Accueil de la section Jeunesse
Couleuvre à collier. © Mathieu Ouellette.

Pleins feux sur… l’Halloween et les serpents

Mon nom rime avec dégoûtant, envoûtant et épeurant. Dans la Bible, c’est moi qui parle à Ève et l’incite à manger le fruit défendu. Depuis ce temps, je suis associé au mal et à la tentation. Je rampe sur le sol en guise de punition. On me croit souvent dangereux et venimeux. Pourtant je suis un animal fascinant, parole de serpent!

Des animaux mal connus!

Les serpents, c’est wow pour trop peu de gens, et c’est malheureusement beurk pour la majorité. Ça vous dirait de passer du côté de l’admiration et de la fascination? J’aimerais vous entendre vous exclamer plutôt que de vous voir hurler de peur quand vous me croiserez la prochaine fois! Nous sommes trop souvent victimes de ségrégation et de persécution, nous sommes des rejets. On se fait écraser, frapper avec des bâtons, on nous passe sur le corps avec des engins de toutes sortes. Au secours!

Squelette de serpent.

Squelette de serpent. © dbking.

Nous sommes des animaux vertébrés, nous avons un squelette! De tous les vertébrés, c’est nous qui possédons le plus grand nombre de vertèbres! Les humains en ont 33, nous en avons plus ou moins 250!

Nous sommes des animaux à sang froid, ce qui veut dire que nous sommes des ectothermes. La température de notre corps varie selon la température du milieu ambiant. Le soleil est notre source d’énergie pour élever la température de notre corps et maintenir nos fonctions vitales telles que la digestion. Nous avons besoin de manger moins souvent pour obtenir notre énergie, et nous vivons plus ou moins au ralenti selon la température extérieure. L’hiver nous fuyons le froid en allant hiverner dans un endroit appelé hibernacle. Les couleuvres de Narcisse au Manitoba sont spectaculaires : plus de 60 000 d’entre elles se rassemblent au même endroit!

Couleuvre rayée sortant la langue.

Couleuvre rayée sortant la langue. © National Parks Gallery.

Cette langue fourchue qui sort tout le temps, à quoi ça sert? Tu n’as rien à craindre, je ne vais pas te mordre avec ma langue. Je cherche simplement à détecter les particules chimiques! Nous avons au palais un organe qui les analyse et nous renseigne sur la nature exacte de notre environnement et des vivants que nous croisons. Ma langue ne sert pas à goûter, car ce sens n’est pas du tout développé chez nous.

Étrange… La mue des serpents… Cette peau que tu trouves peut-être dans les cordes de bois à l’automne.

D’autres caractéristiques étranges… Nous avons un seul poumon et les mâles ont deux pénis!

Nous avalons nos proies entières, sans les mâcher à l’aide de nos mâchoires élastiques. Nous avons des dents toutes petites et pointues qui tombent facilement et qui servent à retenir nos proies (souris, mulots, grenouilles, etc.). Si nous mordons, c’est à l’aide de nos crochets et on peut alors voir deux petites blessures sur la peau. Pour fuir, certaines d’entre nous laissent échapper un liquide puant. Je vous laisse imaginer la suite…!

Mâchoires d'une couleuvre.

Mâchoires d’une couleuvre. © Pierre Pouliot.

Ce qui fait le plus peur, c’est souvent la longueur… plus nous sommes grandes plus nous sommes effrayantes! On nous craint aussi car nous sommes venimeuses, mais pas ici! Au Québec, il n’y a pas d’espèces venimeuses, donc aucun danger de mort avec nous! Par contre, si vous voyagez au Canada, vous pourriez rencontrer un serpent à sonnettes et un crotale. La peur de la morsure des serpents est exagérée et injustifiée. Il y a plus de décès causés par les piqûres d’insectes au Canada que par des morsures de serpents (moins d’une douzaine par an).

Des vedettes de cinéma!

Nous sommes des stars du cinéma, pour faire peur. Dans les scènes de désert de plusieurs films américains, il y a souvent des serpents à sonnettes qui mordent les gens. Le héros doit alors se dépêcher pour sauver la personne avant que le venin ne fasse effet. Nous terrorisons les personnes, nous sommes dangereux et symbole de mort en particulier dans le film Anaconda. Nous nous introduisons partout, nous nous cachons sous les draps, dans les salles de bain. Nous sommes à bord des avions, des bateaux, des voitures et des trains. Indiana Jones nous déteste et doit surmonter sa peur viscérale dans le film Les aventuriers de l’arche perdue. Cléopâtre mettra fin à sa vie par la morsure d’un serpent dans un panier de figues. Le petit Prince quittera lui aussi son corps terrestre pour aller rejoindre sa rose sur sa planète, grâce à la complicité d’un serpent jaune.

 

Mouvements au ralenti d’une couleuvre verte. © Jean-Pierre Fillion.

Blazon de la maison Serpentard dans le monde de Harry Potter.
© Harry Potter Fandom.

Nous figurons également dans les films d’animation et, encore une fois, la plupart du temps, nous avons les mauvais rôles. Dans Aladin, Jafar se transforme en cobra géant. Dans le Robin des bois de Disney, le serpent Triste sire est surnommé « Peresifleur » par son maître qui ne le prend pas au sérieux la plupart du temps. Il veille sur l’argent. Hé oui, nous sommes étrangement associés à un trésor sur lequel on veille précieusement. Dans le livre de la jungle, le serpent Kaa joue un rôle important dans l’éducation du jeune Mowgli. Il y a aussi Kung Fu Panda où Maître Vipère est tout de même un peu plus sympathique. Le plus célèbre des serpents est sans doute le Basilic, le roi des serpents qui peut tuer du regard. Rendu populaire avec Harry Potter, sans parler de la maison des Serpentards, dont certains membres savent parler le fourchelang!

Trois familles de couleuvres!

Nous sommes huit membres du groupe des serpents; nous faisons partie de l’ordre des squamates, celui des reptiles à écailles, qui comprend aussi les lézards. Au Québec, il n’y a pas de lézards, alors nous sommes les uniques représentants. On nous appelle communément des couleuvres. Selon la liste de la faune vertébrée du Québec, nous sommes répartis dans trois familles : les dipsadidées, les colubridées et les natricidées.

Dans la famille des dipsadidées, il y a un seul représentant, soit la couleuvre à collier (Diadophis punctatus edwardsii) (40 cm). Comme vous le devinez, cette couleuvre arbore un collier orangé ou jaune pâle et son ventre est également de la même couleur. C’est la coquette de la famille!

Couleuvre à collier. © Patrick Randall.

La famille des colubridées compte trois représentants : la couleuvre verte (Opheodrys vernalis) et la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum). Comme leurs noms l’indiquent, la première se reconnaît facilement à sa couleur verte (66 cm) et la seconde est parsemée de taches brunâtres ou rougeâtres entourées d’une ligne noire (100 cm). Cette dernière figure sur la liste des espèces vulnérables. Elle est la seule couleuvre constrictor au Québec; elle tue sa proie en enroulant son corps autour d’elle, l’étouffant avant de l’avaler. Lorsqu’elle est menacée, elle fait vibrer sa queue qui émet un son ressemblant à celui du crotale, un serpent venimeux. Cela ne fait qu’accentuer notre peur, car les gens croyant avoir affaire alors à une espèce venimeuse n’hésitent pas à la tuer.

Couleuvre verte. © Andrew Hoffman.

Couleuvre tachetée. © Claude Daigle.

La plus commune et la plus connue de cette famille est sans aucun doute la couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis). La coloration de ses rayures est très variable : jaune, rouge, orange, vert, bleu. Elle peut mesurer plus d’un mètre de longueur.

Couleuvre rayée. © Pierre Bernier.

La famille des natricidées est la plus nombreuse car elle compte quatre espèces. Elles sont toutes ovovivipares. Les œufs sont incubés à l’intérieur du corps de la femelle qui donne naissance à de petites couleuvres toutes formées et grouillantes de vie!

La couleuvre mince (Thamnophis saurita) ressemble fort à la couleuvre rayée. Elle devrait être classée vulnérable ou susceptible à cause de sa grande rareté. Il n’y a que deux spécimens dans la Collection nationale à Ottawa.

Couleuvre mince. © Mathieu Ouellette.

La couleuvre d’eau (Nerodia sipedon sipedon) est désignée vulnérable. Elle ne laisse personne indifférent. Elle peut atteindre 144 cm! Elle habite les plans d’eau, et c’est une excellente nageuse. Elle a mauvais caractère et elle mord quiconque tente de la saisir. Mieux vaut tout simplement l’observer sans tenter de la capturer.

Couleuvre d’eau. © Richard Crook.

La couleuvre brune (Storeria dekayi) est désignée menacée. Elle est la plus rare de nos couleuvres. Elle se rencontre dans la région de Montréal seulement. Elle a fait l’objet d’un déplacement lors des travaux de construction de l’échangeur Turcot.

Couleuvre brune. © Claude Daigle.

La couleuvre à ventre rouge (Storeria occipitomaculata occipitomaculata) est commune, mais elle demeure le plus souvent cachée. Elle est parfois la proie des poules et du merle d’Amérique (Turdus migratorius) qui la prennent pour un gros ver de terre! Elle se nourrit principalement de limaces et est donc appréciée des jardiniers! 

Couleuvre à ventre rouge. © Benoît Landry.

Il paraît que…

  • La peur des serpents se nomme ophiophobie.
  • L’herpétologie, c’est la science qui étudie les amphibiens et les reptiles. Ce mot provient du grec « herpeton » qui veut dire ramper.
  • On compte 26 espèces de serpents au Canada, et 4 d’entre elles sont venimeuses.
  • On appelle reptation le mode de locomotion des serpents.

Pour en savoir plus…

L’atlas des amphibiens et reptiles du Québec

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs – Vidéos par Étienne Plasse

Gouvernement du Manitoba