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Lynx du Canada. © Luc Farrell.

Pleins feux sur… le piégeage du lynx du Canada

Tu marches sur l’épaisse couche de neige dans la forêt boréale. Autour de toi, les geais bleus (Cyanocitta cristata)  font entendre leur cri d’alarme. Que se passe-t-il? Tu es aux aguets et, tout à coup, tu crois percevoir un grognement… Quel est donc l’animal qui peut émettre un tel son?

Un félin ou un loup?

Deux jeunes lynx du Canada.
© Luc Farrell.

Tu donnes ta langue au chat? En passant, le mot « chat » peut t’aider, car l’animal fait partie de la même famille. Tu ne trouves toujours pas? Je te donne la réponse : le félin se nomme « lynx », un mammifère carnivore recherché pour sa fourrure et sa viande.

Quel est l’autre nom du lynx du Canada (Lynx canadensis)? Le loup-cervier. Ce surnom lui est attribué parce que ses hurlements ressemblent à ceux du loup et que certains prétendent qu’il pourrait chasser parfois de jeunes cervidés.

Ce mammifère est de la taille d’un gros chat. Parlant de matous, un autre félin sauvage, le lynx roux (Lynx rufus), occupe aussi le territoire québécois. Pour ne pas confondre le lynx du Canada avec son cousin le lynx roux, il faut observer les oreilles, la queue et les empreintes.

Principales différences entre le lynx du Canada et le lynx roux. © MELCCFP.

Un chat à grosse pattes!

Lynx du Canada. © Luc Farrell.

Le lynx du Canada possède de longues pattes avec des coussinets très larges et poilus qui lui servent de raquettes pour ne pas s’enfoncer dans la neige. Elles lui permettent également de se déplacer sans bruit. Ses pattes arrière sont légèrement plus longues, ce qui lui donne son allure inclinée. Il est en fait un véritable modèle de course!

Il est donc bien adapté pour courir derrière le lièvre d’Amérique (Lepus americanus), sa proie principale. Un lynx consomme en moyenne de 170 à 200 lièvres par année! Durant l’hiver, le lièvre constitue au moins 60 % de son menu et parfois même 90 %. Il faut donc beaucoup de lièvres pour assurer la survie du lynx. Ce prédateur et sa proie sont intimement liés.

 

Un prédateur et une proie étroitement liés!

Le lynx du Canada et le lièvre d’Amérique ont un autre point commun : ces deux espèces sont fort recherchées. Le lynx est un animal à fourrure prisé des piégeurs, qui consomment aussi sa chair. Le lièvre est un petit gibier très populaire auprès des chasseurs, qui le capturent au collet durant l’hiver.

Lynx du Canada et sa principale proie, le lièvre d’Amérique. © MELCCFP.

C’est d’ailleurs grâce aux données sur les ventes de fourrures de lynx que, dès les années 1800, les biologistes ont remarqué un cycle pour cette espèce. Des chercheurs ont étudié ce phénomène pour découvrir que le lièvre avait lui aussi un cycle. Il n’en fallait pas plus pour faire le lien entre les deux et établir un cycle lièvre-lynx.

Le lièvre a un cycle de 10 ans, à l’intérieur duquel il y a des moments où les lièvres sont très abondants et d’autres où les lièvres se font rares. Rappelle-toi que le lièvre est la principale proie du lynx.

En période de disette, la femelle du lynx est plus faible; elle a alors une portée moins nombreuse. De plus, dans une telle situation de famine, les jeunes lynx survivent difficilement. Il y a donc une baisse importante du nombre de lynx. Lorsque le lièvre redevient plus abondant, tu devines ce qui se produit? La femelle est en meilleure santé, a des portées plus nombreuses et les chatons ont plus de chance de survivre.

Pendant les périodes de déclin, on a cherché à ajuster la réglementation de récolte en fonction de son cycle de vie.

Graphique décrivant le cycle des populations de lynx du Canada et de lièvre d’Amérique. © MELCCFP.

Le carnet du piégeur : un outil important pour la gestion des animaux à fourrure!

Les piégeurs contribuent à fournir des données essentielles aux biologistes. Ils ont un carnet à remplir et ils doivent le retourner aussitôt que leur saison de piégeage est terminée. Dans ce carnet, ils indiquent le nombre de captures et de pièges utilisés chaque jour où les pièges sont tendus. Pour chacune des captures, ils précisent si l’animal est un jeune de l’année ou un adulte. Les informations contenues dans ce carnet permettent d’améliorer nos connaissances sur les animaux à fourrure et de mieux gérer cette ressource.

Il paraît que…

  • Pour reconnaître un piège certifié ANIPSC, il doit avoir un des ces logos. © MELCCFP.

    Contrairement à ce que l’on croit, l’expression Avoir des yeux de lynx n’a rien à voir avec l’animal. Elle est plutôt liée à l’histoire de Lyncée, un personnage de la mythologie grecque. Il était l’un des Argonautes partis conquérir la Toison d’or. Il avait, paraît-il, une vue extraordinaire qui lui permettait de voir jusqu’au centre de la Terre.
  • En général, on utilise les collets pour capturer le lynx du Canada.
  • Tous les pièges utilisés doivent satisfaire aux exigences de l’Accord sur les normes internationales de piégeage sans cruauté (ANIPSC). Depuis 2007, ils sont CERTIFIÉS. La certification est obtenue par l’entremise de l’Institut de la fourrure du Canada. Il revient aux fabricants de pièges de demander la certification.

Pour en savoir plus…

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) 

Faune et flore du pays

Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec