Scarabée japonais (Popillia japonica)
Statut de l’espèce
Espèce exotique préoccupante et présente au Québec
Description

Spécimen adulte du scarabée japonais. Les cinq amas de poils blancs caractéristiques à la base de son abdomen sont bien visibles (rouge). Les élytres ne recouvrent pas la totalité de son abdomen (bleu).
©Tony Northrup, www.northrup.org
Le scarabée japonais possède quatre stades de développement : l’œuf, la larve, la pupe et l’adulte. L’œuf est sphérique, ovale ou presque cylindrique. Translucide et blanc crémeux, il a un diamètre d’environ 1,5 mm. La larve est aussi translucide et blanc crémeux et est recouverte de courtes épines. Chacun de ses trois segments thoraciques porte une paire de pattes segmentées. Au repos, elle adopte une forme en « U » caractéristique des larves de scarabées. La pupe mesure environ 14 mm de longueur et 7 mm de largeur. Elle peut être blanc crémeux ou encore vert métallique si son stade de développement est avancé. L’adulte mesure de 8 à 11 mm de longueur et de 5 à 7 mm de largeur. Il est vert métallique. Ses élytres, paire d’ailes durcies recouvrant les ailes de l’insecte au repos, sont bronze cuivré et ne recouvrent pas totalement l’abdomen.
Espèces similaires
Au Québec, on trouve beaucoup d’espèces de scarabées. Celles qui sont les plus susceptibles d’être confondues avec le scarabée japonais sont le scarabée maculé, l’euphore, le scarabée des marguerites et le dichelonyx. Le scarabée japonais possède cinq amas de poils blancs situés de chaque côté de son abdomen, ce qui le différencie des autres espèces de scarabées.
Habitat

Larve de scarabée japonais au repos. On peut voir les trois paires de pattes thoraciques. ©David Cappaert, Michigan State University, Bugwood.org
L’adulte s’attaque aux jeunes arbres fruitiers, principalement aux pommiers, aux pruniers et aux pêchers ainsi qu’à d’autres plantes comme le soja, la luzerne ou le trèfle. En Amérique du Nord, il se nourrit préférentiellement de maïs, mais il peut s’attaquer à plus de 200 espèces de plantes. Il consomme également les feuilles, les fleurs et les fruits des plantes sur lesquelles il vit. Le scarabée japonais adulte est grégaire, c’est-à-dire qu’il évolue en colonie. Par conséquent, une plante attaquée par le scarabée japonais risque d’être envahie par plusieurs individus à la fois. Les larves préfèrent les pelouses, mais peuvent aussi s’attaquer aux racines d’autres plantes.
Les scarabées aiment le temps chaud. Ils se mettent à voler lorsque la température atteint les 21 °C, et se nourrissent principalement par les belles journées d’été lorsque la température varie de 21 à 35 °C avec une humidité relative d’environ 60 %. Pour le moment, la distribution du scarabée japonais semble être limitée à des moyennes annuelles de température du sol de 17,5 °C à 27,5 °C en été et de -9,4 °C en hiver ainsi qu’à des précipitations estivales de 25 cm. D’ailleurs, les observations de scarabée japonais indiquent que leur limite nordique se situe près de la frontière du Québec et des États-Unis, ce qui signifie que la température est limitante pour l’établissement de l’espèce dans la majorité de la province. Les changements climatiques devraient augmenter les chances d’établissement du scarabée japonais au Québec dans les prochaines années.
Reproduction et croissance
Le scarabée japonais passe l’hiver au stade larvaire dans un trou de 15 à 30 cm de profondeur dans le sol. Au printemps, la larve amorce son stade pupal. Selon la latitude, l’adulte devient complètement formé entre la fin de mai et le début de juillet. Sa durée de vie est de 30 à 45 jours, période au cours de laquelle l’accouplement a lieu. La femelle pond ses œufs directement dans le sol. L’espèce produit normalement une seule génération par année. Dans les régions situées dans la partie nord de son aire de répartition, deux ans peuvent s’avérer nécessaires pour que l’insecte passe du stade de l’œuf au stade adulte.
Historique de l’introduction et principaux vecteurs de propagation
Originaire du Japon, le scarabée japonais a été observé pour la première fois en Amérique du Nord en 1916, dans une pépinière du New Jersey. Il a probablement été introduit dans des produits agricoles en provenance du Japon. Au Canada, c’est en 1939 que le premier scarabée japonais a été observé. Celui-ci se trouvait dans une voiture sur le traversier qui faisait le lien entre l’État du Maine et la ville de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse. La même année, on l’a trouvé à Lacolle, dans le sud du Québec. À l’échelle locale, le vol des adultes est le mode de dispersion par excellence. En 2014, le scarabée japonais a été découvert pour la première fois près de Milan, en Italie.
Distribution connue

Le dichelonyx est une espèce qui peut être confondue avec le scarabée japonais. Ses élytres, vert métallique, recouvrent entièrement son abdomen, contrairement à celles du scarabée japonais. ©Bev Wigney
Des populations de scarabées japonais se trouvent aujourd’hui dans plusieurs provinces de l’est du Canada, dont l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard. Tous les États de la côte est américaine sont colonisés par le scarabée japonais ainsi que certains États situés à l’est des Rocheuses. La Californie connaît également des problèmes d’infestation.
Impacts de son introduction
Typiquement, lorsqu’un scarabée japonais a terminé de s’alimenter sur une feuille, il ne reste plus qu’un squelette de nervures. Cet insecte peut donc réduire grandement la proportion de plantes cultivables et ainsi causer des pertes économiques importantes. De plus, les larves s’attaquent aussi aux terrains gazonnés, pouvant occasionner d’importants dommages aux terrains de golf et aux propriétés privées.
Prévention et contrôle
La lutte chimique peut s’avérer efficace pour se débarrasser d’une infestation de scarabées japonais. Le chlorpyriphos et l’isophenphos sont les deux principaux produits qui peuvent être utilisés. L’isophenphos peut éliminer 100 % des larves jusqu’à 250 jours suivant son utilisation.
Des nématodes prédateurs des larves du scarabée japonais pourraient aussi permettre de régler des problèmes d’infestation. C’est ce que l’on appelle une lutte biologique, car elle fait appel aux prédateurs naturels de l’insecte. Deux espèces en particulier, Neoaplectana carpocapsae et Heterorhabditis heliothidis, peuvent tuer les larves, et ce, avec une efficacité pouvant atteindre 90 %.
Des pièges à phéromones ont déjà été utilisés pour éliminer le scarabée japonais, mais ceux-ci se sont avérés complètement inefficaces. Les pièges ne faisaient qu’attirer encore plus les insectes qui se dispersaient sur les plantes situées à proximité du piège, sans pourtant s’y prendre.