Pleins feux sur… la pêche au brochet maillé
La forme de ma tête et l’emplacement de mes yeux me donnent un air particulièrement grincheux. Je n’aime pas beaucoup avoir des voisins et compte tenu de la façon dont je me comporte, il faut croire que la première impression que je donne est la bonne! Intrigué? Alors, poursuis ta lecture…
Un poisson avec des taches sombres en forme de mailles de chaîne
Je suis le brochet maillé (Esox niger) et, dans ma famille, les ésocidés, on a tous le même air : une tête longue et concave avec des yeux placés bien haut de chaque côté de celle-ci. Tel le grand méchant loup, notre bouche est garnie de longues dents proéminentes et acérées. Pour accompagner cette tête, notre corps est allongé et légèrement comprimé latéralement. Nos nageoires pectorales sont presque situées sous le corps, nos nageoires pelviennes sont en position abdominale et notre nageoire dorsale est à peu près au même niveau que la nageoire anale. Ma nageoire caudale est fourchue et pointue aux extrémités. J’ai le dos brunâtre et les flancs vert foncé. Je tire mon nom des nombreuses taches sombres en forme de mailles de chaîne sur mes flancs. Ma taille varie de 30 à 50 cm et je peux peser de 0,6 à 2 kg.
Un prédateur qui chasse en embuscade
Pourquoi est-ce que j’ai toujours un air aussi marabout? Je ne suis pourtant pas à plaindre! Je vis dans des eaux chaudes variant de 21 à 30 °C, qui sont calmes et peu profondes. J’aime particulièrement que la végétation soit abondante. Il est possible de me trouver dans des rivières, des lacs et des étangs d’eau douce et parfois saumâtre. Je suis commun de la Floride au sud des États-Unis, jusque dans les cours d’eau de la partie sud du Québec. En hiver, je reste très actif et je continue à me nourrir. Je le fais cependant dans des eaux plus profondes.
En lisant ma description et en regardant mes photos, t’es-tu demandé à quoi me servait cette forme particulière? Hé bien, cela me permet d’atteindre de grandes vitesses en peu de temps. C’est utile lorsque je me nourris puisque je chasse par embuscade. En effet, je me cache dans la végétation et j’attends qu’une proie intéressante passe à proximité. Il peut s’agir de cyprins, de barbottes, de perchaudes (Perca flavescens) ou de crapets. Je raffole également d’écrevisses, d’insectes, de canetons, de couleuvres et de grenouilles. En fait, je mange tout ce qui passe à ma portée.
La reproduction du brochet maillé a lieu tôt au printemps
Il est rare de trouver plus d’un d’entre nous sur un territoire donné : nous avons tendance à défendre assez violemment l’espace que nous nous sommes approprié. De plus, il y a de la prédation à l’intérieur même de l’espèce : les plus gros d’entre nous mangent les plus petits. Nous ne tolérons la présence d’autres individus qu’au printemps lors de la reproduction. Dès que les glaces ont fondu, nous nous dirigeons vers les eaux peu profondes, près des rives inondées des rivières, des lacs et des étangs. Nous ne sommes pas d’excellents parents : aucun nid n’est construit et la femelle pond de 6000 à 8000 œufs au hasard, à travers le gravier et la végétation. Les jeunes éclosent 6 à 12 jours plus tard et se nourrissent de plancton et d’insectes aquatiques. Lorsque j’atteins une taille d’environ 7 cm, la diète est modifiée pour inclure des petits poissons et la croissance s’accélère. C’est la course pour qui croîtra le plus vite et pourra dévorer ses frères et sœurs.
Un poisson combatif, mais parfois difficile à capturer
Il est important d’avoir un équipement adéquat si tu veux me ramener sur la terre ferme et ne pas me blesser inutilement. Il te faudra d’abord une ligne pouvant résister à la tension qui s’accumule lorsque je me débats. Normalement, une résistance de 16 à 20 livres devrait suffire. Un avançon en acier te sera également essentiel. En effet, mes nombreuses dents viendront rapidement à bout de ta ligne et la couperont, peu importe sa résistance. Finalement, il te faudra un appât pouvant attirer mon attention. Comme je ne suis pas difficile, tout ce qui imite mes proies peut faire l’affaire.
Si tu prévois faire la remise à l’eau après m’avoir capturé, il est conseillé de replier les ardillons de ton ou tes hameçons pour que je puisse retourner dans mon milieu le plus vite possible. Tu peux aussi utiliser un hameçon circulaire. N’attends pas trop avant de ferrer après que j’ai mordu l’appât, sinon les hameçons risquent de s’enfoncer profondément dans ma gorge. Ce sera encore plus compliqué pour les retirer. Finalement, puisque je suis extrêmement combatif, il est difficile de me récupérer avant que je sois complètement épuisé. Ainsi, il te faudra faire une remise à l’eau progressive, c’est-à-dire qu’il te faudra me tenir dans l’eau et t’assurer que j’ai complètement récupéré avant de me relâcher. Si ce n’est pas le cas, je risque de parcourir une certaine distance avant de m’échouer et de mourir de fatigue.
J’ai la réputation d’être un poisson très combatif et je suis toujours apprécié des pêcheurs sportifs lorsque je mords à leur ligne. Je ne suis cependant pas un adversaire facile à capturer. Si c’est la première fois que tu pêches, tu devrais plutôt t’attaquer à des espèces plus petites, comme les crapets par exemple.
Il paraît que…
- Le brochet permettrait de garder les populations de poissons d’un lac en santé en s’attaquant aux individus les plus faibles qui présentent déjà les symptômes d’une maladie, et ce, même s’il n’a pas faim.
- On distingue le brochet maillé de ses cousins par la coloration de ses écailles, mais aussi par le nombre de pores sensoriels qu’il a de chaque côté de la mâchoire inférieure. Il en a 4 par côté, pour un total de 8. Le grand brochet (Esox lucius) en a 10 et le maskinongé (Esox masquinongy) en a de 12 à 18.
- La taille maximale des proies que le brochet maillé peut ingérer est déterminée par la taille de sa bouche.