciencieux, tu cherches à relever des défis et tu aimes manipuler du matériel, eh bien, tu as le profil idéal du trappeur!
Pas si facile le piégeage!
Au Québec, chaque année, près de 8 000 personnes achètent leur permis de piégeage pour tenter d’être plus rusées que le renard, euh… que le castor du Canada. Saurais-tu tendre les pièges sans t’y prendre les doigts? Pas évident… car ne s’improvise pas trappeur qui le veut! Même si le piégeage est une activité traditionnelle et que tu te crois bien malin, tu dois d’abord suivre une formation afin d’obtenir ton certificat et les permis nécessaires selon les espèces que tu souhaites capturer.
Trapper, ce n’est pas facile. Tu dois être bien organisé, avoir une excellente connaissance de ton territoire, savoir lire une carte topographique, savoir repérer les pistes et les signes laissés par les animaux et choisir les endroits propices pour installer tes pièges. Aujourd’hui, les pièges utilisés légalement sont modernes et ils doivent satisfaire aux normes internationales de piégeage sans cruauté (ANIPSC). En plus, c’est une chose que de capturer le castor, mais le travail ne s’arrête pas là. Il faut ensuite apprêter la fourrure. La valeur de la peau sera en partie déterminée par la qualité de ton travail. Tu devras écorcher, dégraisser et sécher la peau.
Le castor du Canada et la fabrication de leurres
Le castor du Canada possède deux paires de glandes près de l’anus : les tondreux et les huileux. Les tondreux sécrètent une substance, le castoréum, qui sert de moyen de communication entre les castors. La seconde paire de glandes, les huileux, est plus petite et sécrète une huile qui se répand sur la fourrure par des pores microscopiques. Le castor du Canada étend soigneusement cette huile sur tout son pelage avec ses pattes antérieures avant de finir de le brosser avec ses membres postérieurs. Le castor s’assure ainsi d’imperméabiliser sa fourrure.
Le trappeur les utilise pour préparer un leurre olfactif qui sert à attirer d’autres espèces.
La recette est simple :
1. Geler 4 tondreux, puis les couper en lanières et passer ces lanières dans le hachoir à viande.
2. Au mélange ainsi obtenu, ajouter un volume égal d’huile minérale et mélanger le tout pour obtenir une pâte.
3. Ajouter le contenu des huileux.
4. Garder la pâte ainsi obtenue dans un contenant hermétique.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser un pince-nez mais, n’emploie surtout pas le hachoir à viande de tes parents!
Pour souper, pourquoi pas un rôti de castor?
Il paraît que…
- Il y a bien longtemps, lorsqu’un navire chargé de fourrures arrivait en France, un représentant du gouvernement montait à bord afin d’inspecter la qualité de celles-ci. Les ballots approuvés étaient alors remis aux marins avec l’ordre de les mettre « au quai ». Cette expression a d’ailleurs donné naissance au terme « O.K. », utilisé universellement pour exprimer l’approbation.
- En Amérique du Nord, à l’époque, le castor du Canada possédait une valeur commerciale bien déterminée. Quatre peaux de castor permettaient d’obtenir une couverture, alors qu’avec douze, on obtenait un fusil. Une seule peau pouvait s’échanger contre une bouilloire en laiton, 2 livres de tabac du Brésil ou 20 hameçons en acier.
- Entre 1625 et 1642, on croyait qu’en massant le cuir chevelu avec de l’huile de castor, on pouvait développer une mémoire phénoménale. La croyance populaire voulait aussi qu’une personne sourde puisse recouvrer l’ouïe en portant un chapeau de castor.