Limace noire (Arion ater)
Statut de l’espèce
Espèce exotique préoccupante et présente au Québec.
Description

Photographie d’une limace noire. On peut voir le pneumostome (rouge) sur le côté droit du manteau (bleu) ainsi que le pied parsemé de tubercules (jaune)
©James Lindsey
La limace noire possède un corps non segmenté long de 10 à 15 cm. Certains individus peuvent atteindre 20 cm lorsqu’ils sont totalement déployés. Elle est principalement noire, bien qu’elle puisse être brune, orangée ou gris pâle. La couleur de son corps serait tributaire de la température prévalant dans son habitat. La limace noire possède deux paires de tentacules sur sa tête. La première paire, plus haute et plus large, est munie d’yeux pouvant détecter des variations de lumière, sans toutefois détecter les couleurs. La seconde paire sert à l’olfaction. Les deux paires de tentacules peuvent se rétracter lorsque la limace perçoit un danger. Un pneumostome rougeâtre servant à respirer est visible sur la partie antérieure droite du manteau.
Habitat
Étant particulièrement sensibles à la dessiccation, les limaces sont des animaux qui vivent dans des milieux où le taux d’humidité est très élevé, comme les forêts et les jardins. Il sera beaucoup plus facile d’en observer après une averse. En cas de période sèche, elles resteront au repos sous les roches ou dans le sol afin de ne pas se dessécher. Lorsque la température est inférieure à 5 °C, elles se réfugient profondément dans le sol.
Reproduction
Comme toutes les limaces, la limace noire est hermaphrodite, ce qui signifie qu’elle possède à la fois les sexes mâle et femelle. Cependant, deux partenaires sont nécessaires pour que la reproduction soit un succès. Lors de la copulation, les deux partenaires s’enroulent l’un autour de l’autre et déploient leurs organes génitaux de leurs manteaux afin de permettre la fertilisation des œufs. Quelques semaines plus tard, environ 150 œufs seront pondus dans un endroit humide à l’abri des prédateurs, tel que sous des bûches ou des roches. Les œufs mesurent de 4 à 5 mm de diamètre. Selon la température, ils écloront quatre à six semaines après leur dépôt. Les juvéniles, qui mesurent alors environ 10 mm de longueur, sont d’un jaune tirant sur le gris et leur tête est gris foncé. La maturité sexuelle est atteinte après environ un an et les adultes vivent en moyenne deux ans.
Historique de l’introduction et principaux vecteurs de propagation
Originaire d’Europe, la limace noire a été introduite en Australie et en Amérique du Nord par voie de transport commercial aérien ou maritime. Elle a été observée en Colombie-Britannique à partir 1941 et est considérée comme une espèce nuisible depuis 1962 dans cette province. Elle a été introduite en Alaska durant les années 1970 dans des contenants de plantes ou du terreau. L’Alaska a déterminé que l’espèce était moyennement invasive. La limace noire est maintenant commune dans les États de Washington et de l’Oregon où elle est considérée comme une espèce nuisible tant pour l’agriculture que pour les écosystèmes naturels.
Distribution connue
La limace noire se répartit naturellement en Europe centrale et de l’Ouest, de la Scandinavie à l’Espagne et à l’Autriche. En Amérique du Nord, elle est établie le long de la côte du Pacifique, dans le sud-est des États-Unis, dans les États du Maine et de New York, à Terre-Neuve-et-Labrador ainsi qu’en Ontario et au Québec. Il y a des mentions de limace noire au Québec dans la région de Sherbrooke, au mont Bellevue, ainsi que dans les villes de Québec et de Montréal.
Impacts de son introduction
La limace noire est considérée comme une espèce envahissante nuisible en raison de ses préférences alimentaires. Bien qu’elle se nourrisse d’espèces de plantes variées, elle a une préférence marquée pour la laitue. Elle compte parmi les limaces les plus ravageuses et elle se nourrit souvent des parties souterraines des plantes. La limace noire peut modifier la composition et la diversité génétique des communautés floristiques par son broutement des jeunes pousses et celui-ci a des répercussions négatives sur des espèces floristiques menacées en Colombie-Britannique.
La limace noire pourrait aussi nuire à d’autres espèces de limaces indigènes telles que la limace-banane (Ariolimax) en Colombie-Britannique. En effet, la limace noire serait plus compétitive en utilisant des sources de nourritures semblables à celles de la limace-banane tout en ayant un plus grand appétit.
Prévention et contrôle
La principale substance chimique utilisée pour se débarrasser des limaces est le métaldéhyde. L’ingestion ou le contact du métaldéhyde induisent chez la limace une production excessive de mucus, ce qui cause sa mort par déshydratation. Cette méthode de contrôle chimique n’est pas souhaitable, puisque le métaldéhyde est toxique pour les humains et les animaux et il n’élimine qu’environ 10 % des limaces, et ce, temporairement.
Le contrôle biologique de la limace noire est possible avec une espèce de nématodes (Phasmarhabditis hermaphrodita), mais ceux-ci ne sont pas indigènes du Canada.