Pleins feux sur… les écureuils et l’hiver
Tu connais sans doute l’expression : « Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Si tu devais faire des provisions pour passer l’hiver, mettrais-tu toute ta bouffe au même endroit ou ferais-tu plusieurs cachettes?
Es-tu du genre gros gris, ou petit roux?
Comment rester au chaud l’hiver
Comment l’écureuil gris (Sciurus carolinensis) et l’écureuil roux (Tamiasciurus hudsonicus) se préparent-ils à la venue de l’hiver? Il leur faut affronter le froid et faire des provisions pour les longs mois où la neige recouvrira le sol. Pour combattre les rigueurs du climat, quoi de mieux que de s’emmitoufler avec sa fourrure qui devient plus épaisse, plus soyeuse et plus longue. Pour protéger leurs extrémités des engelures, la plante des pattes et l’extérieur des oreilles se couvrent d’un velours. De plus, l’écureuil gris utilisera sa queue en guise de couverture durant l’hiver.
Comme les écureuils demeurent actifs, ils doivent donc être prêts à résister à la froidure hivernale, au vent glacial, aux tempêtes de neige et de verglas… Ah, sauter d’arbre en arbre quand le thermomètre indique -25° C, quel plaisir! Brrr, mieux vaut sortir surtout aux alentours de midi, pour profiter des rayons du soleil et demeurer inactifs les jours de tempête et de grand froid. Et pourquoi ne pas partager le même abri aménagé dans un arbre creux ou dans un trou de pic abandonné? C’est une pratique courante pour l’écureuil gris; quant au roux, il demeure plus solitaire et intolérant envers ses congénères.
L’écureuil gris pousse même l’audace à se reproduire en février. À ce moment-là, tu peux assister à des poursuites endiablées des mâles aux trousses d’une femelle dans les arbres. Les petits naîtront nus et aveugles 40 à 45 jours plus tard. Il pourra même y avoir une seconde portée durant l’année.
Une fois bien au chaud et à l’abri, il faut toutefois se nourrir. Les écureuils doivent récupérer les noix, noisettes, graines et autres provisions accumulées durant l’automne. Or, les stratégies employées pour amasser ces réserves sont fort différentes.
Des styles de garde-manger différents
À l’automne, nos deux comparses s’affairent à entasser des provisions de fruits secs : samares, glands, faînes, noix, cônes d’épinette, etc. Le petit roux constitue de gros amas de fruits secs en un seul endroit qui lui servira de garde-manger. Le gros gris les éparpille et les enterre bien à l’humidité en plusieurs endroits.
L’écureuil gris ne cache pas ses noix immédiatement là où il les a trouvées, mais il les transporte plutôt ailleurs. Il creuse un trou avec ses pattes avant et les enterre une à une avec ses pattes avant, ses pattes arrière et son museau. La majorité des noix est enfouie à la surface, 6 à 8 mm sous le sol.
Une expérience a permis de constater que les écureuils gris retrouvaient aussi rapidement les noix cachées par des chercheurs que les noix qu’ils avaient eux-mêmes enterrées. C’est donc dire que la mémoire n’y était pour rien, tout est dans le flair. Le gros gris peut sentir des graines et des noix sous un mètre de neige. Pourtant, jusqu’à 85 % des noix ne seront pas retrouvées. Les fruits secs cachés qui ne sont pas mangés vont germer et produire de nouveaux arbres. Les écureuils gris contribuent ainsi au reboisement et à la dispersion des fruits des arbres feuillus qui contiennent les graines. L’habitude qu’ils ont d’enterrer des noix qui finissent souvent par germer permet le rétablissement des forêts de feuillus. Ainsi, de nombreux arbres pourront se développer loin de l’ombre de leurs parents.
Le gros gris enterre des centaines de noix et de graines pour l’hiver, saison où la nourriture est relativement rare. Les années où la production de fruits à écales est faible, l’écureuil doit affronter un hiver très difficile. Il ne dédaigne pas alors les mangeoires pour les oiseaux et il s’y nourrit souvent tout au long de l’hiver.
L’écureuil roux cache ses graines et ses noix sous la terre ou sous une grosse pierre. Toutes ses provisions sont au même endroit. Il en fait des piles gigantesques. Il est capable de retrouver ses caches sous quatre mètres de neige. Le petit roux nerveux et bruyant défend avec vigueur son garde-manger contre tout animal qui voudrait lui chaparder ses réserves. Il réagit en faisant entendre son cri d’alerte, il tape du pied et agite sa queue pour manifester son mécontentement et chasser l’intrus.
Des chercheurs de l’Université Purdue aux États-Unis ont observé le comportement de ces deux types d’écureuils dans l’Indiana. Ils ont calculé que le roux est un jardinier sept fois moins efficace que le gris. On peut sans aucun doute désigner le gros gris comme l’écureuil qui plantait des arbres. Il joue un rôle important dans le reboisement des forêts de feuillus.
Il paraît que…
- Le mot latin pour écureuil, sciurus, est dérivé de deux mots grecs, skia, qui signifie ombre, et oura, qui signifie queue. La combinaison de ces deux mots signifie, en gros, que l’écureuil gris s’assoit à l’ombre de sa queue.
- Les gros nids de feuilles dans la fourche des arbres servent à l’écureuil gris durant l’été.
- L’écureuil noir est en fait une variété du gris. Il s’agit donc de la même espèce, seule la couleur diffère; c’est une question de pigmentation.
- Les changements climatiques affectent l’écureuil roux. Depuis la fin des années 90, des chercheurs étudient une population d’écureuils roux du sud du Yukon. Durant cette période, le climat s’est réchauffé, les printemps étaient plus précoces et la date moyenne de mise-bas a avancé d’environ deux semaines. Ce résultat surprenant vient s’ajouter à la liste des études montrant que des organismes peuvent changer à la suite du réchauffement du climat. Mais le plus surprenant, c’est que les générations d’écureuils roux passent le gène de reproduction précoce à la génération suivante. Les écureuils ont changé leur constitution génétique en dix années seulement.
- Il y a des droitiers et des gauchers chez l’écureuil roux. L’animal tient le cône d’une main et utilise l’autre pour le tourner et en retirer les graines. Or les chercheurs ont observé que certains individus tournent le cône avec leur main gauche, alors que d’autres utilisent la main droite.