À la suite de la nomination du nouveau conseil des ministres, le Secteur des forêts relève désormais du ministère des Ressources naturelles et des Forêts alors que les secteurs de la faune et des parcs relèvent du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Les ajustements requis seront apportés progressivement au site Web.

Éclaircie commerciale d’une bétulaie à bouleau à papier de 100 ans en Mauricie : résultats 10 ans après la coupe

Mémoire de recherche forestière n° 184

Traditionnellement, au Québec, les bétulaies à bouleau à papier (Betula papyrifera Marshall) sont aménagées par coupe totale lorsqu’elles atteignent la classe d’âge de 70 ans. Comme cette espèce peut vivre plus de 200 ans, l’éclaircie commerciale pourrait être un moyen d’augmenter la valeur en bois d’oeuvre de ces peuplements. Trois traitements ont été comparés dans une bétulaie à bouleau à papier de 100 ans près de La Tuque, en Mauricie (type écologique MJ22, indice de qualité de station de 18,2 m) : un témoin sans prélèvement (Témoin), une éclaircie de moyenne intensité avec prélèvement de 35 % du volume (EC35; surface terrière résiduelle : 18 m2/ha) et une éclaircie de forte intensité avec prélèvement de 50 % du volume (EC50; surface terrière résiduelle : 14 m2/ha).

La distribution diamétrale initiale du bouleau à papier diminuait avec l’augmentation de sa grosseur. Plusieurs petits bouleaux à papier (diamètre à hauteur de poitrine [DHP] de 9 à 12 cm) étaient âgés de plus de 75 ans. Près des trois quarts (soit un peu moins de la moitié de la surface terrière des bouleaux à papier du peuplement) n’avaient pas le DHP minimal requis (23,1 cm) pour produire une bille de sciage. Sur la trentaine de bouleaux à papier à l’hectare de DHP ≥ 33,1 cm, à peine 20 % étaient
de qualité A ou B de sciage.

Après 10 ans, dans les parcelles témoins, l’accroissement en diamètre des bouleaux à papier augmentait significativement avec leur grosseur, alors que dans les parcelles éclaircies, cette relation entre l’accroissement et la grosseur variait en fonction de la structure diamétrale des parcelles. Ainsi, l’accroissement décennal en diamètre d’un bouleau à papier de DHP de 15 cm variait en moyenne de 1,0 à 1,3 cm dans les parcelles témoins, de 1,6 à 1,8 cm dans celles de l’EC35 et de 2,0 à 2,6 cm dans celles
de l’EC50. Par comparaison, les valeurs correspondantes pour un bouleau de DHP de 30 cm étaient de 2,0 à 2,6 cm, de 2,3 à 3,3 cm et de 2,0 à 4,1 cm.

Pour les bouleaux à papier de dimensions de sciage (DHP ≥ 23,1 cm), la production décennale nette a été en moyenne de 3,1 m2/ha pour le Témoin, de 3,9 m2/ha pour l’EC35 et 2,8 m2/ha pour l’EC50. Les traitements ne différaient pas significativement quant aux composantes de la production, sauf en ce qui concerne la mortalité, qui a été plus forte pour le Témoin. À la suite des éclaircies, seulement quelques bouleaux à papier à l’hectare ont développé des branches adventives à moins de 5,5 m de hauteur sur le fût. Comme le bouleau à papier est sensible au dépérissement après une coupe partielle et que l’armillaire ( Armillaria (Fr.) Staude) peut contribuer à ce phénomène, les sporophores de ce champignon ont été inventoriés. Dès la première année après la coupe, ils ont été observés sur les souches des bouleaux à papier abattus. Dix ans plus tard, ils étaient présents sur la moitié d’entre elles, en particulier les plus grosses.

Dans cette bétulaie de 100 ans, l’éclaircie de moyenne intensité semble préférable à celle de forte intensité pour augmenter la production de bouleaux à papier de haute qualité. À partir de ces résultats, il ne faut pas présumer que les éclaircies doivent se pratiquer à un âge avancé dans les bétulaies à bouleaux à papier, bien au contraire. Comme la croissance en diamètre culmine très tôt dans la vie du bouleau à papier et qu’elle diminue ensuite, les interventions sylvicoles devraient être concentrées en bas âge afin d’exploiter au maximum le potentiel de croissance de cette espèce.

Comprendre l’évolution des tourbières de la pessière à mousses de l’Ouest

Avis de recherche forestière n° 150

Les tourbières abondent dans le sous-domaine bioclimatique de la pessière à mousses de l’Ouest et certaines d’entre elles sont recouvertes de forêts productives justifiant une récolte de matière ligneuse. Les études paléoécologiques révèlent que l’évolution millénaire de cet écosystème est issue d’interactions complexes entre les feux, la topographie et le climat. Dans le contexte des changements climatiques, il est probable que les tourbières s’assècheront et seront colonisées davantage par les conifères. Elles pourraient donc devenir plus vulnérables aux feux, et ainsi transformer ces grands réservoirs de carbone en une importante source de gaz à effet de serre. Ces nouvelles connaissances permettront d’améliorer les pratiques sylvicoles, notamment en considérant la fonction de séquestration de carbone dans ces milieux.

Des trouées sylvicoles pour favoriser la réussite de la plantation d’enrichissement en épinette rouge

Avis de recherche forestière n° 154

La plantation d’enrichissement en épinette rouge peut compenser un manque de régénération ou permettre la réintroduction de l’espèce. Toutefois, la survie et la croissance de l’épinette rouge plantée sont habituellement meilleures dans les ouvertures de couvert plutôt que sous un couvert partiel uniforme parce que les plants de pépinières sont déjà acclimatés aux conditions de pleine lumière. Ainsi, la plantation d’épinette rouge dans les trouées issues de coupes partielles, telle la coupe de jardinage par pieds d’arbres et groupes d’arbres, pourrait se révéler une solution efficace pour enrichir les peuplements inéquiennes ou irréguliers.

Le bon produit chaulant pour mon érablière

Paru dans Progrès forestier 223(été): 12-13. 

Le déséquilibre minéral dans le sol des érablières, de même que l’action du chaulage sur la croissance des arbres et la régénération se situent au coeur des préoccupations des acériculteurs depuis plus de 15 ans. Des études réalisées dans l’État du Vermont et au Québec indiquent que le chaulage est la meilleure façon de corriger le déséquilibre des sols et aussi leur acidification, qui est causée entre autres choses par les précipitations acides. D’ailleurs, le système DELFES a été mis au point par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) pour déterminer les bons amendements à recommander en fonction des résultats des analyses de sol et du feuillage des érables à sucre.

Enracinement des boutures de différentes familles d’épinette blanche en réponse à la fertilisation en bore de pieds-mères en pépinière forestière

Note de recherche forestière n° 155

La fertilisation en bore des pieds-mères est déterminante pour assurer des concentrations foliaires en bore adéquates et favoriser l’enracinement des boutures produites. L’objectif de cette étude est de comparer l’enracinement et la qualité morphophysiologique des boutures d’épinette blanche (Picea glauca (Moench) Voss) prélevées sur des pieds-mères issus de 10 familles biparentales ayant reçu différents traitements de fertilisation en bore (Témoin : 0 mg B/plant; Bore 1 : 0,095 mg B/plant; Bore 2 : 0,190 mg B/plant) au cours des deux années de culture précédentes (1+0 et 2+0).

À la fin des 12 semaines d’enracinement, plusieurs variables d’enracinement et de croissance (nombre de branches latérales débourrées, masse sèche totale et celle des racines et des parties
aériennes, et accroissement de la masse sèche des parties aériennes) avaient une moyenne significativement plus élevée pour les boutures des deux traitements de fertilisation en bore que
pour celles du traitement Témoin. En moyenne, les boutures du traitement Bore 2 avaient une masse racinaire 23,4 % plus grande que celles du Témoin. L’effet significatif de la famille sur le taux d’enracinement indique que celui-ci est sous contrôle génétique, et l’absence d’interaction significative famille × traitement pour cette variable montre que l’effet familial était le même pour tous les traitements de fertilisation en bore. À la fin de la phase d’enracinement, la concentration en bore des parties aériennes des boutures avait diminué de 19 %, 41 % et 43 %, respectivement, pour les traitements Témoin, Bore 1 et Bore 2, par rapport à la concentration initiale.

Ces résultats montrent que l’épinette blanche est exigeante en bore. Le calendrier de fertilisation en bore du traitement Bore 2 pourrait être appliqué pour la production de plants et de piedsmères de différentes sources génétiques (vergers, familles et clones somatiques) de cette espèce, sans que des effets négatifs sur la croissance soient à craindre.