Les chenilles à tentes

Biologie et comportement

Les cinq espèces de chenilles de lépidoptères mentionnées dans cette page ont des mœurs très similaires. Quatre d’entre elles se construisent un habitacle de soie, ou « tente », à l’intérieur duquel elles se développent en groupes ou en colonies.

La livrée d’Amérique, Malacosoma americanum (F.) (photo 1), la chenille à tente estivale, Hyphantria cunea (Drury). (photo 2) et la tordeuse du cerisier, Archips cerasivorana (Fitch) (photos 3 et 6) sont les plus répandues. Les tentes, qui abondent parfois le long des grandes voies de circulation, deviennent des objets de curiosité sinon d’inquiétude (photos 7, 4, 5 et 8).

Photo 1 – Chenille de la livrée d’Amérique.

Photo 2 – Larves de la chenille à tente estivale.

Photo 3 – Chenilles de la tordeuse du cerisier.

Photo 4 – Tente de la livrée d’Amérique.

Photo 5 – Tente et chenilles de la tordeuse du cerisier.

Photo 6 – Papillon de la tordeuse du cerisier.

Photo 7 – Regroupement spectaculaire de tentes de la tordeuse du cerisier.

Photo 8 – Jeune frêne presque entièrement envahi de chenilles à tente.

Photo 9 – Masse d’œufs de la livrée des forêts.

La livrée d’Amérique et la tordeuse du cerisier pondent leurs œufs en juillet et passent l’hiver qui suit à ce stade. C’est la chenille de la livrée d’Amérique qui émerge la première au printemps, dès le débourrement des bourgeons. Celle de la tordeuse du cerisier se met à l’œuvre au début du mois de juin et, peu après, on aperçoit ses tentes le long des haies et des routes.

Pour sa part, la chenille à tente estivale passe l’hiver dans le sol, au stade de pupe ou de chrysalide. Ses papillons (photo 10) apparaissent au début de juillet et ils sont actifs jusqu’en septembre; les œufs sont pondus durant cette période. Chaque femelle peut pondre de 400 à 500 œufs qu’elle dépose en une seule masse sur la face inférieure des feuilles, à l’extrémité des branches. Les jeunes larves se nourrissent en groupes. Elles squelettisent la face supérieure des feuilles autour desquelles elles tissent une toile qui s’agrandit progressivement. Lorsque la population est abondante (photo 8), l’hôte peut être complètement enrobé.

Photo 10 – Papillon de la chenille à tente estivale.

Photo 11 – Chenilles de la livrée du Nord.

Photo 12 – Chenilles de la livrée des forêts.

Photo 13 – Chenilles de la livrée des forêts et leurs tapis de soie.

La livrée du Nord, Malacosoma californicum pluviale (Dyar) (photo 11) est une espèce relativement peu connue au Québec et on la trouve surtout dans l’ouest de la province, en Abitibi et au Témiscamingue. Ses tentes sont peu nombreuses et ses colonies peu remarquables. Enfin, la livrée des forêts, Malacosoma disstria Hbn. (photo 12) est classée dans le groupe des chenilles à tentes, même si elle se contente de tisser un tapis de soie (photo 13). Cette espèce est fort répandue au Québec et l’on connaît périodiquement des épidémies très spectaculaires.

Hôtes

Le cerisier est l’essence préférée de la livrée d’Amérique. La tordeuse du cerisier partage cette prédilection, mais les deux aiment aussi les pommiers. Elles s’en prennent surtout aux arbres de petite taille. Moins exclusive, la chenille à tente estivale a été détectée sur plus de cent essences feuillues au Québec. Elle préfère néanmoins les frênes, les ormes et les cerisiers de Pennsylvanie de grande taille.

Pour sa part, la livrée du Nord s’attaque aux cerisiers de Pennsylvanie et aux saules. Quant à la livrée des forêts, son hôte de prédilection est le peuplier faux tremble, mais, lorsque ses populations deviennent très abondantes, elle s’en prend à tous les feuillus, à l’exception de l’érable rouge.

Détection

Très visibles en été, les tentes tissées par les lépidoptères attirent l’attention sur les arbres infestés. Dans le cas de la livrée des forêts, ce sont plutôt des larves regroupées en colonies très denses, sur le tronc des arbres, qui révèlent sa présence. À l’automne, après la chute des feuilles, l’observateur attentif peut encore distinguer l’emplacement de certaines tentes et apercevoir les œufs massés à l’extrémité des rameaux (photo 9).

Dégâts

La défoliation est le dégât le plus sérieux que l’on puisse attribuer aux chenilles à tentes dont les habitacles soyeux sont par ailleurs fort peu esthétiques. Si elle est provoquée par la livrée des forêts, elle est parfois grave et accompagnée de la destruction des bourgeons et des fleurs. Il en résulte alors une diminution dans la production de semences. Même s’ils ne sont pas en péril, les arbres infestés perdent une partie de leurs rameaux; leur vitalité est réduite et leur croissance ralentie.

Lutte

La façon la plus efficace d’éliminer ces défoliateurs sur les arbres d’ornementation ou sur de petites superficies demeure la cueillette et la destruction des toiles, en été, et des œufs, à l’automne. Un bon sécateur suffit. Le brûlage des tentes à l’aide d’une torche est fortement déconseillé à cause des risques qu’il comporte.