Les cochenilles

Les cochenilles ressemblent très peu aux insectes familiers et il faut de bonnes connaissances en entomologie pour reconnaître les liens de parenté qu’ils ont avec eux. Ces petits insectes suceurs de sève appartiennent à l’ordre des homoptères, comme les pucerons.

Les insectes de ce groupe s’enrobent, parfois complètement, d’une cire qu’ils secrètent en abondance. Chez certaines espèces, cette substance durcit pour former, éventuellement une carapace un peu semblable à celle d’une tortue (photo 1) ou à la coquille d’une huître minuscule (photo 2). Chez d’autres espèces, elle forme une capsule blanchâtre, allongée et aplatie, d’apparence floconneuse (photo 3). Les caractères de l’insecte sont donc invisibles à l’œil nu.

Photo 1 – Lécanie de la vigne, Parthenolecanium corni (Bouché).

Photo 2 – Cochenille virgule du pommier, Lepidosaphes ulmi (L.).

Photo 3 – Cochenille des aiguilles du pin, Chionaspis pinifoliae (Fitch).

Photo 4 – Cochenille floconneuse de l’érable, Pulvinaria innumerabilis (Rathv.).

Les cochenilles connaissent trois stades de développement : l’œuf devient nymphe avant d’atteindre l’âge adulte. La femelle pond une kyrielle d’œufs minuscules qu’elle dépose sous elle, dans un soyeux coussinet de cire blanche (photo 4).

Ces insectes se reproduisent au rythme de deux à quatre générations par année. Comme les cochenilles se déplacent à peine les colonies denses envahissent peu à peu les pousses, les rameaux et le tronc des arbres (photos 5, 6 et 7).

Photo 5 – Pousse de pin infestée par une colonie de cochenilles des aiguilles du pin.

Photo 6 – Cochenilles de Lintner, Chionaspis lintneri Comst., qui ont envahi un rameau d’un bouleau à papier.

Photo 7 – Tronc de hêtre à grandes feuilles couvert de cochenilles du hêtre, Cryptococcus fagisuga Lind.

Les organes de locomotion des cochenilles sont atrophiés chez la plupart des espèces et les femelles n’ont pas d’ailes. En fait, à l’exception des nymphes du premier âge et des mâles ailés, ces insectes restent immobiles sur le feuillage ou l’écorce. Ces suceurs ont des pièces buccales semblables à celles des pucerons et, comme eux, ils se nourrissent de la sève de leurs hôtes et secrètent un miellat qui attire les guêpes et les fourmis.

Les cochenilles ont souvent servi à fabriquer des laques (shellac) et des pigments (carmin). La manne qui a permis aux Hébreux de traverser le désert était aussi tirée d’une cochenille!

Détection

Un feuillage prématurément jauni, un rassemblement de fourmis et de guêpes, des amas de cire blanche ou des renflements d’une substance collante et sucrée révèlent généralement la présence d’insectes suceurs.

Les aiguilles infestées prennent rapidement une coloration marbrée, jaunâtre, puis brunâtre (photo 3). Si l’infestation est grave, elles peuvent tomber prématurément. Les résineux les plus affectés sont les épinettes, mais le sapin (photo 4) et certains autres conifères sont aussi vulnérables aux tétranyques. Plusieurs espèces d’acariens s’en prennent également aux feuillus (photo 5).

Dégâts

Quand les colonies de cochenilles prennent beaucoup d’envergure, on peut appréhender des dégâts. Lorsqu’ils pullulent, ces insectes peuvent faire mourir des branches, et parfois même l’hôte entier.

Lutte

Les homoptères sont parasités par plusieurs hyménoptères, mais leurs pires ennemis demeurent les coccinelles, qui appartiennent à l’ordre des coléoptères. Les fourmis et les guêpes se contentent de leur soutirer leur miellat. Il faut parfois couper des branches pour réduire les populations de cochenilles.