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Des chouettes et des hiboux déguisés pour l’Halloween.

Pleins feux sur… l’Halloween, les chouettes et les hiboux

Les sorciers nommaient Main de gloire, un chandelier fait à partir d’une main de pendu qu’ils préparaient d’une façon particulière. Une chandelle composée de la graisse de cette main y était déposée. Lorsqu’elle éclairait un lieu quelconque, tous les gens qui s’y trouvaient restaient dans une immobilité pareille à la mort. On pouvait conjurer l’effet de cette main en ayant soin de frotter le seuil de la porte de sa maison avec un onguent composé de fiel de chat noir, de graisse de ponte blanche et de sang de chouette, lequel composé devait être fait durant un soir de canicule.

Croyances et superstitions

Chevêche d’Athéna. © Trebol-a.

À l’époque des Grecs, nous étions respectés. Athéna, une des déesses grecques, symbolisait la sagesse. Elle a fait de la chevêche d’Athéna (Athene noctua) son compagnon favori. Cette espèce est alors protégée et vit paisiblement à l’Acropole. On croyait alors qu’une lumière interne permettait aux hiboux et aux chouettes de bien voir la nuit. Ces oiseaux accompagnaient les armées dans leurs batailles. Ils figuraient aussi sur les pièces de monnaie. C’était le bon temps!

Plus tard, les Romains ont vu en ces oiseaux le malheur et la divination. Ils pratiquaient l’ornithomancie et prétendaient lire l’avenir dans leurs entrailles. D’autres disaient interpréter leurs chants. Entendre le chant d’un hibou ou d’une chouette était un présage de mort. Ils ont été affublés de pouvoirs maléfiques : des rituels et des incantations ont été inventés à leur intention, pour les apaiser et conjurer leurs mauvais esprits. Les Romains ont aussi tenté de s’approprier leurs forces et leur magie en créant des talismans et des totems à leur image.

Pline l’ancien, naturaliste et écrivain romain, a publié un ouvrage de 37 volumes, d’une grande importance pour son époque : L’histoire naturelle. Dans le livre, il décrit malheureusement les hiboux et les chouettes de façon erronée et peu flatteuse. Ils sont les monstres de la nuit et les voir serait un signe de malheur et de mauvaise fortune.

Effraie des clochers. © Frans Vandewalle.

Au Moyen-Âge, ils sont associés à la sorcellerie, tout comme les chats noirs. Leurs plumes, leurs yeux et leurs boulettes de régurgitation figurent dans la concoction de plusieurs potions magiques. Pour conjurer le mauvais sort, ils sont cloués à la porte des maisons. Cette croyance a persisté jusqu’au 19e siècle et a particulièrement touché l’effraie des clochers (Tyto alba) appelée aussi la Dame Blanche. Son vol silencieux et son cri particulier semaient la terreur.

Aujourd’hui encore, cette réputation d’oiseau de malheur leur colle aux plumes et les poursuit même dans leur nom de famille. Les hiboux et les chouettes font tous partie de la famille des strigidés. Or, ce mot tire son origine du latin strixstrigis : strige ou stryge (oiseau passant pour sucer le sang des enfants), vampire; sorcière.

Même si dans les aventures de Harry Potter ils sont plutôt sympathiques, ils font encore peur! Selon une superstition britannique, voir un hibou en plein jour porte malheur. L’auteure des célèbres aventures de Harry Potter s’est bien moquée de ses compatriotes dans le premier chapitre de L’École des Sorciers. Les hiboux volent en plein jour pour annoncer une bonne nouvelle!

Des faits réels sur les strigidés

Aigrettes visibles sur la tête d’un grand-duc d’Amérique. © Mary C Kirby.

Avant de faire les présentations, voici quelques faits particuliers concernant les hiboux et les chouettes. Au Québec, ils sont 11 espèces dans la famille qui comprend tous les hiboux et chouettes, sauf l’effraie des clochers. Non, non et non, la chouette n’est pas la femelle du hibou. Les hiboux ont des aigrettes sur la tête, ces petites plumes qui sont révélatrices de leur humeur et qui n’ont rien à voir avec l’audition. Ce sens est le plus aiguisé chez ces oiseaux grâce à leur disque facial qui dirige les sons vers leurs oreilles. Celles-ci sont de simples fentes cachées sous leurs plumes. Ils n’ont pas de pavillons externes comme toi ou ton chien. Le disque facial agit comme une antenne parabolique! Fais l’expérience. Place tes mains en éventail derrière tes oreilles, tu entendras beaucoup mieux!

En plus d’avoir un sens de l’audition hors du commun, les strigidés ont aussi une vision de nuit très perçante. Leurs yeux comportent beaucoup de bâtonnets et leur cornée est épaisse. Ils sont placés à l’avant de leur tête et non sur les côtés comme chez les souris qui ont une large vision périphérique. Ils doivent donc tourner la tête pour voir ce qui se passe autour d’eux. Leurs vertèbres cervicales sont très mobiles et leur permettent de tourner la tête jusqu’à 270° au moins! Malgré sa vision périphérique, la souris ne les entend pas fondre sur elle. Leur vol est silencieux grâce à des plumes spéciales de leurs ailes qui ont pour effet de « découper » l’air, qui glisse alors sans bruit sur leurs grandes ailes.

Grands consommateurs de petits rongeurs, les hiboux et les chouettes sont cependant incapables de digérer les os, les poils et les plumes de leurs victimes. Ils produisent des boulettes de régurgitation qui sont caractéristiques d’une espèce à l’autre. N’oublie pas, ce sont des oiseaux de proie nocturnes, sauf pour quelques-uns d’entre eux. Ils sont aussi munis de serres puissantes et d’un bec crochu. Ils ne construisent pas de nid et leurs œufs sont blancs.

Les hiboux et chouettes du Québec

Commençons les présentations par le plus petit membre de la famille, la petite nyctale (Aegolius acadicus).

À peine plus haute que trois pommes, elle niche en cavité. Si tu installes un nichoir à sa taille dans un boisé humide, tu auras peut-être l’occasion de l’entendre siffloter la note « si » de la flûte à bec soprano! C’est une grande migratrice!  

Petite nyctale (Aegolius acadicus). © Richard Prévost.

Sa compatriote à peine plus grande, la nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus) est plus nordique et préfère occuper la forêt boréale. Comme les chouettes, elles ne possèdent pas d’aigrettes. Ces deux espèces font l’objet d’un programme de capture et de baguage pour suivre leurs populations, à l’observatoire des oiseaux de Tadoussac .

Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus). © Steven Katovich.

La chouette épervière (Surnia ulula) est bien différente des autres tant par sa nature que son allure. Elle chasse le jour à la manière des éperviers et elle peut faire du vol sur place. Souvent elle hoche sa longue queue du haut des épinettes noires où elle aime se percher pour surveiller les alentours et ses proies.

Chouette épervière (Surnia ulula). © Marton Berntsen.

La chouette rayée (Strix varia) est le seul membre de la famille qui a les yeux bruns. Comme son nom l’indique, elle porte des rayures brunes sur la poitrine. C’est une volubile et elle a tout un répertoire! Sédentaire, elle passe l’hiver dans son territoire.

Chouette rayée (Strix varia). © Jean Lapointe.

La plus grande représentante du groupe des chouettes est la chouette lapone (Strix nebulosa). Elle possède un épais plumage pour résister au froid. Son disque facial est très prononcé. Elle n’hésite pas à plonger dans la neige, serres devant, pour capturer ses proies.

Chouette lapone (Strix nebulosa). © Richard Prévost.

Son équivalent en taille et majesté du côté des hiboux est nul autre que le grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus). Surnommé le tigre des airs, il a mauvais caractère et ne tolère la présence de personne dans son territoire. Il niche dès février dans le sud du Québec, et ses œufs sont très résistants au froid. Consulte la capsule Pleins feux sur… la reproduction chez le grand-duc d’Amérique pour en apprendre plus sur le sujet. 

Grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus). © Alan Vernon.

Le hibou moyen-duc (Asio otus) est sans doute l’un des plus discrets de la famille. Il est maître dans l’art du camouflage; perché sur une branche le corps allongé près du tronc, il est très difficile à repérer.

Hibou moyen-duc (Asio otus). © Maggie Smith.

Le petit-duc maculé (Megascops asio) est un farceur! Si tu crois entendre hennir un cheval durant la nuit, c’est probablement lui qui chante! Et tu n’as pas la berlue, rassure-toi, il y a des individus de trois couleurs : grise, rousse et brun chocolat.

Petit-duc maculé (Megascops asio). © Wolfgang Wander.

Le hibou des marais (Asio flammeus) est un chasseur diurne qui aime les milieux ouverts comme les tourbières et les marais où il chasse les campagnols. Son vol ne ressemble à aucun autre hibou, mais plutôt à celui d’un papillon de nuit géant. Il niche au sol non loin du busard des marais (Circus hudsonius), un rapace diurne, qui a des points communs avec les hiboux! Il fait partie de la liste  des espèces de la faune susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables.

Hibou des marais (Asio flammeus). © Richard Prévost.

Terminons finalement avec l’oiseau emblème du Québec, le harfang des neiges (Bubo scandiacus). Il habite le Nord du Québec où il se nourrit de lemmings. Hedwidge est devenue une célébrité grâce aux aventures de Harry Potter. On pourrait d’ailleurs remercier chaleureusement Mme Rowling qui a donné aux hiboux et aux chouettes un rôle à leur mesure : messagers des sorciers et des sorcières. D’ailleurs sauriez-vous dire à quelle espèce appartiennent Coquecigrue, Errol et Hermès?

Les strigidés sont une belle et grande famille composée d’espèces magnifiques et non maléfiques!

Harfang des neiges (Bubo scandiacus). © Richard Prévost.

Il paraît que…

Harfang des neiges perché sur le toit d’une maison. © Jim Richmond.

Extraits de : Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires par Adolphe de Chesnel, 1856.

  • L’apparition d’un hibou est un signe de stérilité.
  • Une omelette aux œufs de hibou est un remède souverain contre l’ivrognerie.
  • Le cri du hibou est un appel pour qu’un nouveau corps soit porté au cimetière.
  • Pour se ménager des provisions, le hibou laisse la vie et donne de la nourriture à un certain nombre de souris, dont il s’est emparé, mais auxquelles il a le soin alors de couper les pattes pour les empêcher de fuir. 
  • Si on place le cœur et le pied droit d’une chouette sur une personne endormie, on obligera cette personne à raconter tout ce qu’elle a fait et à répondre à tout ce qu’on lui demandera.
  • Messagère de la mort, lorsqu’elle se pose sur les faîtes des maisons, la chouette annonce la mort prochaine d’une des personnes qui y habitent.
  • Pour tuer un grand nombre d’oiseaux durant la nuit, attachez une chouette à un arbre, placez près d’elle une chandelle allumée et battez du tambour auprès de l’arbre. Alors un grand nombre d’oiseaux de toutes espèces se précipiteront sur la chouette pour lui faire la guerre, et l’on pourra tirer dessus tant qu’on voudra avec du menu plomb.
  • Lorsqu’une chouette se fait entendre le jour, c’est qu’il y a une femme enceinte dans les parages.

Pour en savoir plus…

Faune et flore du pays

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)

Union québécoise de réhabilitation des oiseaux de proie

Conservation de la nature Canada