Mise à l’échelle opérationnelle du traitement hâtif de jours courts sur la morpho-physiologie et l’insuffisance racinaire des plants d’épinette noire (1+0) produits en tunnel

par André Boily | 30 janvier 2019

Mémoire de recherche forestière n° 154

Afin de diminuer la quantité de plants rejetés à cause de l’insuffisance racinaire et l’absence de cohésion de la carotte des racines, un traitement de jours courts a été appliqué à une culture d’épinette noire (1+0) (Picea mariana [Mill.] B.S.P.) produite en récipients (conteneurs) (IPL 67-50), en pépinière forestière. L’objectif de ce traitement était d’augmenter la masse des racines et l’allocation de la matière sèche vers les racines des plants.

L’évaluation continue des variables de croissance et l’élaboration de modèles logistiques ont montré l’effet immédiat du traitement de jours courts d’arrêter la croissance en hauteur et d’induire la formation de bourgeons. Les modèles logistiques conçus pour les deux traitements seront utilisés comme standards de croissance. L’intégration de ces modèles dans le logiciel Plantec2 en est l’application pratique. Ce traitement a également augmenté de façon significative l’allocation de la matière sèche vers les racines, le contenu en glucides, ainsi que la masse sèche des racines. Les modèles allométriques ont démontré que le recours au traitement de jours courts en été augmentait l’accroissement moyen de la masse des racines de 25 % par rapport au traitement témoin et ce, tout au long de la saison de croissance et cela pour une même masse de la partie aérienne, ce qui améliore donc la croissance des racines et la cohésion de la motte des racines de façon significative. L’évaluation de la qualité des plants a montré que le taux de conformité des plants d’épinette noire (1+0) soumis au traitement de jours courts était significativement supérieur (90,8 %) à celui du traitement témoin (70,5 %). À la fin de la saison de croissance, les concentrations moyennes en éléments minéraux des parties aériennes ne montraient pas de différences importantes entre les deux traitements, mais montraient un léger effet de dilution dans les plants témoins. Par contre, les concentrations en minéraux des racines, à la fin de la saison de croissance, étaient identiques pour les deux traitements. L’absence de débourrement consécutif au traitement de jours courts pourrait être expliquée par un contrôle rigoureux de la fertilité et des teneurs en eau du substrat tout au long de la saison de croissance, ainsi que par le choix judicieux d’une provenance de semences dont la réaction au traitement de jours courts est très forte. Nos observations ont révélé que le débourrement consécutif au traitement de jours courts variait selon l’origine génétique des semences de l’épinette noire et que l’application du traitement de jours courts en phase de croissance active (début juillet) ne garantissait pas un arrêt de croissance définitif tout au long de la saison de croissance. Cependant, une optimisation et un suivi attentif des régies de fertilisation et d’irrigation tout au long de la saison de croissance s’avéraient nécessaires pour atteindre les résultats recherchés par ce traitement. Le traitement de jours courts ne pouvait pas à lui seul améliorer la cohésion de la carotte et réduire le taux de rejet des plants attribuable à l’insuffisance racinaire. Il est essentiel que le pépiniériste apporte une attention particulière à toutes les étapes et techniques de production de plants.