
Conseils aux propriétaires
Avant la construction d’un bâtiment ou d’un autre type d’installation, on devrait procéder à une évaluation des lieux et à un choix judicieux des matériaux. Malheureusement, ces détails sont souvent oubliés, de sorte qu’on doit effectuer des modifications pour diminuer la vulnérabilité aux incendies après quelques années, souvent à grands frais.
Par contre, si on procède selon les règles de l’art, on prendra soin de bien choisir le site et de l’aménager judicieusement avant d’ériger toute installation. On éliminera ainsi nombre de désagréments et l’obligation de devoir effectuer des travaux par la suite.
Mais avant de procéder, nous vous proposons d’évaluer la vulnérabilité de vos installations aux feux de forêt au moyen d’une grille d’évaluation prévue à cette fin. Par la suite, vous pourrez apporter les correctifs et les modifications nécessaires. Par la suite, vous pourrez apporter les correctifs et les modifications nécessaires.
Dans cette page :
- Contrôler la végétation
- Éliminer les débris forestiers
- Brûler de façon sécuritaire
- Aménager le bâtiment
- S’équiper pour agir
Contrôler la végétation
La gestion des combustibles autour des bâtiments ne garantit pas une protection totale, mais réduit considérablement les risques de dommages dus à un incendie. Les mesures préventives suggérées ci-dessous sont peu coûteuses et peuvent faire toute la différence.
Les zones de priorité
La zone coupe-feu
Adjacente au bâtiment, cette zone doit constituer votre priorité d’aménagement.
La zone coupe-feu est d’une largeur d’au moins 10 mètres; son rôle est d’empêcher la progression d’un feu de forêt. Les arbres résineux et le foin sec doivent être éliminés et aucun matériau, tel que du bois de construction ou de chauffage, ne doit se trouver dans cette zone. Il est néanmoins possible d’y laisser des arbustes décoratifs.

Avant

Après
Cette zone permettra, entre autres, d’empêcher qu’un feu de forêt ne se propage au bâtiment ou qu’un incendie prenant naissance dans le bâtiment n’atteigne la forêt avoisinante. Ainsi, le travail des pompiers s’en trouvera facilité.

Avant

Après
Il est recommandé de dégager le tour du bâtiment sur une largeur d’un mètre jusqu’au sol minéral. Du sable, du gravier ou de la pierre concassée pourront y être étendus.
S’il y a présence d’humus au sol dans la zone coupe-feu, une autre bande d’un mètre devrait être dégagée jusqu’au sol minéral de la bordure extérieure de la zone coupe-feu.
La zone d’atténuation
Cette zone commence à 10 mètres du bâtiment et s’étend sur 20 mètres de plus en terrain plat. L’objectif principal de cette zone est de créer un environnement qui pourrait supporter un feu de faible intensité. Il est important de noter que si vos installations se trouvent dans une forêt composée uniquement de feuillus, ce type d’aménagement n’est pas nécessaire.

Photo : SOPFEU
La proximité des arbres résineux et les herbes entourant ce bâtiment rendent ce dernier à risque, particulièrement au printemps.

Photo : SOPFEU
Cette image illustre bien la zone coupe-feu, qui ne comporte aucun élément combustible, suivie de la zone d’atténuation où les arbres sont bien élagués
Lors de vos travaux d’aménagement, utilisez le tableau suivant pour vous aider à faire les bons choix.
Les arbres PareFEU
Essences d’arbres | Degré d’inflammabilité |
---|---|
Érable | Très bas |
Bouleau | Très bas |
Peuplier (tremble) | Très bas |
Pin blanc | Modéré |
Pin rouge | Modéré |
Pin gris | Élevé |
Épinette blanche | Élevé |
Épinette noire | Très élevé |
Dans le cas des forêts résineuses, l’enlèvement partiel de la végétation consiste à éclaircir la forêt de façon à obtenir un espace libre d’une largeur d’au moins 5 mètres entre la base des arbres. Les cimes ne doivent pas se toucher ou se chevaucher. S’il y a des arbres feuillus dans cette zone, il est préférable de les garder, et ce, au détriment des résineux.



Avant

Après
Les arbres résineux conservés dans cette zone seront élagués à une hauteur minimale de 2 mètres du sol. Les branches coupées devront être enlevées de même que les arbres morts, qu’ils soient debout ou au sol. Ainsi, on réduit les risques de propagation d’un feu de surface à l’ensemble de la forêt.

Avant

Après
En terrain montagneux, la zone coupe-feu et la zone d’atténuation devraient être aménagées différemment de façon à les rendre plus sécuritaires. L’illustration suivante présente ce à quoi devrait ressembler l’aménagement paysager d’un terrain plat, d’un terrain avec une pente de 30 % et d’un terrain avec une pente de 55 %.
Le terrain
Dans la section Connaître son adversaire, on mentionne que la topographie influence le comportement d’un feu de forêt et augmente les difficultés à le combattre. Il faut donc considérer ces facteurs dans l’aménagement d’un terrain.
Dans des conditions similaires, une habitation construite au bas d’une pente et entourée de combustibles sera moins vulnérable que celle située au centre ou au sommet de cette pente avec les mêmes combustibles aux alentours.
Éliminer les débris forestiers
Récupération
Le bois est récupérable, pensez à son potentiel d’utilisation comme matériau de construction ou encore comme bois de chauffage. Il ne faut pas oublier d’entreposer ce bois à au moins 10 mètres des bâtiments!
Dépôt de branches
Certaines municipalités offrent la possibilité de se débarrasser des débris et des branches dans des sites prévus à cette fin.
Déchiquetage
À la suite du déchiquetage des branches, les copeaux peuvent être utilisés pour faire du paillis, ce qui aura l’avantage de garder un bon taux d’humidité au sol, de stimuler la croissance des arbres restants et ainsi de prévenir l’érosion du sol dans les pentes. Cependant, les coûts du déchiquetage sont élevés.
Compostage
Le compostage de petits débris, tels que feuilles, copeaux et herbages, élimine l’émission des fumées causées par un brûlage. Certaines municipalités offrent la possibilité d’éliminer ces petits débris dans des sites prévus à cette fin.
Brûler de façon sécuritaire
Effectué dans de bonnes conditions, le brûlage du bois réduit les accumulations de débris et les dangers de feu en forêt. Il est préférable de laisser sécher le bois fraîchement coupé, car son taux d’humidité est élevé. L’automne est le moment propice pour le faire.
Informez-vous auprès de votre municipalité s’il y a une réglementation sur le brûlage. Certaines municipalités le permettent alors que d’autres l’interdisent en tout temps. De plus, le site Internet de la SOPFEU vous renseignera sur les dangers d’incendie dans toutes les régions du Québec.
Tenez compte des conditions climatiques telles que le vent, la sécheresse des combustibles environnants et la période du jour.
Depuis l’allumage du feu jusqu’à son extinction finale, assurez-vous d’avoir à proximité l’équipement nécessaire et d’exercer une surveillance étroite afin de prévenir toute échappée du feu. Assurez-vous également de bien l’éteindre avant de quitter les lieux.
Il est suggéré de faire le brûlage dans une installation prévue à cette fin. Un baril de brûlage peut s’avérer la meilleure solution. Cependant, voyez à ce qu’il soit muni d’un pare-étincelles avec des ouvertures ne dépassant pas 1 centimètre carré. Une bande d’un mètre tout autour du baril devrait être dégagée jusqu’au sol minéral. De plus, il devrait être situé à au moins 3 mètres de toute végétation et à 15 mètres des bâtiments environnants.
Pour des brûlages de plus grande envergure ou de type industriel, les matières destinées au brûlage ne doivent pas dépasser une hauteur de 2 mètres ni dépasser une superficie maximale de 6 mètres carrés. Un périmètre libre de tout matériau combustible mesurant cinq fois la hauteur de l’entassement des matières doit être dégagé autour de celui-ci.


Pour des brûlages de plus grande envergure ou de type industriel, le feu ne doit pas dépasser une hauteur de 2,5 mètres, et un périmètre libre de tout matériau combustible de 5 fois sa hauteur doit être dégagé autour de celui-ci.
Aménager le bâtiment
Les fondations
Pour empêcher un feu de surface de s’introduire sous un bâtiment, des fondations en béton, en blocs de béton ou en maçonnerie constituent des choix à privilégier. Si le bâtiment est sur pilotis (fondation ouverte), il est conseillé de fermer le dessous avec un matériau non combustible (tôle ou grillage métallique) afin qu’aucune matière combustible ne s’y introduise. Le dessous du bâtiment devrait être dégagé jusqu’au sol minéral. Aucune matière inflammable ne devrait s’y trouver (ex. : planches ou bois de chauffage).
Sur la photo suivante, même si le chalet a une toiture recouverte de tôle, certains éléments comportent un risque. À vous de les trouver.

Photo : SOPFEU
La toiture
Le choix de matériaux appropriés pour la toiture d’un bâtiment est d’une grande importance. Certains matériaux sont plus inflammables que d’autres et accroissent d’autant les risques liés au passage d’un feu de forêt. En règle générale, un feu produit des étincelles et des tisons qui sont facilement transportés dans l’air, parfois sur de longues distances.
Les revêtements de toit fabriqués en métal, en fibre de verre ou en grès offrent une protection hautement sécuritaire, alors que les bardeaux de cèdre sont plus inflammables. Les toits avec une forte inclinaison sont préférables aux toits plats. Pensez également à nettoyer les gouttières et la surface de la toiture afin d’éviter d’y retrouver des matières qui pourraient s’enflammer si des étincelles tombaient à ces endroits.
Pour empêcher les étincelles de s’introduire sous le toit, fermez les corniches et munissez les trous d’aération d’un grillage dont les orifices ne dépassent pas 1 centimètre carré.
Les murs
Lors du passage d’un feu, les murs sont également une partie très vulnérable d’un bâtiment. Les matériaux de revêtement les plus résistants sont la pierre, la brique, le stuc et la tôle, alors que le vinyle et le bois sont plus inflammables. Prenez soin de bien dégager les murs extérieurs jusqu’au sol minéral sur une distance d’un mètre.
Les portes et les fenêtres
Les fenêtres et les portes vitrées sont fragiles lorsqu’elles sont soumises à la chaleur dégagée par un feu. Si elles sont cassées, une étincelle ou un tison pourrait facilement pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Il faut donc privilégier des fenêtres doubles plus résistantes.
Le poêle et la cheminée
L’installation d’un poêle et d’une cheminée doit être faite selon les normes du code du bâtiment et celles prescrites par les compagnies d’assurance. Tout poêle à bois et tout foyer intérieur ou extérieur doivent avoir une cheminée ou un tuyau muni d’un pare-étincelles en bon état. Ce dernier doit être fabriqué de métal; ses ouvertures doivent avoir une dimension maximale de 1 centimètre carré. La végétation se trouvant dans un rayon de 3 mètres de l’ouverture de la cheminée doit être enlevée. Un dégagement de 0,6 mètre au-dessus de toutes les parties du toit est suggéré. Un ramonage annuel de la cheminée réduit les probabilités qu’un feu prenne naissance à l’intérieur de la cheminée.
La véranda ou le patio
Pour la véranda, il faut privilégier les matériaux suggérés pour les fondations, les murs et le toit du bâtiment. Utilisez des poteaux en métal ou en ciment et fermez le dessous avec un matériau non combustible. Un patio aménagé sur un sol minéral avec des dalles de ciment demeure cependant le choix le plus sécuritaire. Voyez également à enlever de la véranda ou du patio toute matière végétale, car des accumulations de feuilles ou de branches sont des combustibles potentiels.
L’entreposage du bois de chauffage et des autres matériaux
Le bois de chauffage ainsi que tous les matériaux de construction sont des combustibles. Ne les entreposez pas sous la véranda ou le patio, ou encore à côté d’un bâtiment. Ils doivent se trouver à une distance minimale de 10 mètres des bâtiments.
Les fils électriques
Les branches ou les arbres qui viennent en contact avec des fils électriques peuvent causer des incendies. Pour toutes informations relatives au dégagement des fils électriques, informez-vous à Hydro-Québec . Pour les propriétaires de lignes électriques privées situées en forêt, il est suggéré de bien les dégager.
Le réservoir à propane
Pour rendre sécuritaire un réservoir à gaz propane, il est conseillé de le dégager de toute végétation sur un périmètre de 3 mètres et de le placer à au moins 10 mètres des bâtiments. L’endroit où se trouvent les réservoirs à gaz propane doit être connu des services de protection contre les incendies. Informez ceux-ci de toute nouvelle installation. Il est important de suivre les recommandations d’entretien de ces réservoirs.

Photo : SOPFEU
S’équiper pour agir
La plupart des feux de forêt en zones périurbaines commencent accidentellement et sont de faible ampleur. Avec un équipement approprié, vous pourrez maîtriser rapidement un début d’incendie avant qu’il ne dégénère en incendie d’importance.
L’équipement d’attaque initiale est peu coûteux et, souvent, les outils que l’on possède déjà s’avèrent des plus utiles.
Ayez à proximité un tuyau d’arrosage assez long pour vous permettre de faire le tour de votre propriété ainsi qu’une échelle pour accéder au toit afin d’y installer un ensemble d’asperseurs.

Photo : SOPFEU
Les asperseurs sont couramment utilisés pour l’arrosage de la pelouse.
À l’approche d’un feu de forêt, l’asperseur est très efficace pour augmenter le taux d’humidité et ainsi réduire la vulnérabilité d’un bâtiment. Vous pouvez également en installer plusieurs autour de la propriété pour arroser les murs.

Photo : SOPFEU
Rappelez-vous qu’il est essentiel d’avoir de l’eau à proximité du bâtiment pour parer à toute éventualité. Un simple réservoir de 200 litres placé sous une gouttière peut constituer une réserve d’eau d’une grande utilité.