par Claire Morin | 30 janvier 2019
Paru dans Geo-Eco-Trop 37(2): 157-176
Pour mieux comprendre les fondements écophysiologiques du dépérissement du Cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica M.) au Moyen Atlas Tabulaire au Maroc, un dispositif expérimental a été installé dans deux cédraies pour analyser, sous différentes conditions écologiques et climatiques, quelques paramètres des relations hydriques des arbres sains et des arbres dépérissants.
Les paramètres des relations hydriques des arbres du cèdre sont liés significativement aux changements des conditions climatiques, à la diversité des habitats, à la disponibilité en eau des sols, à la phénologie des arbres et à leur état de santé. Les arbres visiblement dépérissants se sont démarqués significativement des arbres sains par un potentiel hydique pré-aube et un potentiel hydrique de midi plus négatifs et une amplitude journalière du potentiel hydrique généralement plus élevée. Les différences entre arbres sains et dépérissants sont plus évidentes lorsque la teneur en eau des sols diminue. Les arbres sur substrat basaltique n’ont pas été visiblement stressés contrairement à ceux sur substrat calcaire et dolomitique. Le potentiel hydrique critique est de l’ordre de -30 bars indiquant le caractère anisohydrique du cèdre de l’Atlas.
Ces résultats montrent la nécessité d’adopter une stratégie pour l’aménagement des cédraies du Moyen Atlas basée sur l’application de traitements sylvicoles appropriés et d’intégrer un programme de sélection génétique pour l’identification de génotypes plus adaptés aux stress environnementaux et aux perspectives des changements climatiques pour la reconstitution des cédraies dégradées.
par Svetlana Savin | 30 janvier 2019
Fiche d’aide à la décision DAEF2-067-F-08
par André Boily | 30 janvier 2019
Rapport du ministère des Ressources naturelles, Direction de la recherche forestière, Herbier du Québec. 218 p.
par Audrey Verreault | 30 janvier 2019
Rapport technique
La forêt feuillue et mélangée méridionale est, depuis toujours, une source de richesse pour la société. Cependant, des inquiétudes sur sa capacité à générer des bois de qualité dans les essences désirées en fonction des modalités des traitements sylvicoles qui y sont appliquées sont exprimées périodiquement.
Des modalités de traitements, qualifiées de traitements alternatifs en forêt feuillue, ont été autorisées de façon temporaire depuis quelques années. Le Ministère veut s’assurer que ces traitements n’ont pas de conséquences néfastes sur la durabilité des forêts, le calcul de possibilité forestière et les attributs de forêts jugés importants pour l’atteinte des objectifs de l’aménagement écosystémique. On veut notamment s’assurer qu’un prélèvement accru du capital forestier en croissance ne reproduise pas les effets de la coupe à diamètre limite qui a mené, dans certains cas, à une baisse de la qualité des bois.
Il est donc justifié de se poser certaines questions :
- La durabilité des forêts (en quantité, en qualité et composition forestière) est-elle assurée même si l’on augmente le prélèvement du capital forestier en croissance?
- Qu’est-ce que le diamètre de maturité pour un feuillu de valeur?
- Peut-on maintenir la valeur des récoltes à long terme?
Le Ministère a mis sur pied le Comité sur l’impact des modalités opérationnelles des traitements en forêt feuillue (CIMOTFF) afin d’évaluer ces questions. Il existe une grande variété de possibilités en ce qui concerne tant l’état initial des peuplements, les modalités d’intervention que les effets sur diverses variables qui auraient pu être analysées. Ce comité s’est doté d’un cadre conceptuel d’analyse et a formulé des hypothèses de travail. Il a choisi d’étudier quatre modalités, sélectionnées parmi celles qui ont été les plus appliquées au cours des dernières années et qui sont susceptibles d’avoir des effets importants sur les rendements à long terme en bois d’œuvre et la valeur de celui-ci. Ces modalités sont :
- augmenter le prélèvement;
- récolter davantage de gros arbres de qualité;
- laisser sur pied des essences ou des arbres sans preneur;
- implanter un réseau de sentiers de débardage plus important avec un espacement systémique.
Un plan de mise en œuvre des recommandations formulées par le comité sera bientôt déployé dans les régions touchées.
par Claire Morin | 30 janvier 2019
Mémoire de recherche forestière n° 173
À l’échelle planétaire, les changements climatiques affectent déjà les écosystèmes forestiers, tant à l’égard des processus écologiques qui s’y déroulent que de l’assemblage des espèces qui les composent. La forêt du Québec, de par sa position septentrionale, pourrait être l’un des écosystèmes les plus touchés par le réchauffement du climat. On s’attend à ce que de nouvelles espèces y trouvent refuge tandis que d’autres, déjà présentes, y soient localement défavorisées par les nouvelles conditions climatiques, essentiellement dans la partie la plus méridionale de leur aire de répartition actuelle. Cette étude utilise la modélisation des habitats pour anticiper l’effet des changements climatiques sur la répartition potentielle des espèces arborescentes au Québec et en périphérie.
Les résultats montrent qu’en général, les modèles d’habitats sont capables de reproduire adéquatement les répartitions observées à la fin du 20e siècle (période de référence = 1961‑1990), avec une erreur moyenne de classement en présence-absence de 13 % pour les 120 espèces étudiées. Les projections futures (horizon 2100) indiquent que 14 des 49 espèces qui étaient présentes au Québec à la fin du 20e siècle pourraient devenir mésadaptées aux nouvelles conditions climatiques sur plus de 50 % de l’aire de répartition qui était alors la leur. Certaines, telles que le pin gris ( Pinus banksiana Lamb.), l’épinette blanche ( Picea glauca [Moench]Voss), le mélèze laricin ( Larix laricina [Du Roi] K. Koch) et le sapin baumier ( Abies balsamea [L.] Mill), présenteront même des risques sérieux de dépérissement sur plus de 20 % du territoire qu’elles occupaient alors (c’est-à-dire que les conditions climatiques futures deviendraient suffisamment défavorables pour compromettre leur maintien sur ces territoires). Cependant, la grande diversité génétique intraspécifique des arbres pourrait permettre à certains individus de la majorité des espèces de survivre, et ce, même dans les territoires où les conditions futures leur deviendraient adverses. D’autres espèces, au contraire, ne devraient pas être directement affectées par les changements climatiques puisque les projections indiquent que le climat de la fin du 21e siècle sera au moins aussi favorable à leur présence qu’à la fin du 20e siècle, et ce, sur l’ensemble du territoire qu’elles occupaient alors. À l’exception du pin à cônes piquants (Pinus pungens Lamb.), ces 14 espèces sont des feuillus peu répandus au Québec, hormis l’érable rouge (Acer rubrum L.) qui est plus commun. Par ailleurs, d’ici la fin du 21e siècle, 41 nouvelles espèces arborescentes pourraient trouver au Québec des conditions environnementales favorables à leur présence. Si toutes étaient capables de s’installer et de croître dans ces nouveaux territoires, le nombre d’espèces arborescentes présentes au Québec pourrait quasiment doubler en un siècle. Cependant, tout laisse croire que les espèces arborescentes ne pourront pas se déplacer au même rythme que leur enveloppe climatique favorable, et que pour cette raison, ce nombre est probablement surestimé. Ces résultats devraient guider les aménagistes lors du choix des espèces à favoriser dans le paysage ou pour le reboisement, pour mieux prendre en compte les effets des changements climatiques lors de l’aménagement écosystémique des forêts du Québec.