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Tourtes voyageuses juvénile, mâle et femelle.

Pleins feux sur… la tourte voyageuse, une espèce disparue, et la tourtière, un mets bien connu!

Tourte voyageuse.

Tourte voyageuse. © Hayashi et Toda.

Le temps des Fêtes approche et ça sent la bonne tourtière dans la cuisine. Mais au fait, de quelle tourtière s’agit-il? Est-ce la vraie, celle du Lac-Saint-Jean? Est-ce une tourtière de Saint-Jovite, de l’Île d’Orléans, de Rigaud, de l’Outaouais? Est-ce une tourtière au porc, au veau, au lièvre, à la perdrix, à l’orignal? Ouf, il y a autant de recettes que de régions! Au Lac-Saint-Jean seulement, on trouve une quinzaine de versions différentes de « l’authentique » tourtière. Mais une chose est certaine, la tourtière d’aujourd’hui ne contient plus de la tourte voyageuse. Elle est disparue; pas la tourtière, la tourte…

La tourte voyageuse était l’espèce d’oiseaux la plus abondante sur la Terre au XIXsiècle! Elle se trouvait seulement chez nous, en Amérique du Nord. On a estimé que sa population était de trois à cinq milliards! Cette espèce, Ectopistes migratorius, est aujourd’hui disparue de la planète. Il y a maintenant plus de 100 ans, le 1er septembre 1914, la dernière tourte voyageuse, une femelle surnommée Martha, s’est éteinte au zoo de Cincinnati en Ohio. Elle était âgée de 25 ans. Comment expliquer une telle disparition en si peu de temps? Que savons-nous de cette espèce?

La tourte voyageuse était une grande… voyageuse!

Ectopistes signifie en grec « voyageur » et migratorius veut dire « migrateur ». La tourte était une grande voyageuse et ses mouvements ne passaient pas inaperçus! Les tourtes se déplaçaient en immenses groupes lors de la migration. Oiseau au vol puissant, la tourte pouvait atteindre près de 100 km/h en vol. Les tourtes avaient de la facilité à vivre en gros groupe. En se déplaçant en grand nombre dans les airs, elles couvraient beaucoup de territoire à la fois et pouvaient repérer plus rapidement et plus facilement les endroits où elles pouvaient se nourrir et se reproduire.

Aire de répartition de la tourte voyageuse. .

Aire de répartition de la tourte voyageuse. © Birds of North America Online – Cornell Lab of Ornithology adaptée de Schrogeg, A. W. 1955. The Passenger Pigeon: its natural history and extinction. University of Wisconsin Presse, Madisson.

La tourte nichait en immenses colonies dans les forêts feuillues, de chênes et de hêtres de l’est de l’Amérique du Nord. La plus grande colonie jamais observée se trouvait au Wisconsin. En 1871, elle couvrait 2 200 km2 et on estima à 135 000 000 le nombre d’adultes l’occupant. Après leur passage, les tourtes laissaient derrière elles des scènes de désolation. Dans la forêt, les fientes couvraient les branches et s’accumulaient au sol, ce qui s’avérait fatal pour les arbres. Sans parler de la chute des arbres qui pouvait en tuer des centaines. La tourte ne produisait qu’un ou deux oisillons et elle abandonnait les jeunes vers l’âge de 2 semaines, avant même leur premier envol. Après la nidification, les oiseaux se dispersaient en bandes. Jeunes et adultes vivaient en groupes distincts jusqu’à l’automne. Ce sont ces groupes qui étaient observés au Québec. Ils se retrouvaient à l’automne pour la migration vers le sud.

La tourte était aussi appelée le pigeon voyageur. Il y avait donc parfois de la confusion avec le pigeon biset (Columba livia). Ce sont deux espèces différentes. Le pigeon biset est un oiseau originaire d’Europe, domestiqué et introduit en Amérique du Nord au XVIIe siècle. La tourte ressemblait à une tourterelle triste (Zenaida macroura), espèce toujours présente au Québec, mais de plus grande taille (41 cm chez les mâles, 35 cm chez les femelles). C’était un oiseau fort élégant.

 

Pigeon biset.

Pigeon biset. © Andreas Trepte.

Tourterelle triste.

Tourterelle triste. © Richard Prévost.

La tourte était une espèce indigène d’Amérique du Nord et elle occupait le continent en grand nombre. On mentionne que sa population pouvait compter jusqu’à 5 milliards d’individus. La tourte habitait tout l’est de l’Amérique du Nord jusqu’à la baie d’Hudson et à l’ouest jusqu’aux Prairies.

Pour comprendre son histoire, il faut faire un retour dans le temps

La tourte voyageuse est l’espèce éteinte pour laquelle nous possédons le plus d’information en Amérique du Nord. Les données historiques comptent une foule de témoignages indépendants.

La première mention de la tourte est celle de Jacques Cartier, sur l’île du Prince-Édouard en 1534.

En 1605, Champlain en vit une grande quantité dont il fit provision sur les îles du Maine.

En 1636, dans les écrits des Relations des Jésuites, il est question des Hurons et de leur culte aux morts. Les âmes quittant le cimetière sont transformées en tourtes qui seront poursuivies dans les bois avec des arcs et des flèches et seront mises à griller et mangées.

En 1662-1663, l’abondance de la tourte est mentionnée de même que les dommages causés aux récoltes par les oiseaux et leur chasse par les paysans qui les consomment. En 1686, elles sont même excommuniées par le prêtre!

La tourte voyageuse.

La tourte voyageuse. © Phil Myers.

En 1672, Nicolas Denys de Gaspé mentionne qu’il y a d’innombrables oiseaux qui viennent se nourrir de framboises.

Le 22 juin 1710, à Montréal, l’intendant Antoine-Denis Raudot a signé une ordonnance  qui défendait à ceux qui allaient à la chasse aux tourtes d’entrer dans les terres ensemencées de blé, pois et autres grains.

Le 10 mai 1748, l’intendant Hocquart défendait de chasser les tourtes sur la terre de J.-B. Hervieux à la Pointe-aux-Trembles, à cause des dommages que l’on causait aux bois et aux semences.

En 1749, le naturaliste suédois Pehr Kalm écrivait lors de son passage au Québec : « Pigeons sauvages. Les Français les appellent Tourte; ils disent qu’en été les grandes forêts et terres vierges d’ici en renferment une quantité infinie et que ces oiseaux font leurs nids dans les arbres; ils en obscurcissent le ciel; dès qu’il commence à faire froid, ils quittent cette région en direction du sud et l’on n’en rencontre plus ici avant le printemps suivant ».

John James Audubon en 1826.

John James Audubon en 1826.

En 1810, l’ornithologue d’origine écossaise Alexander Wilson fait une description de la migration des oiseaux aux États-Unis. Il estima à 2 230 272 000 le nombre d’individus dont le passage dura trois heures.

Un autre naturaliste, John J. Audubon, décrivait un passage semblable à celui observé par Alexander Wilson. En 1813, il observa une migration d’oiseaux continue pendant trois jours. Il a réalisé une peinture d’un couple de tourtes (En anglais seulement) .

Un article paru dans La Gazette de Québec du 29 juin 1815 mentionne : « Les résidents de Québec furent surpris, la semaine dernière, par des troupes de tourtes volant dans les rues et atterrissant dans les arbres, sur les maisons et les remparts de la ville. Elles venaient de la Pointe de Lévy; c’étaient toutes des jeunes à peine capables de voler. Malgré le règlement, l’occasion était trop belle pour les sportsmen de la ville, et, comme il fallait s’y attendre de la part de tels tireurs d’élite, les passants furent atteints presque aussi souvent que les tourtes. » 

En 1860, plus d’un milliard de tourtes ont survolé la ville de Toronto.

Toile représentant la tourte voyageuse réalisée par le peintre John James Audubon.

Toile représentant la tourte voyageuse réalisée par le peintre John James Audubon. © John James Aududon (1785-1851), courtoisie: Toronto Public Library.

En 1866, King donne une description du passage de tourtes qui durera 14 heures dans les environs du Niagara. La volée d’oiseaux faisait treize kilomètres de long.

Le Naturaliste canadien est une revue scientifique canadienne de langue française créée par l’abbé Léon Provancher en 1868. Dans un numéro sur la faune canadienne paru en 1872, on peut lire ceci : « Les tourtes, bien qu’elles ne puissent être dites rares aujourd’hui, à Québec, sont cependant beaucoup moins communes qu’elles ne l’étaient il y a une trentaine d’années. On ne les voit guère plus aujourd’hui opérer leurs migrations par bandes immenses, et s’offrir au chasseur en telle quantité, qu’il ne savait souvent comment disposer d’une telle abondance. »

Charles-Eusèbe Dionne, naturaliste et conservateur du Musée des sciences du Séminaire de Québec, a probablement dû empailler un des derniers spécimens de tourte, ou du moins, il a sûrement pu en observer en pleine nature. Voici comment il en parle dans son livre de 1883 : « Ce pigeon, connu sous le nom de tourte, est beaucoup moins commun aujourd’hui qu’il ne l’était au commencement de ce siècle; alors les paysans les tuaient par centaines. Aujourd’hui, il faut que les éclats du tonnerre les fassent déserter nos montagnes, pour que nous en voyions quelques petites bandes à la lisière des forêts. »

En Ontario, la dernière mention de la nidification de seulement 20 oiseaux a eu lieu dans le comté de Frontenac en 1898.

Charles-Eusèbe Dionne, 30 juin 1904.

Charles-Eusèbe Dionne, 30 juin 1904. © Musée de la civilisation, fonds d’archives du Séminaire de Québec, PH1998-3287.

En 1902, le dernier spécimen vivant a été observé en Ontario.

En 1906, Charles-Eusèbe Dionne dans son ouvrage Les oiseaux de la province de Québec, écrit : « Maintenant, et depuis un bon nombre d’années, elles sont à bien dire, totalement absentes de notre province; les derniers spécimens que je me suis procurés ici remontent à plus de vingt ans; ils avaient été tués dans la forêt en arrière de Charlesbourg, et depuis, il ne m’a plus été possible de m’en procurer. »

À la fin du XVIIIsiècle, les effectifs d’oiseaux observés au printemps avaient déjà considérablement diminué.

Les techniques de chasse à la tourte voyageuse étaient variées

À la recherche de nourriture, la tourte commençait à arriver au Québec en mai et c’est en septembre que les effectifs étaient les plus nombreux. Quand les pigeons arrivaient, tout le monde se mobilisait pour la chasse et tous les moyens étaient bons pour profiter de cette manne qui tombait du ciel. 

Au Québec, on utilisait plusieurs techniques de chasse : le rets à la passée, le tir à la volée, la geôle, le coup de bâton, la lignette!

Le rets à la passée et la geôle permettent de capturer des tourtes.

Le rets à la passée et la geôle permettent de capturer des tourtes. © James Patisson Cockburn, Bibliothèque et Archives Canada.

Le rets à la passée

Inspiré d’un piège utilisé par les Iroquois, le rets consistait en un système de bâtons, de poulies et de filets qui étaient rabattus sur les oiseaux qui passaient. Plusieurs centaines d’oiseaux pouvaient être capturés à la fois.

La geôle

Un bâton muni de petits perchoirs sur lesquels les oiseaux viennent se poser est installé dans la forêt. Le chasseur a alors à portée de fusil plusieurs tourtes qu’il peut abattre d’un coup. Il n’était pas rare de voir tomber une quarantaine d’oiseaux à la fois!

Le tir à la volée

Les gens tiraient de partout, dans les champs et les forêts mais aussi dans les villes et même des fenêtres! Le danger de mettre le feu aux toitures des maisons ou des granges était réel. Il faut se rappeler le type d’arme utilisé, à chargement par la bouche, qui était doté d’une bourre, un morceau de tissu qui une fois enflammé retombait au sol. Les soldats étaient les plus fervents tireurs et l’intendant eut à interdire de tirer du haut des remparts sous peine d’emprisonnement, sauf pour les soldats du roi.

Lignette pour capturer des tourtes.

Lignette pour capturer des tourtes. © Musée de la civilisation, 88-147.

Le coup de bâton

Inutile de donner une description… Les gens se munissaient de bâtons et frappaient les oiseaux.

La lignette

On chassait la tourte avec une lignette à l’île d’Orléans.

Les tournois de tir et de chasse étaient fort populaires. Les tourtes étaient capturées vivantes en grand nombre pour approvisionner les adeptes des concours de tirs. On utilisait les oiseaux vivants comme leurre pour attirer les autres. L’expression « stool pigeon » en anglais tire d’ailleurs son origine de cette pratique. L’opinion publique jugea cette pratique cruelle et les tourtes furent peu à peu remplacées par des rondelles d’argile. L’activité fut également pratiquée au Canada mais avec moins d’importance.

Concours de tir et de chasse.

Concours de tir et de chasse.

C’est particulièrement aux États-Unis que la chasse connut sa plus grande popularité à partir de 1850, en particulier la chasse commerciale. Les chiffres sont fabuleux! Il y aurait eu plus de 5 000 chasseurs commerciaux qui pouvaient gagner de 10 $ à 40 $ par jour, une somme considérable à l’époque.

 

En Ontario, des barils contenant de 100 à 120 oiseaux étaient expédiés vers Buffalo et New York, mais aussi vers Toronto et Montréal. Des jeunes garçons grimpaient aux arbres et assommaient les pigeonneaux d’un coup de bâton. Ils recevaient 1 cent par oiseau et, les bons soirs, un garçon pouvait se faire jusqu’à 3 $. Ils déposaient les oiseaux morts dans les paniers.

 

Panier pour transporter les tourtes chassées.

Panier pour transporter les tourtes chassées. © John C. French.

Les prix variaient : Au Canada, de 5 cents à 25 cents la paire et 10 $ la centaine. Aux États-Unis, 35 à 50 cents/douzaine. Au marché de Chicago, 50 à 60 cents/douzaine. Dans les restaurants, les oiseaux étaient considérés comme un délice. On pouvait aussi les vendre vivants et en obtenir un meilleur prix.

Lorsqu’on trouvait un site occupé par les oiseaux, on s’empressait de se rendre sur place pour les chasser. C’était un événement festif où plusieurs participaient aux différentes opérations : chasser les adultes, tuer les jeunes tombés du nid, récupérer les oiseaux morts pour les éviscérer et les mettre à cuire de diverses façons. Outre les techniques de capture au filet, on allait même jusqu’à incendier les boisés. Les oiseaux brûlés étaient récupérés le lendemain. Les arbres étaient systématiquement abattus, de manière à les faire tomber les uns sur les autres et avec eux des milliers d’oisillons encore au nid. Plus de 2 500 oiseaux pouvaient être tués par jour.

La population de tourtes a décliné davantage en raison de l’arrivée du télégraphe et du chemin de fer qui permettait l’accès aux colonies. Des milliers d’oisillons et d’adultes étaient tués et vendus dans les restaurants, au grand bonheur des habitants et de la bourgeoisie qui en appréciaient la chair.

Les gens croyaient, à l’époque, que la tourte était une « ressource inépuisable ». Quand l’espèce s’est faite plutôt rare, la chasse a été interdite à plusieurs endroits mais il était trop tard. Dès que les énormes regroupements de tourtes ont été réduits à de petits groupes, ce fut le début de la fin pour cette espèce. La tourte avait besoin d’un seuil minimum d’individus pour trouver sa nourriture et se reproduire. Ce seuil minimum semble avoir été atteint et les tourtes n’ont pas réussi à s’adapter à cette diminution. En deçà d’un certain nombre d’individus, l’espèce n’était plus viable. On rapporte que, dès 1879, on a essayé d’accoupler des individus en captivité, mais peine perdue! Tous ces changements n’ont pas aidé la tourte à se reproduire suffisamment, et du même coup, elle est disparue de la surface de la planète

Que reste-t-il de la tourte voyageuse?

Spécimen mâle de tourte.

Spécimen mâle de tourte. © Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke.

Aujourd’hui, il reste quelques spécimens naturalisés conservés précieusement dans des musées tels que le Musée François-Pilote à La Pocatière . Il y a également le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke qui possède un spécimen mâle, un spécimen femelle et un œuf!

Les zooarchéologues trouvent parfois des os de tourtes parmi tous les ossements d’animaux lors des fouilles de sites historiques, par exemple, à la Place Royale de Montréal et à l’île aux Oies dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent. Ces vestiges sont conservés à l’ostéothèque de Montréal, une véritable bibliothèque d’ossements!

La tourte voyageuse a été désignée comme espèce disparue par le COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) en 1985.

Le déclin rapide menant à l’extinction de cette espèce autrefois si abondante ne laisse personne indifférent. Saurons-nous apprendre de son histoire et de sa disparition afin de ne plus reproduire les mêmes erreurs aujourd’hui?


Vidéo traduite du projet Passenger Pigeon pour commémorer la disparition de la tourte voyageuse. © Project Passenger Pigeon. 

Et la tourtière dans tout ça?

Tourtière du 18e siècle.

Tourtière du 18e siècle.
© Musée Stewart au fort de l’île Sainte-Hélène.

Bien que la tourte soit disparue, il n’en est rien pour la tourtière. Quelle est donc l’origine de ce mot? Il dérive de tourte issue du bas latin torta « sorte de pain rond ». En fait, c’est au départ un ustensile de cuisine rond et plat muni d’un couvercle bombé et de pieds de fer dans lequel on fait cuire les tourtes pour en faire des pâtés. La plupart des tourtières sont de cuivre rouge ou de cuivre jaune; quelques-unes sont de fer, de tôle ou, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, de fer-blanc. Avec le temps, le terme tourtière en est venu à désigner le contenu au lieu du contenant.

Et le lien avec la tourte? La tourte avait une valeur alimentaire pour les Autochtones qui en consommaient de grandes quantités en plus de se faire des réserves d’huile à partir de la graisse des pigeonneaux. Les gens les cuisinaient en « pot-pie » ou tourtière au Québec et en Ontario. On utilisait de la pâte, un peu de lard et on y déposait les poitrines de l’oiseau. On les faisait rôtir, frire dans leur graisse, en soupe, en ragoût. On les enveloppait d’argile et on les déposait dans les braises d’un feu lors d’excursions de chasse.

Dans « L’Homme et l’hiver au Canada », un ouvrage de Pierre Deffontaines paru en 1957, on peut lire ceci : « On prenait les tourtes dans de grands filets en quantités invraisemblables. On les conservait, avec de la farine et du lard, en gâteau ou pâté de viande qu’on appelait tourtière et qu’on accumulait en grand nombre dans cette cuisine d’été qui servait l’hiver de garde-manger, livré au froid. Malheureusement, depuis un demi-siècle, ces oiseaux ont complètement disparu et cette réserve d’hiver n’apparaît plus sur les tables canadiennes. D’autres oiseaux ont été récoltés et conservés de la même façon : grues, canards, oies sauvages, outardes ; […]. Cependant, les tourtières continuent à se faire, mais avec d’autres animaux : perdrix, lièvres, grives. […].»

La tourte était donc une viande grandement utilisée dans la confection de la tourtière comme d’autres espèces de gibier récoltées à l’époque. Après les débuts de l’élevage d’animaux domestiques, les colons de la Nouvelle-France ont eu accès à du porc, du bœuf et du veau, qu’ils ont incorporés à la recette.

Aujourd’hui, la tourtière est un pâté à la viande, avec ses variantes selon les différentes régions du Québec. Elle doit contenir du porc, du bœuf ou du veau, ou encore une combinaison des trois.

Au Lac-Saint-Jean, la tourtière se nomme tourtière saguenéenne. Elle est composée, selon les localités, de lièvre tout d’abord, puis de poulet et de porc (avec ou sans veau et bœuf), de pommes de terre, d’oignons et d’épices.

Dans la région montréalaise, elle est constituée de porc haché et d’oignons enfermés entre deux abaisses de pâte. Pour certains ce plat serait un pâté à la viande et non une tourtière!

Quant au cipâte ou cipaille, il est préparé avec une ou plusieurs couches de viande ou de poisson, séparées entre elles par une feuille de pâte. Le mot cipaille serait une déformation de « sea-pie » ou s’inspirerait du nom d’un ancien plat montagnais, le « chipaille ».

Peu importe, le temps des Fêtes venu, tu mangeras avec joie et appétit le pâté à la viande, la tourtière, le cipâte ou le cipaille et ce sera bon!

Il paraît que…

  • Le Royal Ontario Museum possède la plus grande collection de tourtes voyageuses au monde (spécimens, ossements, peintures, etc.).
  • La tourte a donné son nom à plusieurs lieux au Québec , dont l’île aux Tourtes dans la région de Montréal.
  • En 1911, c’est la dernière fois qu’on a recensé une tourte sur le territoire québécois. C’est un gardien de phare de Pointe-des-Monts qui a pu observer une tourte mâle.
  • Le Québec compte plusieurs espèces ou populations disparues de son territoire, dont quatre le sont à l’échelle de la planète (*) :
    • Bar rayé (Morone saxatilis), population du Saint-Laurent
    • Courlis esquimau (Numenius borealis)
    • Eider du Labrador (Camptorhynchus labradorius*
    • Grand pingouin (Pinguinus impennis*
    • Patelle des zostères (Lottia alveus*
    • Tourte voyageuse (Ectopistes migratorius*
    • Wapiti (Cervus elaphus)

Coloriage

Pour en savoir plus…

Project Passenger Pigeon

 Futura – Sciences

National museum of natural history

Smithsonian Libraries

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française