Accueil de la section Jeunesse
Petites chauves-souris brunes. © MELCCFP.

Pleins feux sur… la préparation à l’hiver chez les chauves-souris

Une grappe de chauves-souris. © Envirotel 3000 inc.

HibernaculahibernaculumChiroptera et patagium. On dirait une incantation pour te faire tomber sous le charme des… chauves-souris. En effet, tous ces mots étranges ont un lien avec elles. Elles font partie de l’ordre des Chiroptera qui veut dire « mains en forme d’ailes ». Le patagium, c’est la fine membrane de peau qui est tendue entre leurs doigts et qui s’étend vers les pattes. Cette membrane, en forme d’aile, leur permet de voler. Les chauves-souris sont d’ailleurs les seuls mammifères volants au monde! Quant à hibernacula et hibernaculum, il s’agit du pluriel et du singulier du même mot, tiré du latin hibernaculum qui signifie : logement d’hiver. Au fait, sais-tu ce que font les chauves-souris durant l’hiver?

Tout d’abord, une présentation des espèces vivant au Québec

Chauve-souris cendrée. © Tanya Dewey, Animal diversity web.

Il y a huit espèces de chauves-souris au Québec. Peux-tu les nommer? Il y a la chauve-souris rousse (Lasiurus borealis), la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus), la grande chauve-souris brune (Eptesicus fuscus), la chauve-souris nordique (Myotis septentrionalis), la chauve-souris pygmée de l’Est (Myotis leibii), la chauve-souris cendrée (Aeorestes cinereus), la chauve-souris argentée (Lasionycteris noctivagans) et la pipistrelle de l’Est (Perimyotis subflavus). Les couleurs servent à les distinguer, en plus de critères tels que la taille des oreilles, des pattes postérieures et des dents. Pour en savoir plus sur les huit espèces de chauves-souris au Québec, consulte la capsule Pleins feux sur…les espèces en danger et les chauves-souris.

Un mammifère qui vole, ce n’est pas banal! Les chauves-souris peuvent effectuer trois types de vol : vol battu, vol plané et vol sur place. Certaines prennent leur envol à partir du sol en sautant en l’air et d’autres doivent se laisser tomber du haut d’un endroit élevé, tête première. La pipistrelle de l’Est vole à une vitesse moyenne de 18,7 km/h, la petite chauve-souris brune, à 33,3 km/h et la championne, la rousse, atteint 64 km/h en palier. Elles utilisent leurs ailes et l’uropatagium (la membrane de peau entre les pattes arrière) pour voler mais aussi pour capturer leurs proies.

Les espèces qui vivent au Québec sont toutes insectivores. Les chauves-souris sont les principaux prédateurs des insectes volants nocturnes. Elles jouent un rôle essentiel dans le contrôle de nombreux insectes nuisibles. Une seule petite chauve-souris brune peut dévorer son propre poids d’insectes en une nuit, ce qui correspond à 600 et, parfois même, jusqu’à 1000 insectes à l’heure!

L’écholocation : un système de navigation efficace

Anabat. © MELCCFP.

En plus du vol, ce qui caractérise aussi les chauves-souris, c’est leur système de navigation : l’écholocation. Sans vouloir entrer dans les détails, disons que l’écholocation est la faculté qu’ont certains animaux d’émettre de brèves impulsions sonores qui vont heurter les objets ou les proies situés sur leur parcours et dont ils perçoivent l’écho. L’écho renseigne l’animal sur la direction, la distance et la vitesse des objets ou des proies, ainsi que sur leurs dimensions et leur nature. Chez nos chauves-souris, les ondes sont produites par les cordes vocales et sont émises par la bouche ou les narines. La majorité des sons émis sont trop aigus et tu ne peux donc pas les entendre, ce sont des ultrasons. Les signaux d’écholocation varient d’une espèce à l’autre. Les biologistes utilisent un détecteur d’ultrasons (Anabat) et obtiennent des patrons qui correspondent aux différentes espèces; ils peuvent ainsi les identifier.

Patrons d’écholocation des différentes espèces de chauves-souris. © Groupe Chiroptères du Québec.

Que font les chauves-souris pour survivre durant l’hiver?

Éoliennes. © Martin Caron, Québec en images-CCDMD.

Avec la saison froide qui arrive, le garde-manger des chauves-souris disparaît. Que faire alors pour survivre durant l’hiver? Les chauves-souris n’ont pas toutes la même stratégie. Cinq d’entre elles demeurent ici et trois migrent vers le sud pour l’hiver. Les migratrices sont la chauve-souris argentée, la cendrée et la rousse, et elles quittent le Québec généralement en septembre.

On sait très peu de choses sur l’état des populations de chauves-souris migratrices, leur nombre, leur distribution et leurs routes de migration. Avec le développement de l’énergie éolienne, on a observé de la mortalité importante de chauves-souris dans les parcs éoliens. Que ce soit à cause de collisions directes avec les structures fixes, les pales en mouvement ou du barotraumatisme, les éoliennes causent beaucoup de mortalité. Le barotraumatisme est un traumatisme des organes internes (touchant surtout le système respiratoire) causé par les variations de pression d’air près des pales des éoliennes. Les chauves-souris ne sont pas capables de détecter ces chutes de pression.

Hibernacles de chauves-souris. © John R. Omer, USDA Forest Service.

Plusieurs études tentent de déterminer les facteurs qui contribuent à la mortalité des chauves-souris migratrices dans les parcs éoliens. En attendant, les trois espèces migratrices sont sur la liste des espèces menacées, vulnérables ou susceptibles d’être désignées ainsi .

Il y a donc cinq espèces de chauves-souris qui passent l’hiver parmi nous : la petite brune, la grande brune, la pygmée de l’Est, la nordique et la pipistrelle de l’Est. Elles sont dites résidentes ou cavernicoles. Dès la fin de septembre ou au début d’octobre, elles se réfugient dans des grottes et des cavernes naturelles ou dans des mines abandonnées.

Selon les régions, elles hibernent pendant plus de six mois. Si elles devaient passer une petite annonce pour un logement, on pourrait lire ceci : « Recherche résidence d’hiver avec température stable, légèrement au-dessus du point de congélation (entre 2 et 10 °C). Le taux d’humidité doit être de plus de 80 %, pas de courants d’air s.v.p. Eau à proximité, un atout ». Certaines espèces hibernent en petits groupes, d’autres hibernent seules.

Condensation givrée sur une chauve-souris.
© Envirotel 3000 inc.

Les chauves-souris font preuve d’étonnantes adaptations afin de survivre durant cette période où elles ne peuvent plus se nourrir. Tout d’abord, elles ont accumulé des réserves de graisse qui peuvent représenter jusqu’à 30 % de leur poids. Ensuite, durant la période d’hibernation, la température de leur corps s’abaisse au niveau de la température du lieu qu’elles occupent. Elles passent donc de 36º Celsius à environ 4 à 6º Celsius. De plus, leur rythme cardiaque diminue à près de 25 battements par minute.

Elles se réveillent périodiquement pour faire leur toilette, boire et parfois même s’accoupler. Ces réveils exigent une grande dépense d’énergie. Chaque fois qu’elles se réveillent, elles perdent du poids. Normalement, elles ont juste assez d’énergie pour ces réveils naturels. Si en plus elles sont dérangées par des visiteurs, elles épuisent leurs réserves.

Grillage à l’entrée d’une mine.
© Envirotel 3000 inc.

Il est donc très important qu’elles ne soient pas dérangées. Les cavités naturelles sont rares au Québec et elles sont également recherchées par les spéléologues amateurs. Ces derniers sont d’ailleurs sensibilisés à la conservation des chauves-souris.

De plus, depuis 1994, il existe un programme de protection des hibernacula de chauves-souris. Ce programme consiste, entre autres, à sécuriser les sites miniers abandonnés en y installant des grilles, tout en permettant la libre circulation des chauves-souris. On fait d’une pierre deux coups, puisque ces grilles permettent aussi d’éliminer le dérangement par les humains. Un système de suivi des populations a aussi été mis au point. Il permet d’estimer le nombre d’individus dans l’hibernacula à l’aide d’un détecteur de mouvements qui enregistre les entrées et sorties des chauves-souris.

Compteur de chauves-souris. © Envirotel 3000 inc.

Malheureusement, les chauves-souris sont victimes d’un champignon qui affecte les colonies durant leur hibernation. Il s’agit du syndrome du museau blanc. Peut-être en as-tu déjà entendu parler? Il s’agit d’une infection causée par le champignon Pseudogymnoascus destructans. Le syndrome du museau blanc (ou SMB pour les intimes) est arrivé au Québec en 2010. Il affecte les chauves-souris cavernicoles durant leur hibernation et entraîne des taux de mortalité extrêmes engendrant le déclin des populations. En Amérique du Nord, la mortalité totale attribuée au SMB est estimée à 6 millions d’individus. Le SMB touche les chauves-souris en augmentant les périodes de réveil en hiver. Les chauves-souris meurent ensuite de déshydratation ou d’épuisement de leur réserve de graisse avant l’arrivée du printemps.

À la venue de l’hiver, les chauves-souris n’ont d’autre choix que de se préparer. Que leur stratégie consiste à migrer ou à hiberner, les deux options comportent d’importants risques. Heureusement, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) veille à leur conservation!

Il paraît que…

  • Il y a des chauves-souris partout dans le monde sauf… dans l’Antarctique et dans l’Arctique.
  • Après les rongeurs, l’ordre des chiroptères vient au deuxième rang des mammifères, pour le nombre d’espèces dans le monde entier.
  • La plus ancienne chauve-souris fossile connue, Icaronycteris index (en anglais seulement) , est âgée de 50 millions d’années. Elle a été trouvée au Wyoming.

Pour en savoir plus…

Faune et flore du Pays

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)

Chauve-souris aux abris