Escargot des bois (Cepaea nemoralis)
Statut de l’espèce
Espèce exotique potentiellement préoccupante et présente au Québec
Description

Le péristome brun de l’escargot des bois permet de le distinguer des autres espèces d’escargots similaires (encerclé en rouge).
© Darius Baužys | Dreamstime.com
L’escargot des bois est une espèce terrestre. Elle fait partie des Pulmonés, qui sont des gastéropodes possédant un poumon qui leur permet de respirer l’air ambiant. Sa coquille en forme d’hélice a une largeur de 18 à 25 mm et une hauteur de 12 à 22 mm. Elle est dense, légèrement lustrée et peut être brune, orangée, rouge, jaune ou olive. La coquille peut être rayée d’une à cinq bandes noires ou cannelle en forme de spirale. La coquille possède de 4,5 à 5,5 tours. Le corps de l’escargot est crème, à l’exception de ses tentacules et de sa tête qui sont plus foncés. Le péristome (renflement qui borde l’ouverture de la coquille de l’escargot) est brun, épais et légèrement courbé. L’ombilic (trou par lequel l’axe central de la coquille communique avec l’extérieur) est étroit chez les juvéniles, tandis qu’il est fermé chez les adultes.
Espèces similaires
L’escargot des bois s’apparente au petit escargot des jardins (Cepaea hortensis). Ils peuvent être distingués l’un de l’autre par la couleur de leur péristome. Chez l’escargot des bois, cette structure est toujours brune, tandis que celle de son cousin est blanche. De plus, l’escargot des bois est plus gros que le petit escargot des jardins.
Cepaea vindobonensis ressemble également à Cepaea nemoralis, mais il s’en différencie par sa couleur plus terne.
Habitat
L’escargot des bois peut utiliser des habitats variés. En Amérique du Nord, on le remarque dans les régions urbaines, notamment dans les jardins. On peut également le trouver sur des arbustes, des dunes, dans des boisés, des jardins, aux abords des routes ou sur des friches. Il se nourrit de débris végétaux vivants ou morts, de charogne, de champignons, de mousses et d’insectes.
Pour réussir à passer au travers des périodes les plus chaudes et les plus sèches de l’été, il estive, c’est-à-dire qu’il tombe dans un état léthargique semblable à l’hibernation. Il choisit fréquemment le tronc des arbres lorsqu’il adopte ce comportement.
Reproduction et croissance
Avant de devenir sexuellement mature, l’escargot des bois peut prendre jusqu’à trois années. Il est hermaphrodite, c’est-à-dire qu’il possède à la fois les gamètes mâles et femelles bien que, dans son cas, il doive se reproduire avec un autre individu pour produire des œufs fertiles.
La période de reproduction a lieu entre la fin du printemps et le début de l’été et peut s’étendre jusqu’à l’automne. La femelle peut emmagasiner le sperme pour un certain laps de temps et les juvéniles peuvent être issus de mâles différents. Selon sa position géographique, cet escargot peut pondre de 30 à 80 œufs et son espérance de vie varie de 5 à 8 ans.
Historique de l’introduction et principaux vecteurs de propagation
L’aire de répartition naturelle de l’escargot des bois se situe dans le centre et dans l’ouest de l’Europe où il est commun et largement distribué.
L’espèce a été introduite en Amérique du Nord en 1857. Un jardinier aurait rapporté une centaine d’individus de son voyage en Angleterre et les aurait introduits dans son jardin, au New Jersey. Ces escargots se seraient adaptés rapidement à leur nouveau milieu de telle sorte que, selon les notes du jardinier, la ville en était déjà remplie en 1869. Depuis, il y a eu plusieurs autres introductions intentionnelles ou accidentelles de cette espèce au fil des années.
Au Canada, la première mention fiable de l’espèce provient probablement de l’Ontario, en 1928, où des individus auraient été importés de France.
L’escargot des bois est souvent confisqué dans les aéroports transportant des passagers européens qui débarquent aux États-Unis. Les trains pourraient également constituer une voie de dispersion efficace pour les individus qui vivent près des chemins de fer. Les escargots qui réussissent à s’accrocher aux wagons peuvent être ainsi transportés sur de longues distances vers de nouveaux milieux à coloniser. Cette méthode de dispersion pourrait avoir permis l’introduction de l’espèce dans la région de Montréal.
Dans la nature, les escargots terrestres peuvent migrer en s’accrochant à d’autres animaux. Ils peuvent également être emportés par le vent ou être transportés par le courant s’ils se trouvent sur un objet flottant à la surface de l’eau.
Distribution connue
Au Canada, l’espèce se trouve en Colombie-Britannique, dans le sud de l’Ontario, dans le sud-ouest du Québec et dans la vallée de l’Outaouais. Des travaux d’inventaire réalisés le long d’une voie de chemin de fer (axe Montréal-Dorion-Rigaud) ont permis de confirmer la présence de l’espèce dans la région de Montréal.
Cepaea nemoralis se trouve également dans plusieurs États américains. Les découvertes occasionnelles de colonies d’escargots des bois à des endroits où il n’avait pas été observé auparavant suggèrent que l’espèce est tranquillement en train de se disperser d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord.
Impacts de son introduction
L’escargot des bois peut causer des dommages localisés aux plantes et aux arbres des parcs et des régions urbanisées, et peut entrer en compétition avec l’escargot-forestier de Townsend, une espèce en voie de disparition inscrite sur la Liste des espèces en péril du Canada.
Prévention et contrôle
Afin de prévenir la propagation de l’espèce au Québec, il importe de ne pas introduire ces escargots dans les jardins et de prêter attention au transport accidentel d’individus lors de longs déplacements, particulièrement lors de voyages en Europe d’où l’espèce est originaire.