La brûlure des rameaux

Cette maladie très grave des résineux a été découverte en 1969 aux États-Unis. Elle porte également le nom de brûlure des pousses terminales ou chancre diplodien. Le nom scientifique anglais est Diplodia tip blight ou Sphaeropsis blight. La maladie peut entraîner d’importantes pertes dans les pépinières forestières, les plantations et sur les arbres ornementaux.

Agent pathogène et distribution

La brûlure des rameaux est causée par deux champignons microscopiques. L’espèce la plus dommageable, appelée Diplodia pinea (Desm.) Kickx et aussi connue sous le nom scientifique de Sphaeropsis sapinea (Fr.:Fr.) Dyko et Sutton, est présente sur les cinq continents. La seconde, Diplodia scrobiculata J. de Wet, B. Slippers & M.J. Wingfield, cause moins de pertes et sa distribution est plus restreinte.

Espèces sensibles

Au Québec, les espèces vulnérables à la maladie sont le pin rouge (Pinus resinosa), le pin blanc (P. strobus), le pin noir d’Autriche (P. nigra), le pin gris (P. banksiana) et le pin sylvestre (P. sylvestris). Lorsque la source d’inoculum est très importante, l’épinette noire (Picea mariana) et le mélèze laricin (Larix laricina) peuvent aussi être infectés.

Signes

À l’aide d’une loupe, il est possible d’observer de minuscules fructifications noires, les pycnides, à la surface des aiguilles, des branches et des bourgeons des pousses mortes ainsi que sur les écailles des cônes de deux ans et sur l’écorce chancrée (photos 1 et 2). Les semences des pins atteints peuvent également être porteuses du champignon. Il arrive de trouver des cônes infectés sur des arbres apparemment sains. Le stade parfait n’est pas présent au Québec.

Photo 1 : Fructifications du champignon sur les écailles d’un cône de pin rouge

Photo 2 : Fructifications du champignon sur des aiguilles de pin rouge

Évolution de la maladie

Le champignon passe l’hiver sous forme de mycélium ou dans les pycnides qui se sont développées l’année de l’infection sur les aiguilles, à la base des faisceaux, dans les rameaux et les cônes des pousses maintenant mortes. La libération de quantités massives de conidies par les pycnides survient approximativement entre les mois d’avril et d’octobre (photo 3). Elles sont disséminées par la pluie, le vent, les insectes et les animaux. Les pycnides et le mycélium peuvent également être portés par les semences des arbres atteints.

Photo 3 : Conidies du champignon

La maladie peut demeurer latente et asymptomatique pendant plusieurs saisons chez des pins de tous âges. Le champignon est souvent considéré comme un endophyte qui vit à l’intérieur des tissus de pins en santé. Lorsque la maladie est active, elle progresse rapidement et tue les nouvelles pousses et les cônes récemment formés. Il a été démontré que les arbres affaiblis ou qui subissent des stress importants (carences nutritives, sécheresse, sols pauvres ou mal drainés, entreposage de jeunes plants, etc.) sont plus sensibles à la maladie. L’infection se produit pendant l’allongement des pousses et lorsque les conditions d’humidité relative sont élevées. Les conidies peuvent également infecter les tissus par des blessures aux branches et au tronc.

Des insectes sont souvent associés aux infections par Diplodia spp. En plus de jouer un rôle dans la dissémination de l’agent pathogène, ils facilitent la colonisation des tissus sains du cambium par le champignon.

Symptômes

Le premier symptôme à surveiller sur les semis est une brûlure des nouvelles pousses qui se produit au début de l’été (photo 4). Les pousses infectées sont rabougries, les aiguilles brunissent, puis meurent. Il est également possible d’observer, en fin d’été, des chancres sur le collet et une pourriture du système racinaire. Le feuillage des plants atteints jaunit et on peut observer un écoulement de résine là où se situe l’infection avant que les plants meurent.

Sur les arbres plus âgés, en général les arbres des plantations et ceux qui sont utilisés en horticulture ornementale, on note d’abord la brûlure des pousses, suivie de la mortalité des pousses, des bourgeons et des cônes (photo 5). Les arbres atteints présentent un retard de croissance et une mortalité en cime. Il arrive également que des chancres résineux apparaissent sur le tronc et les grosses branches. Une coloration bleuâtre de l’aubier peut aussi être visible sous l’écorce. Les arbres dont le tronc est atteint dépérissent et meurent éventuellement.

Photo 4 : Brûlure d’une pousse d’un plant de pin rouge en pépinière

Photo 5 : Brûlure de pousses de pins rouges en plantation

Pertes

Dans les pépinières forestières : Les pertes se concentrent surtout dans les planches de pins situées près des arbres malades, ce qui laisse croire que les conidies ne voyagent pas sur de très longues distances. Les tissus des jeunes plants sont plus vulnérables à l’infection lors du débourrement des bourgeons et du développement des pousses.

Dans les plantations : Les dommages sont apparents lorsque les arbres subissent les effets négatifs d’une sécheresse, de la compaction du sol, de froids intenses, de dégâts causés par les insectes, des blessures aux racines, etc. De plus, la régénération préétablie sous couvert est beaucoup plus sensible que celle établie en milieu découvert. Les conidies proviennent souvent de débris ligneux de pins abandonnés sur les sites après une coupe forestière.

Chez les arbres ornementaux : Les pins exotiques, tels le pin noir d’Autriche et le pin sylvestre, plantés aux abords des routes urbaines présentent souvent des symptômes de la maladie.

Méthodes préventives et curatives

Pépinière :

  • ramasser et détruire les semis contaminés à l’intérieur de la pépinière;
  • couper et détruire les arbres porteurs de la maladie à l’intérieur de la pépinière (brise-vent, etc.);
  • couper et détruire les arbres voisins de la pépinière. Si l’opération est impossible à mener, cultiver les espèces sensibles dans des blocs éloignés des arbres porteurs de la maladie;
  • appliquer un fongicide dès l’allongement des pousses. Les pulvérisations devront être pratiquées toutes les deux semaines dès l’ouverture des bourgeons.

Plantation :

  • couper et détruire les arbres gravement touchés;
  • garder les arbres vigoureux le plus possible;
  • éviter la concurrence des autres essences arborescentes;
  • éclaircir la plantation pour favoriser la circulation de l’air et pratiquer l’élagage préventif des branches du bas par temps sec.

Arbres ornementaux :

  • couper et détruire les pousses contaminées et les arbres très malades par temps sec;
  • désinfecter les outils de coupe avec de l’alcool à 70o;
  • éviter de stresser les arbres : arroser par temps sec et fertiliser au printemps.