Les enrouleuses, les plieuses et les lieuses

Biologie et comportement

Les principaux insectes regroupés sous cette appellation appartiennent à l’ordre des lépidoptères et, plus précisément, aux familles des tortricidés, des pyralidés et des géléchiidés.

Leur présence est signalée par des structures anormales dans le feuillage. Les larves ou les chenilles sont munies de glandes séricigènes et secrètent une soie avec laquelle elles attachent les feuilles de diverses façons : elles les plient (photo 1), les enroulent (photos 2 et 3), les lient (photo 4) ou les chiffonnent (photo 5) pour se former un abri qui les protège contre les parasites, les prédateurs ou les intempéries.

Lorsqu’on les dérange, les larves reculent rapidement hors de ces abris dont elles broutent les parois intérieures (photo 6) et dans lesquels elles se métamorphosent en pupes ou chrysalides (photo 7), une fois leur développement larvaire terminé.

Photo 1 – Dégâts causés par une « plieuse » sur des feuilles de tremble.

Photo 2 – Feuille d’érable à sucre enroulée.

Photo 3 – Feuille de peuplier faux-tremble enroulée.

Photo 4 – Feuilles de tremble liées.

Photo 5 – Feuilles de bouleau gris chiffonnées.

Photo 6 – Feuille de bouleau déliée montrant la larve et le dégât causé par l’enrouleuse solitaire du bouleau, Acleris semiannula (Rob.).

Photo 7 – Pupe ou chrysalide de la tordeuse printanière du chêne, Croesia semipurpurana (Kft.), dans sa toile.

Ces chenilles de lépidoptères ont plusieurs autres points communs. De forme cylindrique, elles mesurent de 15 mm à 25 mm une fois parvenues à maturité. Sauf quelques exceptions, leur abdomen porte cinq paires de fausses pattes munies, à leur extrémité, de crochets disposés en cercle ou en demi-cercle (géléchiidés). Les larves arborent habituellement des couleurs ternes qui vont du vert au gris. Leur corps nu, parfois décoré de points noirs, ne présente que de rares soies (photo 8).

Tous ces insectes n’ont qu’une génération par année et la plupart pondent leurs œufs à la fin de l’été. C’est donc à ce stade ou à celui de toute jeune larve qu’ils passent l’hiver. Pour se protéger contre les froids extrêmes, les larves se tissent un cocon de soie. Très tôt le printemps, elles quittent cet abri et se précipitent sur les bourgeons, en quête de nourriture (photo 9).

Photo 8 – Chenille de la tordeuse du tremble, Choristoneura conflictana (Wlk.).

Photo 9 – Jeune larve de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, Choristoneura fumiferana (Clem.), à proximité des bourgeons de sapin. (Notez les fils de soie qui relient les deux bourgeons).

À la fin du stade larvaire, qui se poursuit encore de trois à quatre semaines, l’insecte se transforme en pupe ou chrysalide. Pendant ce dernier stade, qui dure aussi quelques semaines, il est très vulnérable face aux parasites et aux prédateurs, car il est immobile. Les papillons, qui apparaissent généralement en juillet, sont de petite taille. Ils se parent habituellement de couleurs discrètes qui varient du gris au brun et au beige (photo 10). Certains insectes sont tachetés et d’autres se singularisent en affichant des couleurs vives (photo 11).

Photo 10 – Papillon de la tordeuse du pommier, Archips argyrospila (Wlk.).

Photo 11 – Papillon de la tordeuse printanière du chêne.

Hôtes

Ces défoliateurs s’en prennent surtout aux feuillus tels que les érables (photo 12), les bouleaux (photo 13), les chênes (photo 14) et les peupliers. Sauf l’épinette blanche et le pin blanc (photo 15), les essences résineuses sont rarement affectées.

Photo 12 – Enrouleuse de l’érable, Sparganothis acerivorana Mack., sur feuilles d’érable à sucre.

Photo 13 – Enrouleuse du bouleau jaune, Ancylis discigenara (Wlk.) : chenille et dégâts sur feuilles de bouleau jaune.

Photo 14 – Dégâts de la tordeuse printanière du chêne sur feuilles de chêne rouge.

Photo 15 – Aiguilles de pin blanc liées par la tordeuse tubicole du pin, Argyrotaenia pinatubana (Kft.).

Détection

Au printemps, lorsque les bourgeons gonflent, l’observateur attentif peut y apercevoir des fils de soie (photo 9). Ce n’est toutefois que lorsqu’ils s’ouvrent et que la feuille se déploie que la présence des larves devient manifeste. Quand les populations se multiplient, ce sont surtout les déformations des feuilles qui attirent l’attention.

Dégâts

Il est très rare que ces lépidoptères aux mœurs particulières endommagent sérieusement leurs hôtes; même lorsque les populations sont nombreuses. En général, ils gâchent tout au plus l’apparence des arbres et ils en ralentissent la croissance.

Lutte

Aucune méthode de lutte n’est recommandée pour les feuillus parce que les dommages sont généralement négligeables et que l’insecte est bien protégé à l’intérieur de son abri.