par Marie-Claude Boileau | 18 juin 2024
Mémoire de recherche no 190
De 1995 à 1999, un réseau de suivi provincial a été établi pour mesurer les effets réels des coupes de jardinage exécutées dans les forêts du domaine de l’État. L’objectif était de vérifier si les hypothèses énoncées dans le Manuel d’aménagement forestier (MAF) relatives à la production se confirmeraient à la suite de l’application de ce traitement en conditions opérationnelles. Les hypothèses principales du MAF étaient que le volume marchand brut (VMB) et le volume de bois d’œuvre des essences principales pourraient se reconstituer au cours de la période de rotation prévue de 20 ± 5 ans. La présente étude vise principalement à présenter les résultats observés régionalement au terme de cette période et de les comparer aux hypothèses du MAF ainsi qu’aux résultats prévus par les plus récents modèles de croissance.
Nos résultats permettent de préciser les types de prélèvement possibles selon la durée de rotation souhaitée pour quelques scénarios sylvicoles visant la production de bois d’œuvre en forêt décidue : ils confirment les hypothèses du MAF (reconstitution du volume en 20 ± 5 ans) pour les érablières à bouleau jaune situées dans les Appalaches (végétation potentielle FE3, régions écologiques 3d, 4f et 4h) et pour les bétulaies jaunes à sapin (végétation potentielle MJ2), c’est-à-dire pour les groupes de peuplements dans lesquels les prélèvements étaient les plus faibles (environ 70 m3·ha−1 en VMB et 4 m3·ha−1 en volume DF1F2, soit le bois d’œuvre feuillu de grande valeur de 4 essences désirées). À l’opposé, la rotation requise pour reconstituer les volumes initiaux pourrait approcher 50 ans dans les érablières à bouleau jaune des collines du lac Nominingue (végétation potentielle FE3, région écologique 3b), dans lesquelles les prélèvements étaient les plus importants (110 m3·ha−1 en VMB et 12 m3·ha−1 en volume DF1F2). Lorsqu’ils ne sont pas sujets à une perturbation majeure, les autres groupes de peuplements à l’étude devraient prendre 30 ± 5 ans pour reconstituer les volumes prélevés (environ 80 m3·ha−1 en VMB et 8 m3·ha−1 en volume DF1F2).
Les modèles de croissance ont des biais relativement faibles (de 10 % à 18 % selon le cas) et tendent à sous-estimer plutôt qu’à surestimer la surface terrière et le VMB dans l’ensemble des groupes de peuplements. Les aménagistes forestiers ont donc en main des outils appropriés pour bien planifier les rotations de coupes partielles dans les érablières à bouleau jaune et les bétulaies jaunes à sapin du Québec.
Un autre objectif de l’étude était de présenter le volume DF1F2, le volume sur pied et l’accroissement en volume dans ces peuplements, afin de les comparer à ceux publiés en 2014 à partir de l’exercice de modélisation inclus dans le rapport du Comité sur l’impact des modalités opérationnelles des traitements en forêt feuillue (CIMOTFF). Nos résultats démontrent que même si la modélisation du CIMOTFF était peu biaisée à l’échelle provinciale (surestimation de 4 % du volume DF1F2), des écarts de volume allant jusqu’à 30 % existaient entre les groupes de peuplements. De plus, l’utilisation de nouveaux modèles d’évaluation du volume DF1F2 dans les arbres engendre une diminution d’environ 18 % de ce volume dans les peuplements à l’étude, comparativement aux estimations faites par les modèles en vigueur lors des travaux du CIMOTFF. Par conséquent, nous recommandons de cesser l’utilisation de la modélisation de l’évolution du volume DF1F2 présentée par le CIMOTFF et d’utiliser plutôt les modèles de la présente étude.
par Audrey Verreault | 14 juin 2024
Note de recherche forestière no 163
Les matières résiduelles fertilisantes (MRF) constituent une solution de rechange intéressante à l’utilisation d’engrais de synthèse et de chaux, tant sur le plan économique qu’environnemental. Nous avons échantillonné 12 blocs expérimentaux dans des érablières en Estrie (Québec, Canada) où l’on avait effectué une coupe partielle et où, 1 à 4 ans après celle-ci, on avait épandu 25 Mg·ha−1 d’une MRF composée essentiellement de cendres de bois et de lie de liqueur verte, sur environ la moitié de la surface de chaque bloc. Les sols de ces blocs montraient généralement une carence en calcium. Nous avons mesuré la croissance en surface terrière des érables à sucre résiduels dans les 2 parcelles de chaque bloc avant l’application de la coupe partielle, après la coupe, puis de 2 à 6 ans après la fertilisation. La coupe partielle a entraîné une augmentation de croissance de 22 % par rapport à celle avant intervention. Les résultats indiquent que la réaction de croissance après fertilisation est très variable selon le bloc et la classe de diamètre à hauteur de poitrine (DHP) des arbres. C’est seulement chez 70 % des arbres dont le DHP était inférieur à 30 cm que nous avons détecté que l’accroissement en surface terrière tendait à augmenter (de l’ordre de 1 cm2·an−1) après la fertilisation, par rapport aux arbres éclaircis seulement. Chez les arbres ayant un DHP de plus de 30 cm, la réponse observée à la fertilisation a plutôt été une baisse de croissance radiale.
par Audrey Verreault | 14 juin 2024
Note de recherche forestière no 162
Nous rapportons les résultats de l’analyse de la croissance en surface terrière de l’érable à sucre (Acer saccharum Marshall), 6 ans après le creusage de fossés de drainage de surface dans 3 érablières de la région de l’Estrie au Québec (Canada). L’installation de ces fossés fait suite à l’observation, au cours des années 2010, du dépérissement des érables en raison d’un drainage déficient des sols. Ces sols avaient une texture loameuse à argileuse et une faible perméabilité intrinsèque. Les fossés devaient capter une partie des eaux de surface afin d’améliorer le drainage dans les 30 à 40 premiers centimètres de la surface du sol. L’analyse des carottes de sondage prélevées dans des troncs d’érables dans les 3 érablières indique qu’au cours des 6 années suivant le creusage des fossés, l’accroissement des arbres a diminué de 41 %, en moyenne, par rapport aux valeurs des 14 années précédant l’opération. La baisse de croissance a touché principalement les arbres de la classe de diamètre à hauteur de poitrine (DHP) de 25 à 40 cm et dans une moindre mesure, ceux de la classe de DHP de 10 à 25 cm. L’analyse des données météorologiques indique qu’entre les décennies 1960 et 2010, la quantité et la fréquence des précipitations ont augmenté significativement, tout comme les indices de saturation en eau du sol. Ces changements climatiques expliquent en partie l’apparition des problèmes de dépérissement forestier et de drainage déficient. Des travaux sylvicoles réalisés une dizaine d’années avant le creusage des fossés ont pu contribuer aussi à compacter le sol et à réduire sa perméabilité. Une étude plus élaborée s’avérerait utile pour départager l’effet des fossés de drainage de celui des changements des précipitations sur la vigueur et la croissance des érables à sucre dans ces érablières au sol peu perméable provenant de tills glaciaires.
par Claire Morin | 12 juin 2024
La rainette faux-grillon est un petit anoure dont la taille réduite, la coloration et le comportement cryptique compliquent la détection. L’écoute des chants de reproduction demeure pour ces raisons la meilleure méthode pour déceler la présence et déterminer l’abondance relative de cette espèce dans un milieu donné. Étant donné son fort déclin au Québec, cette espèce menacée fait l’objet d’un suivi des populations permanent, mis en place en 2008 par le gouvernement du Québec. Les inventaires doivent être réalisés sur le long terme pour permettre de déceler des déclins ou des croissances et de mieux évaluer la viabilité des populations.
Les principaux objectifs de ce protocole sont : 1) Détecter les variations dans la répartition spatiale (occupation) de l’espèce et 2) Détecter les variations dans son abondance relative (répartition temporelle).
Il a été écrit dans le but d’accompagner les biologistes et les techniciens de la faune du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et leurs collaborateurs dans la réalisation du programme de suivi à long terme des populations de rainettes faux-grillon dans le sud du Québec.
par Claire Morin | 12 juin 2024
Ce rapport a comme objectif de regrouper l’information et de rendre accessible la méthodologie et les résultats de suivi de la plus grande héronnière du Québec. Les inventaires terrestres ont été réalisés entre 1975 et 2011 sur La Grande Île, située à Saint-Ignace-de-Loyola dans la région de Lanaudière. On y présente le dénombrement et la localisation des nids, une description de l’habitat ainsi que les principales menaces reliées à la protection des espèces nicheuses.