Le carassin (Carassius auratus)

Statut

Espèce potentiellement envahissante, présente au Québec.

Description

Le carassin n’est nul autre que le familier poisson rouge (ou poisson doré) que l’on trouve dans de nombreux aquariums. Il s’agit d’un poisson trapu de 13 à 25 cm (il peut atteindre 50 cm), de coloration variable, du vert olive à orange, parfois parsemé de taches noires. Si les couleurs de l’espèce ont considérablement évolué au cours des siècles dans les élevages, les individus des populations sauvages présentent essentiellement des nuances de vert olive à gris. Le carassin possède une petite bouche terminale, des yeux relativement proéminents et une nageoire caudale (queue) fourchue. La base de sa nageoire dorsale est longue et, tout comme la nageoire anale, elle présente des premiers rayons épineux modifiés pour former une épaisse épine au bord dentelé.

© Doug Watkinson, Fisheries and Oceans Canada

Principaux traits caractéristiques du carassin

Espèces similaires

La carpe commune (Cyprinus carpio) est une espèce relativement proche du carassin et ces deux poissons appartiennent à la famille de cyprinidés. La carpe commune a une apparence semblable au poisson rouge, mais elle se distingue par la présence d’une paire de barbillons de chaque côté de sa bouche. Ces deux espèces peuvent produire des hybrides de morphologie intermédiaire.

Habitat

Le carassin est l’un des plus grands colonisateurs au monde, notamment grâce à sa tolérance aux fortes salinités et à la turbidité (c’est-à-dire la teneur en matières organiques en suspension dans l’eau), combinée à sa capacité de supporter de faibles températures et concentrations d’oxygène dans les eaux qu’il fréquente. Ces caractéristiques montrent qu’il peut s’adapter et survivre facilement à notre climat rigoureux, parfois pendant des périodes prolongées d’anoxie, c’est-à-dire sans oxygène, et dans des zones polluées. L’habitat typique du carassin est constitué de rivières, d’étangs, de fossés ou de lacs où l’on observe une végétation aquatique dense, un faible courant et une eau chaude. En raison de sa légendaire popularité, les jardins aquatiques ornementaux et les aquariums représentent aussi un habitat typique pour ce poisson!

Reproduction

La fraie de cette espèce a lieu dans des zones peu profondes où les herbes aquatiques sont abondantes. Les carassins sont des poissons caractérisés par une fécondité élevée et une croissance rapide. Au printemps, une femelle peut pondre des milliers d’œufs adhésifs déposés sur des plantes aquatiques submergées, et ce, 3 à 10 fois à un intervalle de 8 à 10 jours pendant toute la saison de reproduction. Les œufs éclosent après une semaine et les alevins, ou les jeunes, restent attachés encore quelques jours aux plantes le temps que leur sac vitellin (source de réserves dont ils se nourrissent après l’éclosion) se résorbe, avant de se disperser.

Historique de son introduction et principaux vecteurs de propagation

Le carassin est un poisson d’eau douce originaire de l’Asie centrale, de la Chine et du Japon. Le carassin est en réalité l’une des premières espèces aquatiques envahissantes à atteindre l’Amérique du Nord au début du XVIIe siècle. Ces poissons ont été introduits volontairement à des fins de commerce pour l’aquariophilie et d’ornementation dans les étangs, les fontaines et les petits lacs. Introduite au Québec vers la fin du XIXe siècle, cette espèce est aujourd’hui considérée à tort comme naturalisée dans nos régions. La libération intentionnelle ou accidentelle des poissons d’aquarium et de jardins d’eau dans les plans d’eau publics représente la voie d’entrée principale de cette espèce dans les réseaux hydrographiques. Tant que ces pratiques se poursuivront, il y a aura de nouveaux risques d’introduction.

Distribution connue

Le carassin est une espèce mondialement répandue et elle est reconnue comme une espèce envahissante dans tous les États américains, excepté en Alaska. Si ce poisson ne semble pas présent dans les grands cours d’eau, il s’est par contre établi dans certains petits cours d’eau. Il a déjà été observé aux alentours de Montréal, notamment dans la rivière de l’Assomption ou, encore, dans certains plans d’eau près de Québec et Lévis. Bien que cette espèce semble moins féconde sous nos latitudes, une augmentation des températures liées au réchauffement climatique pourrait cependant favoriser la propagation du carassin.

Impacts de son introduction

Les impacts écologiques et socio-économiques de ce poisson sont encore peu connus. Cependant, comme le carassin est omnivore, il consomme par exemple de la végétation, surtout des algues, du zooplancton, du phytoplancton, des larves d’insectes, des œufs de poissons, des petits poissons et même des détritus. Il représente donc un compétiteur et un prédateur potentiel des poissons indigènes en réduisant la nourriture et l’espace disponibles. De plus, en remuant la vase du fond des étangs pour déterrer la végétation enracinée, le carassin peut mettre en suspension des sédiments qui augmentent la turbidité du milieu et empêchent la croissance des plantes.

Prévention et contrôle

Comme pour de nombreuses autres espèces aquatiques envahissantes, prévenir la libération volontaire et accidentelle de spécimens dans l’environnement demeure le meilleur moyen de contrôler leur propagation. Toute personne qui désire se départir de ses poissons d’aquarium et de jardins d’eau doit respecter les principes de sécurité qui s’imposent.

Vous pouvez contribuer à prévenir l’envahissement de cette espèce nuisible en appliquant les méthodes de prévention et de contrôle qui s’imposent pendant les activités de pêche et de loisir.

Information complémentaire