Les gallicoles ou galligènes (insectes et acariens)
Les galles sont des déformations des tissus, mais les mécanismes physiologiques à l’origine de ces malformations sont malheureusement peu connus et mal documentés. Quand ils se nourrissent, plusieurs insectes et acariens incorporent ou injectent dans leur salive une toxine hormonale extrêmement active qui induit un développement anormal des tissus. Chez d’autres espèces, c’est la femelle qui cause l’apparition des galles en perçant les tissus de la plante pour y insérer des œufs.
Dans la plupart des cas, les galles se forment au printemps, alors que la plante est en pleine croissance et que les divisions cellulaires sont importantes. Comme les tissus jeunes ou méristèmes sont tendres, gorgés de sève et riches en éléments nutritifs, ce sont donc les premières victimes. Les bourgeons, les extrémités des rameaux, les fleurs et les jeunes feuilles sont les cibles favorites des insectes et acariens galligènes. Des individus d’une même espèce provoquent toujours la formation de galles identiques sur les mêmes parties de leurs hôtes. L’identification de l’insecte est ainsi facilitée.
Les galles renferment généralement plusieurs œufs (photos 9 et 10), mais parfois on n’en trouve qu’un (photos 11 et 12). C’est là que les œufs éclosent et que les jeunes se développent. Quand le développement des insectes et des acariens est terminé, ils se fraient un passage vers l’extérieur où la galle se dessèche, ce qui les libère automatiquement (photos 13 et 14).
Les galligènes appartiennent surtout à l’ordre des Hyménoptères (cynipes, photos 1 et 2), mais certains font partie des Homoptères (pucerons, photos 4, 9, 10, 13 et 14). D’autres, moins nombreux, sont classés avec les Diptères (cécidomyies, photos 3, 5, 6 et 11 et agromyses, photo 7). Les insectes des deux premiers groupes ont des cycles évolutifs fort complexes. Certains se répandent au rythme de plusieurs générations par année et à la faveur d’hôtes secondaires.
Les diptères galligènes ont un cycle évolutif plus simple et ne se reproduisent qu’à raison d’une génération par année. Quelques espèces de Coléoptères (cerambycidés, photo 8), d’Hyménoptères (tenthrédinidés, photo 12) et de Lépidoptères (tortricidés) peuvent provoquer l’apparition de galles isolées sur les feuilles, les rameaux des arbres ainsi que sur les plantes arbustives. Enfin, tous les acariens galligènes sont membres de la famille des ériophyidés, communément appelés « phytoptes » (photos 15, 16, 17 et 18).
Hôtes
Le chêne est l’hôte préféré de plusieurs espèces de galligènes et, surtout, des cynipes. Les homoptères, les diptères et les acariens préfèrent les peupliers, les saules, les bouleaux, les érables, les frênes, les ormes et les tilleuls chez les feuillus et les épinettes chez les conifères.
Détection
Les excroissances anormales sont d’excellents indices pour détecter les insectes et les acariens galligènes qui affectent les arbres. Chaque espèce de galligène provoque en effet l’apparition de galles spécifiques, c’est-à-dire qui ont une allure et, parfois, une couleur spécifique et qui se forment en des points déterminés de l’hôte. Il est donc facile de les identifier.
Dégâts
Les dommages causés par les galligènes sont généralement insignifiants. Habituellement, seule la beauté de l’arbre est affectée temporairement.
Lutte et traitement
Comme plusieurs agents naturels assurent la régulation des populations d’insectes et d’acariens galligènes, il est rarement nécessaire d’engager la lutte contre eux. De toute façon, leur nombre fluctue très peu d’une année à l’autre et les galles se raréfient avec le temps.
Comme les galligènes ne causent pas de dommages sérieux, la lutte chimique est inutile. Toutefois, si l’on tient à intervenir, l’émondage des feuilles, des rameaux ou des branches suffit souvent à débarrasser les arbres. Si l’on est confronté au puceron à galle conique de l’épinette, on doit détruire les galles au milieu de l’été, avant qu’elles n’ouvrent pour libérer de nouveaux adultes (photos 13 et 14). Si l’infestation persiste ou semble s’aggraver, on peut appliquer une huile dormante tôt au printemps, avant le débourrement. On éliminera ainsi les nymphes qui ont hiverné à la base des bourgeons.