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Béluga. © GREMM.

Pleins feux sur… le béluga : portrait d’une espèce « en danger »

Tu as peut-être déjà vu un béluga (Delphinapterus leucas) lors de ta traversée de la rivière Saguenay? Savais-tu que ce mammifère marin a déjà fait l’objet d’une campagne d’éradication? Au début du 20e siècle, il était considéré comme l’ennemi numéro un des pêcheurs qui l’accusaient, à tort, de manger les morues. Pour chaque queue de béluga, le pêcheur recevait une prime de 15 $ du ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries. Cette mesure a pris fin vers les années 50. Mais le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent n’était pas au bout de ses peines. La chasse « sportive » s’est poursuivie jusque dans les années 70. En 1979, voyant le déclin important de la population de bélugas, le gouvernement du Canada en interdit officiellement la chasse dans le Saint-Laurent. On estimait alors qu’il ne restait pas plus de 300 bélugas dans cette population. Qu’en est-il aujourd’hui?

Une population de bélugas

Troupeau de bélugas. © GREMM.

Tout d’abord, pour bien comprendre la situation, il faut savoir ce qu’est une population. Les bélugas sont des animaux sociaux, ils vivent en groupes appelés « troupeaux ». Plusieurs troupeaux forment une population. Une population, c’est un ensemble d’individus d’une même espèce qui se reproduisent entre eux, qui occupent un territoire donné et qui présentent des caractéristiques communes.

Selon les connaissances actuelles, au Canada, il y a sept populations de bélugas, dont deux au Nunavik et une dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent. Le lieu de naissance donne son nom à la population. Par exemple, la population de la baie d’Ungava s’appelle ainsi car les bélugas qui composent cette population sont nés dans cette baie.

Les bélugas d’une population sont natifs d’un endroit en particulier et ils passent l’été à cet endroit. Les bélugas d’une même population se reproduisent entre eux. Ils ne se mêlent pas aux bélugas des autres populations au moment de la reproduction. Par contre, lors de leurs déplacements en hiver, certaines populations du Nunavik se regroupent. Ainsi, la population de l’ouest de la baie d’Hudson se mêle à celle de l’est de cette baie et à celle de la baie d’Ungava lors de sa migration. La population de l’estuaire du Saint-Laurent, quant à elle, est isolée des autres. En raison de son isolement, elle est unique au monde. Sa présence dans le fleuve contribue de façon importante à la biodiversité de la faune québécoise.

Carte des populations de bélugas au Canada. © COSEPAC.

Des populations à protéger

Pourquoi tant parler de populations? Parce que ce sont des populations qui se retrouvent en situation précaire et que des mesures peuvent être prises pour les protéger. Mais avant, les biologistes doivent distinguer les populations. Comment faire? En utilisant l’ADN!

Bélugas. © GREMM.

Ce sont les chasseurs inuits qui fournissent aux biologistes les échantillons de peau des bélugas du Nunavik. La chasse à des fins alimentaires est toujours autorisée dans certaines zones, par exemple dans le détroit d’Hudson. Le ministère des Pêches et Océans Canada a cependant établi des règles à suivre pour la chasse. Au Canada, c’est ce ministère qui gère les mammifères marins et les activités de chasse de ces animaux. Lors de la chasse, les Inuits ignorent à qui ils ont affaire… est-ce un béluga de l’est ou de l’ouest de la baie d’Hudson qui passe à portée de fusil? Tous les bélugas se ressemblent à peu de choses près… Les biologistes estiment que la population de la baie d’Ungava est en voie de disparition, ce qui veut dire que cette population est exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente. Comment la protéger tout en maintenant les activités de chasse traditionnelles des communautés inuites? Il faut savoir combien de bélugas de chaque population sont récoltés.

Les résultats des analyses d’ADN indiquent que les bélugas de l’ouest de la baie d’Hudson sont très différents des bélugas de l’est de la baie d’Hudson. Les études se poursuivent avec la collaboration des communautés inuites.

La population de bélugas du Saint-Laurent

Troupeau de bélugas. © GREMM.

Pour obtenir un échantillon de peau des bélugas du Saint-Laurent, les biologistes de l’Institut Maurice-Lamontagne, à Mont-Joli, utilisent une arbalète avec une fléchette munie d’un dard. Ils prélèvent ainsi quelques milligrammes de peau et de gras, sans immobiliser la baleine et sans la déranger plus de quelques secondes. Les biologistes ont ainsi découvert plusieurs produits chimiques, tels que le mercure, le plomb et le DDT, dans les tissus des bélugas du Saint-Laurent. Des cancers et des tumeurs ont été observés sur les carcasses d’animaux échoués. Le dérangement causé par le transport maritime et les activités nautiques est également une menace et augmente les risques de collision. La contamination par des substances toxiques d’origine industrielle et agricole ainsi que le dérangement causé par les activités récréatives et par le trafic maritime constituent les principaux facteurs qui limitent le rétablissement de la population de bélugas du Saint-Laurent. De plus, le béluga est extrêmement sensible au bruit.

Les gouvernements et les lois pour les espèces en danger

Bélugas. © GREMM.

Les gouvernements se préoccupent des espèces fauniques et peuvent adopter des lois pour les protéger. Au Canada, c’est le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) qui évalue et recommande l’inscription des espèces en péril sur la liste officielle de la Loi sur les espèces en péril. Ce comité est composé de représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux, d’organismes fédéraux, de scientifiques et d’Autochtones, et les connaissances traditionnelles sont prises en considération.

Au Québec, il existe aussi une loi pour protéger la biodiversité de la province : la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables . Les statuts d’espèces menacées ou vulnérables sont déterminés par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) que ce soit pour les espèces fauniques ou floristiques.  

Les espèces sur cette liste font l’objet d’une attention particulière lors d’un projet de développement. La liste peut être modifiée selon l’état des connaissances. Les espèces sont désignées légalement à partir de cette liste. Les statuts accordés aux populations de bélugas peuvent varier selon les lois.

Au Québec, la population de bélugas du Saint-Laurent a été désignée comme « menacée » pour plusieurs raisons :

  • cette population est isolée des autres bélugas nordiques;
  • son aire de répartition est restreinte au fleuve Saint-Laurent seulement;
  • l’espèce est peu prolifique; une femelle aura seulement 5 petits au cours de sa vie;
  • le dérangement et la concentration de polluants dans les tissus des animaux.

Si la situation change, le statut de l’espèce peut aussi être modifié. Ainsi, selon le COSEPAC, la population de l’est de la baie d’Hudson est passée de « menacée » en 1988 à « en voie de disparition » en 2004 pour être à nouveau désignée « menacée » en novembre 2020.

Il paraît que…

  • À l’automne 2001, un squelette de béluga a été découvert dans un fossé à Saint-Félix-de-Valois, au nord-est de Montréal. Il s’agit d’un fossile d’un animal qui a vécu il y a 10 000 ans dans la mer de Champlain.
  • On le surnomme le canari des mers, le marsouin blanc, la baleine blanche, le bélouga. Le nom commun béluga est d’origine russe (belukha ou bieloukha) et il signifie blanc.
  • La liste des espèces fauniques susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables contient présentement 115 espèces, sous-espèces ou populations. 
  • Les bélugas ont une distribution circumpolaire. Le Saint-Laurent est la limite sud de leur distribution mondiale.
  • Dans le Saint-Laurent, le béluga est protégé dans les limites du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent : on ne peut l’approcher à moins de 400 m.
  • En 1535, Jacques Cartier navigue sur une rivière où il remarque de drôles de poissons blancs à la tête ressemblant à celle des lévriers anglais. C’était probablement des bélugas du Saint-Laurent.

Pour en savoir plus…

Découverte – Radio-Canada

Baleines en direct

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)

Série documentaire – Productions Vic Pelletier inc.

COSEPAC

Pêches et Océans du Canada