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Groupe de loutres de rivière. © Luc Farrell.

Pleins feux sur… le piégeage de la loutre de rivière

Si tu es comme moi, tu aimes jouer dans la neige. Ce que je préfère par-dessus tout, c’est la glissade! Je suis la championne des sports de glisse. Allez hop! Sur la bedaine et je dévale la pente enneigée! Tu es prêt à faire comme moi, la loutre de rivière (Lontra canadensis)? On fait la course?

Comme un poisson… oups, une loutre dans l’eau!

Loutre.

Loutre de rivière. © Luc Farrell.

L’hiver ne me fait pas peur. Je suis active toute l’année, mais je ne sors pas durant les grands froids, un peu comme toi, je suppose. Avec mon corps fuselé et ma grande queue, je suis plus performante qu’une « traîne sauvage ». Et si je te disais que je suis encore plus à mon aise dans l’eau; une véritable torpille!

Je suis un modèle amphibie parfaitement adapté à la vie aquatique. Mon corps possède des caractéristiques particulières : outre ma forme aérodynamique, mon rythme cardiaque ralentit sous l’eau. Je fais de la bradycardie; cela me permet d’économiser l’oxygène. De plus, mes poumons ont moins de lobes et ma trachée est plus courte; en fait, elle est de longueur intermédiaire entre celle des mammifères terrestres et marins. Ces particularités facilitent mes déplacements sous l’eau. Je peux d’ailleurs y demeurer jusqu’à 4 minutes!

Loutre en train de nager.

Loutre de rivière en train de nager.
© Frédérick Lelièvre.

Je nage en faisant onduler mon corps, et ma grande queue me sert de gouvernail. Ma fourrure imperméable me permet d’évoluer comme un poisson dans l’eau! Mes grandes moustaches appelées vibrisses sont indispensables lors de mes activités de chasse aquatique. Il n’est pas toujours facile de bien voir et d’entendre dans l’eau, alors je compte sur ces super poils! Nul besoin de m’inquiéter, mon nez et mes oreilles ferment hermétiquement sous l’eau.

 

Une pêcheuse agile!

Loutre qui mange un poisson.

Loutre de rivière qui mange un poisson.
© Luc Farrell.

La quête de nourriture occupe la majeure partie de mon temps. Nocturne, je parcours parfois des dizaines de kilomètres dans mon réseau hydrographique. Je circule principalement dans les cours d’eau. Je demeure dans l’eau pour manger les petits poissons et je commence par la tête. Je transporte les plus gros sur la rive. Quand la pêche est bonne, je les accumule et je les déguste plus tard. Il n’y a pas de limite de prise pour moi! Ma préférence va du côté des ménés, des crapets et des meuniers, des espèces qui nagent plus lentement. Mes pattes palmées munies de griffes me procurent une excellente dextérité pour manipuler mes proies. Mes pattes arrière possèdent de petites protubérances qui me procurent une meilleure adhérence sur les surfaces glissantes telles que la glace. Un peu comme des crampons.

Je sais profiter des bonnes choses. Durant la période de fraie des ombles de fontaine (Salvelinus fontinalis), je m’empiffre! Amatrice de grenouilles, d’écrevisses, de crabes et d’autres invertébrés, je ne dédaigne pas non plus les insectes et les œufs d’oiseaux. Je chasse parfois en groupe avec les jeunes qui me sont apparentés. Le groupe le plus commun est constitué de la femelle et de ses petits. Mais je forme aussi des bandes composées d’individus de tout âge et de tout sexe.

Sociable et enjouée!

Groupe de loutres.

Groupe de loutres de rivière. © Don Getty.

Je suis un animal sociable; apprendre en s’amusant, c’est ma devise! J’aime jouer, courir après ma queue, me battre, me rouler dans l’herbe ou dans la neige. Je suis même jongleur à mes heures! Toutes ces activités servent à resserrer les liens avec les autres loutres et à pratiquer nos techniques de chasse.

Comme tous les membres de ma célèbre famille, les Mustélidés, j’ai une façon particulière de communiquer. Je laisse des marqueurs d’odeur grâce à des glandes spécialisées. Je vocalise aussi quand je suis dérangée. J’ai un cri d’alarme : je laisse échapper de l’air par mes narines, je souffle un peu comme un cerf de Virginie (Odocoileus virginianus).

Cohabitation et reproduction!

Loutres.

Loutres de rivière. © Luc Farrell.

Je ne tolère pas les eaux polluées; on me considère d’ailleurs comme une bonne indicatrice de la qualité de l’écosystème aquatique. Je cohabite souvent avec le castor du Canada (Castor canadensis). J’ai besoin de bandes riveraines avec de la végétation pour mettre pied à terre et trouver un abri. Je n’aime pas les grandes plages de sable et de galets; je préfère les milieux enchevêtrés d’arbustes avec des troncs d’arbres renversés et des plantes. Ce sont des cachettes potentielles pour me reposer et m’abriter, car je ne creuse pas de terrier. J’aménage parfois une chambre tapissée d’herbes, de mousse et de poils dans les huttes abandonnées du castor ou dans les cabanes du rat musqué (Ondatra zibethicus).

Notre espèce est polygame; le mâle courtise plus d’une femelle à la fois. La cour se déroule à la fin de l’hiver ou au printemps. La gestation a une durée de deux mois; la plupart des naissances ont lieu de mars à avril. La femelle s’occupe de son unique portée par année de un à six petits. Chaque femelle contribue à l’augmentation de la population de loutres!

Une fourrure très prisée!

Lynx (Lynx sp.), loups (Canis lupus) et coyotes (Canis latrans) sont mes principaux prédateurs lorsque je circule sur la terre ferme. Dans l’eau, bien malin qui me capturera! Seul l’humain parvient à déjouer ma vigilance. Je suis recherchée pour ma fourrure exceptionnelle.

Ma fourrure a deux types de poils : des poils de bourre, denses et courts, qui emprisonnent l’air et me servent d’isolant, et des poils de garde, rigides et imperméables. Pour maintenir une fourrure de cette qualité, je consacre beaucoup de temps au toilettage. On dit de ma fourrure qu’elle est lustrée. Je mue au printemps et à l’automne. La couleur de mon pelage va du noir au brun pâle. Il paraît que ma peau est l’une des plus difficiles à apprêter.

Ma fourrure sert de mesure standard pour établir la durabilité des fourrures des autres animaux. Une fourrure de loutre de rivière est considérée comme 100 % durable!

Les indices de ma présence!

Glissage de loutre dans la neige.

Glissage de loutre de rivière dans la neige. © Gaétan Fournier.

Je suis souvent victime d’une capture accidentelle lors du piégeage du castor du Canada, avec lequel je suis intimement associée. C’est le premier travail du piégeur que d’inspecter son territoire. Il doit apprendre à bien me connaître pour installer les pièges aux endroits stratégiques. Il doit reconnaître les signes de ma présence tels que : 

  • Mes empreintes; 
  • Mes traces de roulade;
  • Mes glissades dans la boue ou la neige. Je laisse une tranchée d’environ 30 centimètres de large dans la neige;
  • Les toilettes. Je régurgite les parties indigestes de mes proies. On peut voir des petits tas de vomissure qui contiennent des écailles et de la végétation. Je les dépose sur des monticules, en des endroits surélevés près de la rive;
  • Les pointes à nouvelles. Le marquage par les sécrétions anales, l’urine et les fèces est un moyen olfactif de transmettre de l’information à mes congénères;
  • Les trous dans la glace, qui me permettent de venir respirer à la surface durant l’hiver.
Piège installé pour le piégeage de la loutre.

Piège installé pour le piégeage de la loutre de rivière. © Gaétan Fournier.

Il faut toujours se rappeler que le piégeage est une activité réglementée. Il y a une période et des engins selon les unités de gestion du piégeage. On recommande l’utilisation des pièges en X, no 220 ou 280, certifiés conformes aux normes internationales. Les pièges sont installés sous la glace avec un appât (poisson frais) ou dans un chenal à l’eau libre pour capture à la passe. On peut également employer des pièges de rétention nº 3 ou nº 4 avec système de noyade. Ils sont placés à la jonction des sentiers terrestres que j’emprunte. Les leurres recommandés sont l’huile de poisson et le musc de loutre de rivière.

Il paraît que…

  • Ma queue compte pour 40 % de la longueur totale de mon corps.
  • Ma longévité record en captivité est de 25 ans. En milieu naturel : 14 ans.
  • Je peux atteindre 29 km/h à la course sur la terre ferme.
  • Ma vitesse de nage est de 11 km/h.
  • Je peux plonger jusqu’à 20 mètres et nager sous l’eau sur 400 mètres.

Pour en savoir plus…

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)

Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec (FTGQ)