À la suite de la nomination du nouveau conseil des ministres, le Secteur des forêts relève désormais du ministère des Ressources naturelles et des Forêts alors que les secteurs de la faune et des parcs relèvent du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Les ajustements requis seront apportés progressivement au site Web.

La migration assistée comme mesure d’adaptation aux changements climatiques : état des connaissances et évaluation du potentiel d’utilisation pour les espèces en situation précaire au Québec

Cette étude documente le potentiel d’utilisation de la migration assistée au Québec. La migration assistée est le déplacement intentionnel des espèces en situation précaire vers des niches climatiques plus favorables. De récentes études révèlent qu’un grand nombre d’espèces étendent progressivement leur aire de répartition vers le nord en réponse aux changements climatiques, faisant en sorte que le Québec pourrait constituer un refuge climatique pour une multitude d’espèces fauniques et floristiques. Étant donné que la vitesse naturelle de dispersion des espèces est souvent plus faible que celle des changements climatiques anticipés, une des mesures d’adaptation possible est la migration assistée.

Ce document a été réalisé dans le cadre de l’action 29.2 « Protection et gestion de la biodiversité et des écosystèmes » du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques. Il a été écrit en collaboration entre le Bureau d’écologie appliquée et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Il s’adresse particulièrement aux intervenants du domaine de la conservation de la biodiversité et de l’aménagement des milieux naturels qui désirent en savoir plus sur le potentiel d’utilisation de la migration assistée pour la conservation des espèces en situation précaire au Québec.

Maturité financière, revenu potentiel et vulnérabilité des essences de la zone tempérée nordique

Mémoire de recherche forestière no 191

Un défi dans la réalisation des coupes partielles pour approvisionner une usine de bois d’œuvre de feuillus est de tirer un revenu suffisant à partir des bois récoltés pour couvrir les coûts d’approvisionnement. Historiquement, la majeure partie du volume des peuplements à dominance de feuillus est composée de bois utilisés pour les pâtes et papiers. Toutefois, depuis le milieu de la décennie 2000, les marchés pour ces produits sont en décroissance. Il en résulte une pression à récolter en plus forte proportion les plus gros arbres de belle qualité des essences feuillues les plus recherchées par les usines de bois d’œuvre. Dans ce contexte, nous avons analysé le revenu potentiel que pouvaient offrir 15 essences forestières rencontrées dans les peuplements où des coupes partielles sont couramment pratiquées dans le sud du Québec. Nous avons aussi calculé le diamètre à maturité financière (DMF) de ces essences, soit celui à partir duquel le taux de rendement annuel des arbres laissés sur pied devient négatif à cause de leurs grands risques de mortalité ou de dégradation, comparativement à leur accroissement.

Les résultats ont permis d’identifier 4 essences pouvant offrir un revenu bien plus grand que le coût moyen d’approvisionnement par coupe partielle (le chêne rouge [Quercus rubra L.], l’épinette blanche [Picea glauca (Moench) Voss], l’épinette rouge [Picea rubens Sarg.] et le pin blanc [Pinus strobus L.]), de même que 4 autres dans la situation opposée (le bouleau à papier [Betula papyrifera Marshall], l’érable rouge [Acer rubrum L.], le tilleul d’Amérique [Tilia americana L.] et la pruche du Canada [Tsuga canadensis (L.) Carrière]). Les résultats démontrent aussi que le taux annuel de rendement d’un arbre au Québec (c’est‑à‑dire son taux annuel de changement de revenu brut d’approvisionnement en bois d’œuvre) dépasse rarement la valeur de 3,5 % recommandée pour des investissements publics.

Pour compléter cette analyse financière, nous avons recensé la littérature afin d’évaluer la vulnérabilité aux changements climatiques anticipés et les répercussions potentielles causées par l’arrivée de nouveaux ravageurs exotiques de ces 15 essences et de 9 autres de la zone tempérée nordique. Ces nouvelles menaces pourraient influencer les perspectives à long terme quant à l’utilisation des résultats financiers.

Rendements observés et simulés 20 ans après des coupes de jardinage pratiquées de 1995 à 1999 dans un contexte opérationnel

Mémoire de recherche no 190

De 1995 à 1999, un réseau de suivi provincial a été établi pour mesurer les effets réels des coupes de jardinage exécutées dans les forêts du domaine de l’État. L’objectif était de vérifier si les hypothèses énoncées dans le Manuel d’aménagement forestier (MAF) relatives à la production se confirmeraient à la suite de l’application de ce traitement en conditions opérationnelles. Les hypothèses principales du MAF étaient que le volume marchand brut (VMB) et le volume de bois d’œuvre des essences principales pourraient se reconstituer au cours de la période de rotation prévue de 20 ± 5 ans. La présente étude vise principalement à présenter les résultats observés régionalement au terme de cette période et de les comparer aux hypothèses du MAF ainsi qu’aux résultats prévus par les plus récents modèles de croissance.

Nos résultats permettent de préciser les types de prélèvement possibles selon la durée de rotation souhaitée pour quelques scénarios sylvicoles visant la production de bois d’œuvre en forêt décidue : ils confirment les hypothèses du MAF (reconstitution du volume en 20 ± 5 ans) pour les érablières à bouleau jaune situées dans les Appalaches (végétation potentielle FE3, régions écologiques 3d, 4f et 4h) et pour les bétulaies jaunes à sapin (végétation potentielle MJ2), c’est-à-dire pour les groupes de peuplements dans lesquels les prélèvements étaient les plus faibles (environ 70 m3·ha−1 en VMB et 4 m3·ha−1 en volume DF1F2, soit le bois d’œuvre feuillu de grande valeur de 4 essences désirées). À l’opposé, la rotation requise pour reconstituer les volumes initiaux pourrait approcher 50 ans dans les érablières à bouleau jaune des collines du lac Nominingue (végétation potentielle FE3, région écologique 3b), dans lesquelles les prélèvements étaient les plus importants (110 m3·ha−1 en VMB et 12 m3·ha−1 en volume DF1F2). Lorsqu’ils ne sont pas sujets à une perturbation majeure, les autres groupes de peuplements à l’étude devraient prendre 30 ± 5 ans pour reconstituer les volumes prélevés (environ 80 m3·ha−1 en VMB et 8 m3·ha−1 en volume DF1F2).

Les modèles de croissance ont des biais relativement faibles (de 10 % à 18 % selon le cas) et tendent à sous-estimer plutôt qu’à surestimer la surface terrière et le VMB dans l’ensemble des groupes de peuplements. Les aménagistes forestiers ont donc en main des outils appropriés pour bien planifier les rotations de coupes partielles dans les érablières à bouleau jaune et les bétulaies jaunes à sapin du Québec.

Un autre objectif de l’étude était de présenter le volume DF1F2, le volume sur pied et l’accroissement en volume dans ces peuplements, afin de les comparer à ceux publiés en 2014 à partir de l’exercice de modélisation inclus dans le rapport du Comité sur l’impact des modalités opérationnelles des traitements en forêt feuillue (CIMOTFF). Nos résultats démontrent que même si la modélisation du CIMOTFF était peu biaisée à l’échelle provinciale (surestimation de 4 % du volume DF1F2), des écarts de volume allant jusqu’à 30 % existaient entre les groupes de peuplements. De plus, l’utilisation de nouveaux modèles d’évaluation du volume DF1F2 dans les arbres engendre une diminution d’environ 18 % de ce volume dans les peuplements à l’étude, comparativement aux estimations faites par les modèles en vigueur lors des travaux du CIMOTFF. Par conséquent, nous recommandons de cesser l’utilisation de la modélisation de l’évolution du volume DF1F2 présentée par le CIMOTFF et d’utiliser plutôt les modèles de la présente étude.

Effet à court terme d’une coupe partielle suivie d’un épandage de matière résiduelle fertilisante sur la croissance des érables à sucre dans des érablières à vocation forestière en Estrie

Note de recherche forestière no 163

Les matières résiduelles fertilisantes (MRF) constituent une solution de rechange intéressante à l’utilisation d’engrais de synthèse et de chaux, tant sur le plan économique qu’environnemental. Nous avons échantillonné 12 blocs expérimentaux dans des érablières en Estrie (Québec, Canada) où l’on avait effectué une coupe partielle et où, 1 à 4 ans après celle-ci, on avait épandu 25 Mg·ha−1 d’une MRF composée essentiellement de cendres de bois et de lie de liqueur verte, sur environ la moitié de la surface de chaque bloc. Les sols de ces blocs montraient généralement une carence en calcium. Nous avons mesuré la croissance en surface terrière des érables à sucre résiduels dans les 2 parcelles de chaque bloc avant l’application de la coupe partielle, après la coupe, puis de 2 à 6 ans après la fertilisation. La coupe partielle a entraîné une augmentation de croissance de 22 % par rapport à celle avant intervention. Les résultats indiquent que la réaction de croissance après fertilisation est très variable selon le bloc et la classe de diamètre à hauteur de poitrine (DHP) des arbres. C’est seulement chez 70 % des arbres dont le DHP était inférieur à 30 cm que nous avons détecté que l’accroissement en surface terrière tendait à augmenter (de l’ordre de 1 cm2·an−1) après la fertilisation, par rapport aux arbres éclaircis seulement. Chez les arbres ayant un DHP de plus de 30 cm, la réponse observée à la fertilisation a plutôt été une baisse de croissance radiale.

Effets du creusage de fossés sur la croissance de l’érable à sucre dans trois érablières en Estrie

Note de recherche forestière no 162

Nous rapportons les résultats de l’analyse de la croissance en surface terrière de l’érable à sucre (Acer saccharum Marshall), 6 ans après le creusage de fossés de drainage de surface dans 3 érablières de la région de l’Estrie au Québec (Canada). L’installation de ces fossés fait suite à l’observation, au cours des années 2010, du dépérissement des érables en raison d’un drainage déficient des sols. Ces sols avaient une texture loameuse à argileuse et une faible perméabilité intrinsèque. Les fossés devaient capter une partie des eaux de surface afin d’améliorer le drainage dans les 30 à 40 premiers centimètres de la surface du sol. L’analyse des carottes de sondage prélevées dans des troncs d’érables dans les 3 érablières indique qu’au cours des 6 années suivant le creusage des fossés, l’accroissement des arbres a diminué de 41 %, en moyenne, par rapport aux valeurs des 14 années précédant l’opération. La baisse de croissance a touché principalement les arbres de la classe de diamètre à hauteur de poitrine (DHP) de 25 à 40 cm et dans une moindre mesure, ceux de la classe de DHP de 10 à 25 cm. L’analyse des données météorologiques indique qu’entre les décennies 1960 et 2010, la quantité et la fréquence des précipitations ont augmenté significativement, tout comme les indices de saturation en eau du sol. Ces changements climatiques expliquent en partie l’apparition des problèmes de dépérissement forestier et de drainage déficient. Des travaux sylvicoles réalisés une dizaine d’années avant le creusage des fossés ont pu contribuer aussi à compacter le sol et à réduire sa perméabilité. Une étude plus élaborée s’avérerait utile pour départager l’effet des fossés de drainage de celui des changements des précipitations sur la vigueur et la croissance des érables à sucre dans ces érablières au sol peu perméable provenant de tills glaciaires.