Écrevisse marbrée (Procambarus virginalis)

Statut

Espèce envahissante préoccupante, à risque d’introduction.

Description

L’écrevisse marbrée est reconnaissable par les marbrures de sa carapace. En comparaison avec les individus en captivité, dont les couleurs sont plus claires, les motifs tachetés de la carapace des individus trouvés en milieu naturel sont plus foncés, dans les tons de brun ou vert. L’adulte peut atteindre une taille de 13 centimètres, mais les individus sont habituellement inférieurs à 10 centimètres. Sa durée de vie varie entre deux et quatre ans.

© Chucholl C. CC BY-SA 3.0

© Chucholl C. CC BY-SA 3.0

Espèces similaires

L’écrevisse marbrée serait le résultat d’un croisement en captivité avec l’écrevisse des marécages, Procambarus fallax, il y a environ 25 ans. En raison de la très récente apparition de cette espèce, aucune caractéristique morphologique ne permet de distinguer les deux espèces d’écrevisse. L’écrevisse marbrée a également des ressemblances avec une autre espèce d’écrevisse exotique (non indigène), l’écrevisse bleue de la Floride, Procambarus alleni.

Habitat

Comme l’écrevisse marbrée est issue d’un croisement en captivité, elle n’est indigène à aucun territoire. Des populations introduites sont trouvées en eau douce. L’écrevisse marbrée s’adapte aux habitats d’eau calme ou d’eau courante tels que les rizières, les rivières, les lacs, les marais, les étangs et même les fossés de drainage. La température d’eau optimale pour les plus hauts taux de survie est 20°C, mais l’espèce résiste au climat des zones tempérées. Elle peut survivre à des conditions de sécheresse prolongée jusqu’à trois jours.

Reproduction

L’écrevisse marbrée est le seul décapode connu qui se reproduit exclusivement par parthénogenèse. Cela signifie que cette espèce est composée uniquement de femelles générant des rejetons (œufs) génétiquement identiques, c’est-à-dire des clones. La température optimale pour la reproduction se situe entre 20 et 25°C et elle cesse sous la barre des 15°C. Les femelles se reproduisent lorsqu’elles atteignent l’âge approximatif de six mois. Elles peuvent produire jusqu’à 400 œufs et le temps de couvaison varie de 22 à 42 jours. Durant un cycle vital de deux à trois ans en laboratoire, cette espèce peut se reproduire jusqu’à sept reprises. L’écrevisse marbrée est une espèce très féconde à croissance et à maturation rapides.

Historique d’introduction et vecteur d’introduction et de propagation

La première mention connue de l’espèce date de 1995 et provient d’un aquariophile allemand. L’absence de mâles et son mode de reproduction exclusivement par parthénogenèse ont rapidement été remarqués par les aquariophiles. La croissance rapide et la multiplication difficilement contrôlable de l’espèce ont sans doute contribué à la saturation du marché de l’aquariophilie et, par le fait même, mené au relâchement de juvéniles dans la nature. L’espèce a été introduite au Japon et dans plusieurs pays d’Europe. Introduite comme source alimentaire à Madagascar, l’écrevisse marbrée est maintenant considérée comme une nuisance dans les rizières. Les populations d’écrevisses marbrées d’Europe et de Madagascar sont génétiquement homogènes et extrêmement semblables à la première population d’écrevisses d’Allemagne observée en 1995. Les individus de toutes les populations introduites seraient donc les descendants d’un seul clone issu de l’aquariophilie.

Distribution connue

Des populations ont été recensées au Japon et dans plusieurs pays d’Europe, notamment l’Allemagne, la Hollande, l’Italie, la Hongrie, l’Ukraine, la Suède, la Slovaquie, la République tchèque, la Croatie et la Roumanie. Les risques de propagation de l’espèce à travers toute l’Europe sont élevés. À ce jour, l’espèce n’est pas introduite en Amérique du Nord, mais la région des Grands Lacs, le centre et le nord-est des États-Unis seraient des zones climatiques propices à l’implantation d’une population.

Impacts de son introduction

L’écrevisse marbrée est omnivore. Elle se nourrit de débris végétaux, d’algues, de plantes, d’invertébrés et de petits poissons. Ces comportements de prédation peuvent avoir un sérieux impact sur les populations de poissons indigènes. À travers le monde, l’espèce est reconnue comme une nuisance pour les rizières. En haute densité, le broutage des végétaux aquatiques entraîne la destruction des habitats de reproduction des espèces de poissons et d’invertébrés indigènes.

Prévention et contrôle

En Europe et en Amérique du Nord, l’écrevisse marbrée est l’écrevisse la plus répandue en aquariophilie. Son mode de reproduction attire l’attention des aquariophiles et implique que son propriétaire aura tôt ou tard à faire face à un nombre grandissant d’écrevisses dans son aquarium. Il est primordial que les propriétaires ne relâchent pas ces spécimens dans le milieu naturel ou dans les conduites d’eau publiques. Relâché en milieu naturel, un seul individu est suffisant pour permettre l’établissement d’une population.

Information complémentaire