Pleins feux sur… les œufs et les nids d’oiseaux
Enfin Pâques! La dégustation de friandises en chocolat nous indique que le printemps est définitivement à nos portes. Un autre signe évident de l’arrivée du printemps est le début de la période de nidification des oiseaux. En cette période de l’année, plusieurs espèces sont de retour chez nous pour construire leur nid, y pondre leurs œufs et y élever leur progéniture. Lis la suite pour en apprendre plus à leur sujet.
Qu’est-ce qu’un nid?
Par définition, un nid est « une construction que font les oiseaux pour y déposer leurs œufs, les couver et y élever les jeunes » (Larousse). Les nids construits par les oiseaux peuvent être de toutes sortes : certains nids sont des œuvres d’art alors que d’autres sont assez simples, voire négligés à nos yeux.
Nid de grand-duc d’Amérique. © Marc Bois.
La première image qui nous vient en tête lorsque l’on pense à un nid d’oiseau est sans doute un nid en forme de coupe, situé près de la cime d’un arbre et fait de brindilles. Le nid du grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus) répond assez bien à ces critères. Par contre, il n’a aucun mérite. En général, le plus grand de nos rapaces nocturnes ne fait que réparer un peu un nid déjà fait (souvent un ancien nid de buse à queue rousse (Buteo jamaicensis) ou de corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos)). Pourquoi faire des efforts quand seulement quelques ajustements à ce qui existe déjà peut nous convenir parfaitement? D’ailleurs, le grand-duc d’Amérique n’a pas de temps à perdre : au Québec, il n’est pas rare que la femelle ponde ses œufs aussi tôt que le début de mars, bien avant que la fonte des neiges soit terminée.
Certains oiseaux construisent leurs nids au sol. Ces nids peuvent être très simples. Parfois, seulement quelques cailloux placés au bon endroit sont suffisants pour obtenir un camouflage parfait. C’est le cas, entre autres, du pluvier kildir (Charadrius vociferus), un oiseau nicheur commun au Québec. Le pluvier kildir choisit généralement un milieu ouvert où la végétation est très peu abondante pour y construire son nid. Il veut pouvoir le surveiller facilement de tous les côtés. Une cavité peu profonde et recouverte de petites pierres et de quelques brins d’herbe est suffisante pour que la femelle y dépose de 3 à 5 œufs.
Pluvier kildir. © D.Chalfant.
Nid de pluvier kildir. © Pierre Bernier.
Quels sont les matériaux utilisés par les oiseaux pour construire leur nid?
Les matériaux que les oiseaux utilisent pour construire leur nid peuvent être très variés : feuilles, brindilles, algues, boue, sable, mousses, herbes, tiges, gravier, cailloux, lichen, toiles d’araignée, etc. À cette liste peuvent s’ajouter des déchets humains que les oiseaux peuvent trouver : laine, fils, papier, etc. Mais le summum du confort revient probablement à l’eider à duvet (Somateria mollissima), un canard marin présent dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Comme la plupart des espèces de canards et d’oies, ce dernier arrache une partie du duvet de son abdomen afin de dénuder sa plaque incubatricePlaque incubatrice : zone qui permet de transmettre plus efficacement la chaleur aux œufs lors de l’incubation.. Ce duvet est ensuite utilisé pour tapisser le fond du nid qu’il construit au sol. L’eider à duvet porte bien son nom : son duvet a d’étonnantes propriétés isolantes et une extraordinaire élasticité, ce qui en fait un produit très recherché pour la confection de couettes et de vêtements de plein air.
Eider à duvet. © Jean-Pierre Fillion.
Nid d’eider à duvet. © Jean-Guy Beliveau, Le monde en images, CCDMD.
Certains oiseaux construisent leur nid près des humains
Les habitats que les oiseaux utilisent pour nicher sont d’une grande diversité. Certaines espèces se sont adaptées à la présence humaine dans leur habitat et nichent de plus en plus près de nous.
Voici quelques espèces d’oiseaux qui utilisent fréquemment des structures et des aménagements construits par les humains pour y faire leurs nids.
Merle d’Amérique (Turdus migratorius)
Merle d’Amérique dans son nid. © U.S. Fish and Wildlife Service.
Le merle d’Amérique est un nicheur commun dans les villes, les banlieues et les campagnes du Québec. Au printemps, c’est le mâle qui arrive en premier sur le territoire de nidification. La femelle arrive un peu plus tard. C’est elle qui choisit l’emplacement du nid. De plus, c’est elle qui assure toutes les étapes de sa construction. Elle peut faire son nid au sol, mais elle choisira généralement un emplacement entre 1,5 et 3 mètres de hauteur. Et là, ce n’est pas le choix d’emplacements qui manque! Le merle choisit souvent un arbre ou un arbuste, mais de nombreuses structures construites par les humains font aussi son affaire : les clôtures, les lampadaires, les gouttières des maisons, un parasol sur le patio, le rebord d’une fenêtre, etc. L’important, c’est que le lieu choisi soit sur une base solide à l’abri de la pluie.
Faucon pèlerin (Falco peregrinus anatum)
Faucon pèlerin. © Richard Prévost.
Le faucon pèlerin n’est pas un nicheur fréquent au Québec. Bien que sa population semble s’être améliorée ces dernières années, la protection des sites de reproduction de cette espèce est essentielle à son rétablissement. Il est bien connu que le faucon pèlerin préfère les falaises pour nicher. Par contre, cette espèce fait aussi preuve d’une bonne capacité d’adaptation dans le choix diversifié de ses sites de nidification. En effet, il n’est pas rare de voir un couple nicher sur des constructions faites par l’humain, telles que les édifices, les gratte-ciel, les grands ponts, les clochers d’église, les silos des agriculteurs, etc. L’important, c’est que le site choisi soit près d’un milieu ouvert. C’est un terrain de chasse idéal pour capturer leurs proies favorites : les oiseaux.
Troglodyte familier (Troglodytes aedon)
Troglodyte familier. © U.S. Fish and Wildlife Service.
Le troglodyte familier est un tout petit oiseau (13 cm) de couleur plutôt terne (brunâtre). Ce n’est donc pas sa couleur qui attire notre attention, mais plutôt son chant. En effet, ce chant mélodieux peut être entendu du matin jusqu’au soir, surtout en période de nidification. D’ailleurs, c’est en chantant que le mâle délimite et défend son territoire de nidification. Il construit ensuite plusieurs nids (de 2 à 7) pour attirer une ou plusieurs femelles. Bien qu’il choisisse souvent une cavité naturelle dans un arbre ou dans une souche, le troglodyte familier n’hésite pas à utiliser des endroits inusités, tels que des pots de fleurs, des tuyaux de métal, des boîtes aux lettres, de la machinerie agricole, etc.
Ne pas déranger!
Comme tu peux le constater, la diversité dans la forme, dans les lieux et dans les matériaux que les oiseaux utilisent pour construire leur nid est immense. En fait, il y a probablement autant de nids différents qu’il y a d’espèces d’oiseaux différentes sur la Terre. Bien qu’il ne soit pas facile d’identifier avec certitude à quelle espèce appartient un nid (si l’oiseau n’est pas dessus bien entendu), certains nids ont des caractéristiques qui ne trompent pas.
Nid de merle d’Amérique. © Laslovarga.
Les oiseaux n’ont pas fini de nous étonner. La capacité de certaines espèces à cohabiter avec nous les humains et à vivre à notre proximité nous permet de les observer sans même avoir besoin de sortir bien loin de chez nous. Tu as peut-être déjà eu la chance d’observer un nid d’oiseau. Que ce soit dans la forêt, dans un parc ou même dans ta cour, il est très important d’éviter tout dérangement possible, qu’il y ait ou non un oiseau sur le nid. Ne t’approche pas du nid, afin d’éviter de laisser tes odeurs et de déplacer la végétation qui peut servir de camouflage. Surtout, ne touche à rien, même si le nid ou les oisillons semblent abandonnés. Les parents se sont probablement éloignés un peu après ton arrivée, mais ils ne sont pas bien loin. Ils vont revenir aussitôt que tu seras hors de vue.
Il est donc essentiel d’adopter une conduite exemplaire lors de l’observation d’oiseaux en période de nidification. Il s’agit d’une période critique et très importante de leur cycle vital. La moindre perturbation pourrait mettre en péril leur reproduction.
Comme pour toutes tes observations d’animaux dans la nature, la devise « observer sans déranger » est de mise.
Il paraît que…
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La femelle du merle d’Amérique pond généralement de 3 à 6 œufs de couleur bleu clair.
Nids d’écureuil gris. © Phil Myers.
- Les couples de faucons pèlerins retournent généralement sur le même territoire pour nicher, année après année. Certaines constructions humaines sont utilisées depuis plus de 10 ans!
- Le mot troglodyte désigne généralement un habitant d’une caverne ou d’une grotte. Ce nom a aussi été donné à une famille d’oiseaux qui niche habituellement dans une cavité quelconque.
- Il n’y a pas que les oiseaux qui construisent des nids pour y pondre leurs œufs : certains insectes et certains poissons aussi le font. Tu peux consulter les capsules Pleins feux sur… les œufs d’insectes et Pleins feux sur… les œufs de poissons pour en apprendre plus.
- Le mot nid fait aussi référence à des habitations que peuvent s’aménager certains animaux. L’écureuil gris (Sciurus carolinensis) construit de gros nids principalement faits de feuilles mortes. Évidemment, ce n’est pas pour y pondre ses œufs! Ces nids peuvent par contre avoir plusieurs usages : les femelles peuvent y donner naissance aux petits ou encore les adultes peuvent s’y tenir au chaud pendant l’hiver. En cette période de l’année où il n’y a pas encore de feuilles dans les arbres, les nids d’écureuils sont facilement repérables.
