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Junco ardoisé. © Stéphane Déry.

Pleins feux sur… le recensement des oiseaux de Noël

Père Noël. © Mathieu Boulet.

Ça te dirait de participer à une activité scientifique populaire? Chaque année, entre le 14 décembre et le 5 janvier inclusivement, des dizaines de milliers de personnes en Amérique du Nord participent au recensement des oiseaux de Noël (RON) dans leur région. Il s’agit d’un inventaire sur les oiseaux que l’on peut observer en hiver chez nous. Les données ainsi recueillies permettent de suivre les tendances des populations hivernales d’oiseaux à l’échelle des trois Amériques. La conservation des oiseaux a besoin de toi.

Le recensement des oiseaux de Noël : une tradition maintenant centenaire

Franck Chapman. © The World’s Work, 1913.

C’est au début du 20e siècle que le premier recensement des oiseaux de Noël s’est effectué. À cette époque, la tradition était bien différente d’aujourd’hui. Le jour de Noël, des chasseurs, répartis en équipes, parcouraient les boisés et les champs pour abattre tous les oiseaux et les mammifères qu’ils apercevaient. C’était la méthode utilisée pour effectuer le dénombrement des animaux dans une région.

Mais en 1900, un Américain, M. Franck Chapman, invite les amateurs d’oiseaux à faire un tout autre type de chasse : un dénombrement d’oiseaux, armé uniquement de jumelles.

Cette année-là, 27 personnes ont répondu à l’appel et c’est ainsi qu’est née une tradition maintenant centenaire. Depuis ce temps, le programme a pris de l’ampleur et les méthodes de dénombrement ont été uniformisées. C’est la « National Audubon Society » qui en établit les règles et qui compile les données pour tout le continent américain. Au Canada, ce programme est géré par Oiseaux Canada.

Le recensement des oiseaux de Noël (RON), c’est quoi au juste?

Bon c’est bien intéressant d’en apprendre un peu sur l’histoire, mais c’est quoi au juste le recensement des oiseaux de Noël? Le RON est un projet de recherche scientifique auquel tu peux participer en tant que bénévole, sans avoir de formation spécifique. Seulement un minimum de connaissances sur les oiseaux de ta région est nécessaire. En gros, il s’agit d’identifier, de dénombrer et de noter tous les oiseaux observés et entendus au cours d’une journée, à l’intérieur d’un territoire prédéterminé. Ensuite, les données sont compilées à l’échelle locale et les résultats de l’inventaire sont diffusés sur le site Web d’Oiseaux Canada et de la National Audubon Society. Ces données sont utilisées par les naturalistes et les biologistes pour suivre les tendances et les répartitions des populations d’oiseaux d’une année à l’autre.

Mésange à tête noire. © Stéphane Déry.

C’est simple, mais ça demande une bonne organisation pour répartir les territoires entre les participants et uniformiser les techniques d’inventaire. Comme dans tous les inventaires fauniques, il faut d’abord déterminer le territoire à l’étude. Dans le cas du recensement des oiseaux de Noël, chaque relevé d’inventaire doit couvrir la totalité d’un territoire de 452 km2. Il s’agit d’un territoire circulaire de 12 km de rayon. On l’appelle le cercle de dénombrement et le Québec en compte maintenant plus de 40. Mais c’est grand 452 km2; comment est-ce possible de couvrir tout ce territoire en une seule journée? Chaque cercle de dénombrement est divisé en parcelles. Cette division est généralement faite soit par un compilateur responsable du territoire soit par le club d’ornithologie local qui en a la charge. Les parcelles ainsi définies restent habituellement les mêmes d’une année à l’autre. Les observateurs bénévoles se partagent donc les parcelles afin de couvrir le plus possible de territoires à l’intérieur du cercle de dénombrement.

Comment procède-t-on pour faire un inventaire aviaire?

Geai bleu. © Cal Vornberger.

Le succès d’un inventaire dépend souvent de sa préparation. Si tu t’impliques, tu dois bien préparer ta sortie pour être efficace le jour de l’inventaire. Ce sont les mêmes étapes que font les biologistes quand ils doivent effectuer un inventaire d’oiseaux dans le cadre d’une étude scientifique. Il est avantageux de bien connaître le territoire qui t’est attribué. Tu peux aller faire une visite de reconnaissance (ou regarder la carte sur Internet) avant la journée de l’inventaire pour localiser les zones d’intérêt : est-ce qu’il y a présence d’un parc urbain, d’un point d’eau, d’un lieu boisé, de mangeoires?

Tu dois aussi connaître les principales espèces d’oiseaux qui fréquentent ta région durant la période couverte par l’inventaire. Tu sais reconnaître seulement quelques espèces… pas de panique! L’hiver est une très bonne période pour entreprendre l’observation des oiseaux, car il y a relativement peu d’espèces et plusieurs sont faciles à identifier. Pour t’aider, tu peux consulter le site de ebird et te procurer la liste des oiseaux qui fréquentent ta région en hiver. Tu peux aussi consulter un guide d’identification en ligne pour regarder des photos ou des images des oiseaux que tu auras peut-être la chance d’observer. L’application Merlin est un outil exceptionnel qui aide grandement à l’identification des oiseaux. Cette application est gratuite et disponible en français.

Quels sont les oiseaux qui s’observent facilement en hiver?

Voici quelques exemples d’oiseaux faciles à identifier et que tu auras peut-être la chance d’observer : le geai bleu (Cyanocitta cristata), le pigeon biset (Columba livia), l’étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), le pic mineur (Dryobates pubescens) et le chardonneret jaune (Spinus tristis). Le moineau domestique (Passer domesticus) est souvent présent dans les villes. La mésange à tête noire (Poecile atricapillus) est fréquemment aperçue dans les boisés urbains. Elle est curieuse et très peu farouche ce qui fait d’elle un excellent sujet pour l’observation.

Harfang des neiges. © Richard Prévost.

Le harfang des neiges (Bubo scandiacus), emblème aviaire du Québec, est aussi très facile à identifier grâce à son plumage majoritairement blanc (surtout pour le mâle). C’est un visiteur régulier dans le sud du Québec à cette période de l’année, après avoir niché dans la toundra arctique. Étant donné qu’il est diurne, tu pourras peut-être l’observer en train de chercher une proie pour se nourrir.

 

 

Des jumelles et un guide d’identification sont des outils essentiels pour un inventaire réussi

Chardonneret jaune. © J.P. Myers.

Tu dois aussi te procurer le matériel nécessaire à ta sortie : des jumelles et un guide d’identification des oiseaux du Québec sont essentiels. Il y a peut-être quelqu’un dans ton entourage qui peut te prêter un guide d’identification des oiseaux ou tu peux en chercher un à la bibliothèque. Tu peux aussi utiliser l’application Merlin sur un téléphone. Il faut que tu puisses prendre des notes sur le terrain; un petit carnet et un crayon de plomb (graphite) feront l’affaire. Tu peux aussi télécharger l’application ebird sur ton téléphone ou sur ta tablette pour y inscrire directement tes données. N’oublie pas! Tu dois identifier, dénombrer et noter tous les oiseaux aperçus ou entendus dans la parcelle qui t’aura été attribuée. À la fin de ta journée, tu auras aussi à spécifier le nombre d’observateurs ayant fait le recensement de ta parcelle, la durée de l’inventaire (en minutes), la température, la distance parcourue et le moyen de transport utilisé (à pied, à vélo ou en voiture). Tu dois aussi prévoir des vêtements adaptés à la température de la journée de l’activité, car beau temps, mauvais temps, celle-ci aura lieu. Seules des conditions météorologiques extrêmes pourraient faire en sorte qu’elle soit annulée ou reportée à une date ultérieure. N’oublie pas d’apporter une collation nourrissante et une boisson. Un chocolat chaud dans un thermos peut-être très réconfortant par temps froid.

Pic mineur. © Stéphane Déry.

Trouve-toi des amis ou des parents pour t’accompagner; l’activité peut être encore plus stimulante et enrichissante si vous êtes plusieurs. Tu peux aussi te joindre à des ornithologues plus expérimentés. C’est une bonne façon d’en apprendre plus sur le merveilleux monde des oiseaux et beaucoup d’ornithologues seront très heureux de te faire partager leurs connaissances.

La veille de l’activité, tu devras te coucher tôt pour avoir tous tes sens en éveil le matin suivant et pour être en forme toute la journée : le recensement débute au lever du soleil et se termine au coucher du soleil. Mais n’oublie pas : c’est au lever du soleil que les oiseaux sont les plus actifs, car ils doivent se nourrir après avoir dormi de longues heures. Le succès d’un bon recensement appartient à celui qui se lève tôt.

Tu veux y participer? Voici comment faire.

Grand corbeau. © Melody Lytle.

Trouve un cercle de dénombrement qui fait l’objet d’un inventaire dans ta région. Ensuite, communique ton intérêt au compilateur responsable du territoire. Il pourrait de demander si tu connais bien les oiseaux de ta région et si tu es prêt à dénombrer les oiseaux durant toute la journée. Tu n’es pas à l’aise pour le faire seul? Pas de problèmes, plusieurs solutions s’offrent à toi :

1) Tu peux demander au responsable du cercle de dénombrement de te jumeler à un ornithologue expérimenté prêt à faire équipe avec toi.

2) Si tu as des mangeoires à oiseaux à la maison, tu peux faire l’inventaire des oiseaux durant une partie de la journée.

3) Et si tu ne connais pas du tout les oiseaux mais que tu souhaites t’initier à l’ornithologie, le rallye des oiseaux de Noël est une activité sur mesure pour toi.

C’est quoi ça? C’est un inventaire d’oiseaux basé sur le principe du recensement des oiseaux de Noël mais adapté pour les jeunes de 7 à 17 ans.

Le RON est une belle occasion de prendre le temps de découvrir les oiseaux près de chez toi tout en participant à un projet de recherche.

Dans chaque région du Québec, il y a toujours de belles surprises à observer, comme un oiseau migrateur qui n’est pas encore parti, un oiseau rare ou encore une espèce menacée.

En plus, les données que tu vas recueillir vont être compilées avec celles de tous les autres observateurs de l’Amérique du Nord et peuvent servir aux biologistes qui étudient les populations d’oiseaux. C’est dans l’analyse à long terme des tendances, sur plusieurs décennies, que les données des recensements des oiseaux de Noël sont importantes. Elles permettent aux biologistes de suivre les tendances démographiques (répartition et abondance) des oiseaux qui passent l’hiver chez nous, sur tout le continent et depuis plus d’un siècle. Ça devrait te motiver à te lever tôt!

Il paraît que…

  • Le recensement des oiseaux de Noël est le plus ancien programme de science citoyenne en Amérique du Nord.
  • En général, c’est plus de 125 différentes espèces d’oiseaux qui sont observées au Québec pendant le RON par plus de 1000 observateurs chaque année. Seras-tu un de ceux-là cette année?
  • Le geai bleu, la corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos) et l’étourneau sansonnet sont généralement observés dans la grande majorité des territoires inventoriés au Québec.
  • Deux espèces d’oiseaux désignées comme menacées ou vulnérables sont observées dans plusieurs territoires du Québec lors du RON : le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) et le faucon pèlerin (Falco peregrinus). Une bonne nouvelle pour ces deux espèces!

Pour en savoir plus…

National Audubon Society

Oiseaux Canada