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Castor du Canada. © CC4.

Pleins feux sur… la Saint-Valentin et la monogamie chez les animaux

Oiseaux et cœurs.

Oiseaux et cœurs.

La monogamie, est-ce que ça te dit quelque chose? Eh non, ce n’est pas un syndrome associé à quelqu’un qui joue toujours au même jeu électronique!

Il s’agit plutôt d’un comportement animal qui consiste à avoir un seul partenaire pour la reproduction.

Ce comportement peut nous sembler plus simple quand vient le temps d’offrir des chocolats pour la Saint-Valentin mais, dans le monde animal, y a-t-il des avantages dans la monogamie?

Transmettre ses gènes pour la survie de l’espèce

C’est bien connu, les animaux les mieux adaptés à leur environnement survivent et transmettent ensuite leurs gènes à leurs descendants. Plus la descendance d’un animal est nombreuse, plus son espèce a des chances de survie. Suivant cette théorie, on pourrait croire que plus un individu a de partenaires pour se reproduire, plus il a de chances de transmettre son bagage génétique à un grand nombre de descendants. Mais est-ce vraiment toujours le cas?

Loups.

Loups. © Pierre Bernier.

Apparemment non. Bien que, dans la nature, la polygyniePolygynie : un individu qui a plusieurs partenaires. soit le comportement de reproduction le plus fréquent, il y a quand même certains animaux qui sont monogames. Chez les oiseaux, on considère qu’entre 90 et 95 % des espèces seraient monogames. Par contre, chez les mammifères, ce nombre est beaucoup plus faible. Selon diverses études, seulement de 3 à 10 % des mammifères adopteraient ce comportement. On y trouve entre autres les loups et les renards, les loutres, les castors et près de 25 % des espèces de primates.

Pourquoi le nombre d’espèces monogames est-il si différent chez les oiseaux et chez les mammifères?

Parfois, dans le domaine scientifique, il y a beaucoup de questions… et aussi beaucoup de réponses possibles. Surtout quand il s’agit d’étudier le comportement de reproduction des animaux dans leur habitat naturel.

La première question à se poser est la suivante: qu’est-ce qui pousse les animaux à être monogames? Dans la littérature scientifique, on trouve principalement trois raisons.

La théorie de la dispersion des femelles est souvent évoquée comme explication. Quand les ressources alimentaires se font rares, les femelles doivent utiliser un très vaste territoire afin de se nourrir. Il devient alors difficile pour les mâles de féconder plusieurs femelles, car le territoire à couvrir est trop important. La dépense d’énergie impliquée dans la recherche de partenaires serait donc trop grande. S’unir avec une seule femelle serait alors la solution afin de transmettre ses gènes.

Merle d’Amérique avec ses petits.

Merle d’Amérique avec ses petits. © Washtenaw County Audubon Society.

Une autre explication est que mâle et femelle resteraient unis afin de fournir plus de soins parentaux à leurs rejetons et ainsi grandement favoriser la survie de leurs descendants. Cette explication pourrait justifier en partie pourquoi il y a très peu de mammifères qui sont monogames : le mâle ne joue pas de rôle dans le développement du fœtus ni dans l’alimentation de la progéniture (allaitement par la femelle). Chez les oiseaux, au contraire, si les deux parents participent à couver les œufs et à nourrir les jeunes, le taux de survie des descendants peut être plus grand.

Une autre hypothèse qui expliquerait la monogamie fait référence à la prévention des infanticides : la monogamie permet de protéger sa descendance contre les mâles rivaux qui voudraient éliminer le jeune afin de s’accoupler avec la mère (comportement que l’on observe, entre autres, chez certains primates).

Bref, plusieurs études tendent à trouver quelle est « LA » raison qui serait à l’origine de la monogamie chez les animaux. Pour l’instant, il ne semble pas y avoir de consensus. Peut-être est-ce une combinaison de plusieurs explications…

Mettre tous ses œufs dans le même panier

Mésange à tête noire.

Mésange à tête noire. © Richard Prévost.

Tu connais cette expression? C’est un peu ça la monogamie : toutes les chances de perpétuer l’espèce reposent sur le choix du partenaire « parfait ».

Mais même chez les espèces dites monogames, il y a beaucoup de combinaisons possibles.

Il y a la monogamie sociale où les couples sont formés pour la reproduction et pour l’élevage des petits, mais sans exclure la possibilité de s’accoupler avec un ou des partenaires en dehors du couple. C’est le cas de la plupart des espèces d’oiseaux monogames; le père biologique n’est pas nécessairement celui qui s’occupera de la progéniture. Un très bon exemple d’oiseau monogame social est la mésange à tête noire (Poecile atricapillus) : autant le mâle que la femelle peuvent s’accoupler avec un partenaire en dehors du couple, et ce, même si les couples de mésanges peuvent rester unis pour de nombreuses années et s’occuper tous les deux d’élever leur progéniture.

Couple de canards colvert.

Couple de canards colvert.

Le castor du Canada (Castor canadensis) est souvent cité en exemple quand il est question de monogamie. La base de l’organisation du castor est la colonie : elle est formée du couple et de sa descendance. Chez le castor du Canada, le couple est uni pour la vie. Mais le castor est un monogame social; des études portant sur la génétique ont démontré qu’il y a parfois des échanges génétiques entre les colonies.

Il y a aussi la monogamie sexuelle qui consiste à avoir des activités reproductrices avec un seul partenaire à la fois. Mais encore là, tout n’est pas simple. Une espèce peut être monogame seulement pour une saison de reproduction, comme chez le canard colvert (Anas platyrhynchos) par exemple.

Le pygargue à tête blanche, un modèle de fidélité

Ce n’est que dans de très rares cas que les partenaires restent unis pour toute leur vie.

Pygargues à tête blanche.

Pygargues à tête blanche.

C’est le cas, entre autres, du pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus). De plus, il semblerait que le pygargue est un modèle de fidélité. En effet, il est fidèle à son partenaire… à moins que la mort ne les sépare. D’ailleurs, les retrouvailles du couple au printemps sont très démonstratives et peuvent parfois être dangereuses. En effet, les partenaires font des manœuvres aériennes spectaculaires, souvent accompagnées de descentes en piqué. De quoi donner le vertige…

Il paraît que…

Hippocampe.

Hippocampe.

  • On parle de polygamie quand un individu a plusieurs partenaires. Il peut s’agir de polyandrie (une femelle avec plusieurs mâles) ou de polygynie (un mâle avec plusieurs femelles).
  • L’hippocampe est un cas particulier dans le monde animal : non seulement les hippocampes sont des monogames fidèles mais, en plus, c’est le mâle qui porte les petits dans sa poche ventrale.

Jeu

Pour en savoir plus…

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)

Faune et flore du pays

Découverte – Radio-Canada