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Lieu historique du commerce des fourrures. © Jean Gagnon.

Pleins feux sur… le piégeage et le patrimoine faunique

Tu connais le sens du mot « patrimoine »? On l’utilise à plusieurs sauces, mais ici le sens visé est le suivant : « Ce que nous ont laissé nos ancêtres et qui caractérise notre culture ». Ce terme est souvent associé aux vieux édifices, aux églises et aux livres anciens. On associe aussi le terme patrimoine aux milieux agricoles, industriels et religieux, mais il s’applique à tous les domaines de la vie. Tes jeux vidéo sont peut-être du patrimoine de demain!

Hutte de castor.

Hutte de castor. © Serge St-Hilaire.

Le patrimoine s’exprime sous plusieurs facettes. Le patrimoine matériel représente tout ce qu’on peut toucher, ce qu’on peut restaurer, protéger, exposer, visiter, etc. Les bâtiments, les outils et les livres en sont de bons exemples. Le patrimoine immatériel regroupe tout ce qu’on ne peut toucher, comme les événements, les contes et légendes, les histoires, la musique, etc.

Lorsqu’on parle de faune, on se doit de considérer le patrimoine naturel, soit les espèces elles-mêmes (les populations, les écotypes, etc.) ainsi que les paysages et les écosystèmes dans lesquels elles évoluent.

Tu te demandes sûrement quel est le rapport entre le piégeage et le patrimoine? Immense, tu vas voir! En fait, notre histoire est très intimement liée au commerce des fourrures du début de la colonie, autant sous le régime français qu’anglais, donc depuis plus de 400 ans.

Le piégeage et le patrimoine faunique matériel

Poste de traite Chauvin.

Poste de traite Chauvin. © TCY – Wikipédia.

Bon nombre de lieux ont vu leur naissance et leur destin fortement liés au piégeage. Un bon exemple d’un patrimoine matériel est le Lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine . Tu y verras des bâtiments et une foule d’objets retraçant l’histoire de ce commerce au 19e siècle. À ce moment, le piégeage était le moteur de l’économie, et les fourrures étaient la monnaie d’échange.

Par ailleurs, des études très sérieuses portent sur les postes de traite au Québec. Des villes et villages sont même nés de cette activité. Le poste de traite Chauvin , à Tadoussac, est un important témoin de la naissance de ce lieu maintenant tourné vers le tourisme estival.

Enfin, en visitant le site d’interprétation historique du Vieux poste de traite de Sept-Îles , on constate l’ampleur de l’héritage des Premières Nations dans le patrimoine faunique lié au piégeage.

Le piégeage et le patrimoine faunique immatériel

Mécanisme du piège-assommoir traditionnel amérindien en bois pour capturer le castor.

Mécanisme du piège-assommoir traditionnel amérindien en bois pour capturer le castor. © André Pikutelekan, Wapikonimobile.

Cet héritage des Premières Nations est aussi présent dans le patrimoine faunique immatériel lié au piégeage. En effet, ces premiers trappeurs ont alimenté l’industrie de la fourrure et ont appris aux trappeurs européens les secrets des espèces fauniques d’ici. C’est ainsi que sont nées des générations de trappeurs (et trappeuses!) dont les traditions se perpétuent.

Il existe plusieurs traditions familiales liées à la fourrure; tu en auras un bon tableau en lisant la fiche de la famille Robertson , de Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean. Un autre témoignage du savoir-faire des Premières Nations dans ce domaine est classé dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec où on parle de la Trappe aux castors .

Enfin, dans son travail « d’homme des bois », Michel Béland respecte le mode de travail des anciens trappeurs.

Le piégeage et le patrimoine faunique naturel

Castor du Canada.

Castor. © Pierre Bernier.

Le castor du Canada (Castor canadensis) est très étroitement associé aux outils, traditions et bâtiments du patrimoine matériel et immatériel. Il occupe aussi une grande place dans le patrimoine naturel. À une certaine époque, l’activité de piégeage était tellement intense qu’il a bien failli disparaître. Au milieu des années 1900, des mesures de protection ont été adoptées afin de gérer cette activité. Ce sont ces actions de nos ancêtres qui ont permis de perpétuer cette espèce, ce qui fait du castor un bel exemple de patrimoine faunique naturel qu’ils ont contribué à nous léguer. Aujourd’hui, on trouve autant de castors en Amérique du Nord qu’au début de la colonie.

Lynx du Canada.

Lynx du Canada. © Marg Strickland, Pixabay.

Dans l’ensemble, on peut dire que tous les animaux faisant l’objet d’activités fauniques telles que la chasse, la pêche et le piégeage peuvent figurer dans le volet « humain » du patrimoine faunique naturel. C’est parfois grâce aux interventions de ceux et celles qui nous ont précédés que certaines espèces se perpétuent. En fait, cela illustre le principe de la gestion durable de la faune : permettre l’exploitation des espèces tout en assurant leur pérennité. C’est le cas du lynx du Canada (Lynx canadensis) dont la situation était préoccupante, et pour lequel on a cherché à ajuster la réglementation de récolte en fonction de son cycle de vie. Aujourd’hui, la population de lynx se porte bien.

En terminant, l’UNESCOUNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. décrète que « Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration ».

Tu peux constater que le patrimoine faunique naturel est tout aussi important que le patrimoine culturel!

Il paraît que…

  • Trappe, trappage, trappeur, piégeur, piégeage, du pareil au même? Presque. En vieux français, on employait le terme « trappe » pour désigner l’activité de capturer des animaux pour leurs fourrures. Les Anglais l’auraient repris par « to trap » puis « trapping », duquel découlerait le terme québécois « trappage ». La trappe, ou le trappage, serait plus associée à l’utilisation d’arcs, de fusils, de carabines et de pièges dans la récolte d’animaux à fourrure alors que le piégeage ne concerne… que les pièges.
  • On utilise maintenant le terme « piégeage ». Tu peux le trouver dans la publication réglementaire :Le piégeage au Québec – Principales règles .
  • Aux siècles derniers on parlait aussi de « pelleteries » pour désigner ce qu’on nomme aujourd’hui « l’industrie de la fourrure ». Les pelletiers étaient les artisans qui travaillaient la fourrure. Tu connais des pelletiers, ou des… Pelletier? Tu vois, il y a même du patrimoine linguistique qui est lié au piégeage!

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