Pleins feux sur… l’Halloween et l’araignée
L’Halloween évoque la peur, les mauvais esprits et les animaux maléfiques. C’est le moment de se déguiser en monstres, en sorcières, ou parfois aussi de se mettre dans la peau d’un superhéros. Ah! si tu pouvais te déplacer comme l’homme-araignée (Spiderman) d’un édifice à l’autre et emprisonner tes ennemis dans une toile! L’idée de ressembler à ce personnage te fait sans doute rêver, mais penserais-tu un seul instant à être une véritable araignée? Pour la plupart des gens, cette bestiole suscite dédain et répulsion, que dis-je horreur et frissons! Évidemment, si tu as envie de faire crier toute la maisonnée, c’est une autre histoire! Comment réagis-tu à la vue d’une araignée? Es-tu arachnophobeArachnophobe : personne qui a peur des araignées. ou arachnophileArachnophile : personne passionnée par les araignées. ?
Des petites bêtes inoffensives pour l’humain!
Pas besoin d’avoir peur de ces petites bêtes; même si toutes les araignées du Québec produisent du venin et ont la capacité de mordre des insectes, aucune n’est dangereuse pour l’humain. Ici, une seule espèce, la Cheiracanthium mildei, peut infliger une morsure qui provoquera parfois une réaction cutanée. Sur les 40 000 espèces connues sur la planète, à peine une douzaine d’araignées présentent un danger réel pour la santé humaine. Et la plupart de ces espèces sont tropicales et se trouvent en Australie.
Des araignées et des insectes!
Les araignées comme les insectes font partie des ArthropodaArthropoda : invertébrés avec pattes articulées et squelette externe. et c’est là leur seul point en commun. Les insectes ont six pattes, des antennes et ils peuvent avoir des ailes. Leur tête et leur thorax sont distincts. Ils appartiennent à la classe Insecta. Les araignées ont huit pattes, aucune antenne et aucune aile, et leur tête et leur thorax sont fusionnés. Les araignées appartiennent à la classe ArachnidaArachnida : classe regroupant les espèces ayant quatre paires de pattes, des chélicères (crochets ou pinces), ainsi qu’un corps formé de deux parties (tête-thorax et abdomen).. Dans cette classe, on trouve aussi les mygales, les scorpions, les tiques, les faucheux et les pseudoscorpions.
Les araignées du Québec!
Au Québec, on dénombre environ 656 espèces d’araignées réparties en 32 familles. En général, nos araignées sont petites, mesurant à peine moins de 10 millimètres. La plus grande araignée du Québec est l’araignée d’eau Dolomedes tenebrosus, qui atteint les 28 millimètres. Les quatre espèces de Dolomèdes (Dolomedes) vivent près des plans d’eau et des quais. Elles capturent des insectes aquatiques, des libellules, des têtards et parfois des petits poissons. Elles plongent même pour les poursuivre et elles peuvent passer une demi-heure sous l’eau! Leur morsure peut être douloureuse si elles sont manipulées sans précautions.
Peu importe leur taille, toutes les araignées sont des prédatrices. Parfois, les araignées mangent même d’autres… araignées! En fait, ce sont des opportunistes qui vont se nourrir d’à peu près n’importe quoi de vivant. C’est plus une question de taille qu’autre chose!
Les araignées et leur toile!
Toutes les araignées, mâles et femelles, fabriquent de la soie, mais celle-ci ne sert pas toujours à tisser leur toile de capture. On divise les araignées en deux groupes : les araignées fileuses et les araignées chasseresses. Seules les araignées fileuses construisent de véritables toiles; elles tendent donc des filets.
Du côté des fileuses, les araignées de la famille des Agelenidæ tissent leur toile mais la soie utilisée n’est pas collante! Comment font-elles alors pour capturer leurs proies? Grâce à leur rapidité! Les Agelenidæ guettent leurs victimes et se jettent sur elles dès qu’elles se posent sur la toile. Elles les transportent ensuite dans leur retraite, un étroit couloir de soie qui comporte une issue de secours, au cas où certaines victimes se montreraient trop farouches.
Au contraire, chez les Araneidæ, la soie collante de leur toile sert à capturer les proies. Quand une victime est prise au piège, l’araignée lui injecte son venin mortel. Elle la met de côté et attend le prochain intrus. Elle le mangera plus tard. Savais-tu que la position et l’endroit de la toile influencent le choix de sa nourriture? En effet, l’araignée choisit l’endroit où elle tisse sa toile en fonction des proies qu’elle désire capturer. Quand un endroit n’est plus abondant en nourriture, elle l’abandonne et elle va tisser une nouvelle toile ailleurs.
Comme leur nom l’indique, les araignées chasseresses chassent activement leurs proies ou elles se mettent à l’affût de ces dernières à certains endroits, par exemple près des fleurs ou des plans d’eau. Les Salticidæ détectent leurs proies grâce à leur vue perçante; elles bondissent sur elles en faisant de petits sauts, d’où leur nom populaire d’araignées sauteuses.
Ces araignées laissent parfois traîner derrière elles un fil de soie qu’elles utilisent comme un « bungie » pour remonter lorsqu’elles ont manqué leur proie.
Misumena vatia est la championne incontestée du mimétisme. Les caméléons ne sont pas les seuls à changer de couleur, cette espèce d’araignée le fait aussi! Rien de mieux pour capturer les insectes pollinisateurs que de se confondre avec la fleur sur laquelle on se trouve. Elle porte d’ailleurs le nom anglais de flower spider.
Les arachnologues d’ici!
Fascinantes, ces bestioles, ne trouves-tu pas? L’arachnologue Pierre Paquin en sait quelque chose. Il est l’auteur du Guide d’identification des Araignées (Araneæ) du Québec, un magnifique ouvrage abondamment illustré par Nadine Dupérré.
Le Canada, qui a déjà eu une très bonne réputation en matière de sciences naturelles, ne compte plus qu’un arachnologue professionnel depuis le départ à la retraite de Charles D. Dondale et de son excellent technicien, James H. Redner. Il s’agit de M. David Shorthouse, du Manitoba. Pionnier en la matière au cours des années 50, M. Dondale travaillait au ministère de l’Agriculture du Canada jusqu’en 1991, et la gigantesque collection qu’il a contribué à créer est aujourd’hui sous la responsabilité du Centre de recherche de l’Est sur les céréales et les oléagineux! Comptant plus de 400 000 spécimens, elle est pourtant la quatrième en importance sur le continent, après celles de l’Université Harvard, du New York Museum of Natural History et de la California Academy of Science. Si tu as de la patience et le souci du détail, tu pourrais te lancer dans l’étude des araignées, car il y a encore beaucoup à faire. Que dirais-tu de parcourir les différents milieux à rechercher ces petites bêtes aux quatre coins du Québec? Il y a des espèces qui ne sont toujours pas décrites et qui n’ont pas encore de nom!
Il paraît que…
- C’est le mythe d’Arachné qui serait à l’origine du nom de la classe des Arachnides. Dans la mythologie grecque, Arachné et la déesse Athéna se livrent une bataille pour déterminer la meilleure tisseuse. La déesse Athéna remporte la victoire et Arachné, choquée, se donne la mort! Athéna, compatissante, change Arachné en araignée pour qu’elle tisse des toiles pour l’éternité.
- Il y a des millions d’années, des araignées encore plus grosses qu’aujourd’hui vivaient sur notre continent. En Argentine, des chercheurs ont découvert le fossile d’une araignée mesurant 35 centimètres. L’animal aurait, selon les scientifiques, une envergure d’un mètre, y compris ses pattes! Rien pour nous rassurer…
- Le record mondial revient à une mygale qui mesure jusqu’à 33 centimètres, y compris ses pattes.
- Il existe sept ou huit espèces d’araignées actives sous la neige.