Pleins feux sur… la chasse et le patrimoine faunique
Tu connais le sens du mot « patrimoine »? On l’utilise à plusieurs sauces, mais ici le sens visé est le suivant : « Ce que nous ont laissé nos ancêtres et qui identifie notre culture ». Ce terme est souvent associé aux vieux édifices, aux églises et aux livres anciens. On associe aussi le terme patrimoine aux milieux agricoles, industriels et religieux, mais il s’applique à tous les domaines de la vie. Tes jeux vidéo sont peut-être du patrimoine de demain!
Le patrimoine s’exprime sous plusieurs facettes. Le patrimoine matériel représente tout ce qu’on peut toucher, ce qu’on peut restaurer, protéger, exposer, visiter, etc. Les bâtiments, les outils et les livres en sont de bons exemples. Le patrimoine immatériel regroupe tout ce qu’on ne peut toucher, comme les événements, les contes et légendes, les histoires, la musique, etc.
Au Québec, plusieurs éléments patrimoniaux figurent dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec (RPCQ). La notion de patrimoine s’étend cependant bien plus loin. L’appeauAppeau : instrument utilisé à la chasse pour imiter les cris des animaux. de ton arrière-grand-père, dans le vieux hangar, fait partie du patrimoine matériel. Il pourrait être reconnu s’il était répertorié, restauré et mis en valeur.
Lorsqu’on parle de faune, on se doit de considérer le patrimoine naturel, soit les espèces elles-mêmes (les populations, les écotypes, etc.) ainsi que les paysages et les écosystèmes dans lesquels ils évoluent.
Voilà pour la notion générale de patrimoine. Approfondissons maintenant le patrimoine faunique en débutant par celui lié à la chasse.
La chasse et le patrimoine faunique matériel
Depuis toujours, les humains ont inventé toutes sortes d’outils de nettoyage, d’appeaux, d’embarcations et d’armes pour récolter leur gibier. On pense en particulier aux arcs et aux flèches des Autochtones, autant qu’aux premiers fusils apportés par les explorateurs européens. Prenons comme exemple ce fusil de chasse ou encore cet appeau servant à appeler l’orignal. Ces deux éléments se retrouvent dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
Plusieurs camps de chasse et bâtiments historiques peuvent aussi être considérés comme patrimoniaux; la maison Jean-Baptiste Riel , dans la vallée de la Gatineau, est un bon exemple d’un bâtiment qui est lié à un club de chasse et de pêche.
Et même si les bâtiments ne sont pas encore sur la liste du Répertoire du patrimoine culturel du Québec, les municipalités peuvent les protéger et les mettre en valeur en tant que biens culturels régionaux. Est-ce que tu connais un bâtiment historique lié à la chasse dans ta ville, dans ta région?
La chasse et le patrimoine faunique immatériel
Tu as sûrement déjà entendu une bonne histoire de chasse. Mais elle n’est pas nécessairement du patrimoine. Quoiqu’elle peut le devenir! Tout ce qui peut se transmettre oralement comme les contes et les légendes peuvent devenir patrimoine; on parle alors de patrimoine immatériel.
Prenons par exemple les récits et les traditions liés à la chasse à la sauvagine , un patrimoine régional mis en valeur à Montmagny, ou encore le savoir-faire de Simon Lemieux , grand chasseur de sauvagine. Bien que ces éléments puissent être transcrits dans des volumes, ils demeurent comme source première du pur patrimoine faunique immatériel.
Et si je te parle d’écharnage, est-ce que ça te dit quelque chose? Il s’agit d’une étape importante du traitement de la peau de l’orignal , dans laquelle on utilise traditionnellement un os d’orignal pour gratter la peau. Cette technique fait partie du savoir-faire autochtone, un patrimoine immatériel transmis de génération en génération.
La chasse et le patrimoine faunique naturel
Mais pourquoi donc parle-t-on ici de patrimoine? Les animaux, c’est la nature qui nous les a laissés, pas nos ancêtres! Pour certaines espèces, oui; elles n’ont pas eu besoin de l’assistance humaine pour prospérer. Pour d’autres, c’est en partie ou totalement grâce aux humains que leur pérennité est assurée.
Prenons par exemple le béluga (Delphinapterus leucas) du Saint-Laurent. C’est en partie à cause de sa chasse que le béluga du Saint-Laurent a été protégé dans les années 1960. Si ce n’était des recherches menées pour mieux connaître cette population et des mesures de protection adoptées au fil des décennies, cet animal aurait fort probablement disparu.
D’après toi, est-ce qu’on aurait pu en « importer » pour repeupler le fleuve Saint-Laurent? D’un point de vue patrimonial, la réponse est non. Si l’on considère la notion de biodiversité dans le patrimoine faunique vivant, la population de bélugas du Saint-Laurent est unique. Sa disparition n’aurait pas pu être « réparée » par l’importation de bélugas de l’Arctique. Si ces bélugas disparaissaient, leur richesse génétique disparaîtrait aussi. Nous aurions perdu ce patrimoine naturel à tout jamais.
Nos ancêtres ont donc contribué à nous léguer ces groupes d’animaux qu’ils ont protégés. Et s’ils n’avaient pas pris ces mesures? Ces animaux seraient fort probablement disparus, tout comme la tourte voyageuse (Ectopistes migratorius), le grand pingouin (Pinguinus impennis) et près d’une espèce par jour sur la terre!
Il paraît que…
- L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est un organisme international qui contribue à préserver le patrimoine culturel mondial.
- Le parc national de Miguasha en Gaspésie et l’arrondissement historique du Vieux-Québec sont des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
- Le Canada célèbre la « Journée du patrimoine national en matière de chasse, de piégeage et de pêche » le troisième samedi de septembre de chaque année. Cette journée permet de souligner que ces activités patrimoniales ont largement participé au développement de notre nation, que les peuples autochtones du Canada et des millions de Canadiens s’adonnent à la chasse, au piégeage et à la pêche et contribuent remarquablement à l’économie du pays.