Le dépérissement du peuplier de Lombardie
Maladie
Le dépérissement est un phénomène complexe qui est causé par un ensemble de facteurs, tels que la diminution de l’accès aux ressources (lumière, eau, nutriments), les dommages aux racines, la perte de vigueur généralisée résultant d’une épidémie d’insectes ou d’une infection par une maladie, les dégâts d’origine physiologique causés par un évènement climatique (sécheresse, verglas, vague de chaleur ou de froid, redoux hivernal), la modification de l’environnement immédiat par des travaux d’aménagement ou la modification des propriétés du sol (compaction, drainage, disponibilité des éléments nutritifs). Ainsi le dépérissement du peuplier de Lombardie (Populus nigra), observé à plusieurs endroits dans la province depuis quelques années, résulte de plusieurs facteurs. Originaire d’Europe, cette essence, dont la durée de vie est relativement courte, a été abondamment utilisée pour la plantation de haies brise-vent. Cette pratique a eu pour effet d’exposer les arbres plantés à de mauvaises conditions de croissance (manque d’eau, sel de déglaçage, herbicide, bris de racines, etc.) et de les rendre plus vulnérables aux maladies.
Le dépérissement du peuplier de Lombardie se manifeste tout d’abord par le brunissement des feuilles sur des branches isolées de l’arbre. Par la suite, des chancres se forment, la cime de l’arbre dépérit, puis l’arbre meurt (voir photo). Ces dernières années, des chancres, tels que le chancre dothichizéen (Discosporium populeum), le chancre cryptosphaérien (Cryptosphaeria lignyota) et le chancre cytosporéen (Cytospora chrysosperma) ont été identifiés sur des échantillons reçus au laboratoire de diagnostic en pathologie forestière du Ministère. Le plus important des champignons semblent être celui responsable du chancre dothichizéen. Il est d’origine européenne et entraîne une des maladies les plus importantes des peupliers. Il est très commun et agressif sur le peuplier de Lombardie. Ce chancre s’installe souvent sur les arbres affaiblis par des facteurs de stress, tels que la sécheresse, le gel et la chaleur excessive. On le trouve aussi sur des arbres en bonne santé de tous les âges et même sur les jeunes arbres en pépinière. Il prédispose ces arbres aux maladies secondaires et à leur mort.
Cycle biologique
Au printemps, les fructifications (pycnides) du chancre dothichizéen se forment sous l’écorce, puis deviennent visibles après l’éclatement de l’épiderme. Par temps humide, les conidies (spores), qui sont présentes une bonne partie de l’année, émergent d’un liquide visqueux de couleur crème, puis sont dispersées par la pluie ou le vent. Les conidies, qui normalement ne peuvent pénétrer au travers d’une écorce saine, profitent d’une petite blessure pour s’installer dans l’arbre. Celles-ci peuvent être des stipules fraîches suite à la chute des écailles des bourgeons après le débourrement, des cicatrices foliaires, des petites fentes causées par le froid ou des blessures causées par la taille ou l’élagage. Les premiers symptômes de chancre apparaissent sur l’écorce près de ces portes d’entrée sous forme de zones nécrosées et déprimées de dimensions variables. Ces zones prennent d’abord une couleur brunâtre devenant noirâtre par la suite. Une fois annelée, les branches meurent et, éventuellement, l’arbre au complet. Les tiges qui portent des chancres peuvent aussi se casser, ce qui crée de nouvelles portes d’entrée pour des champignons de carie. Finalement, le champignon passe l’hiver sous forme de mycélium dans les chancres ou sous forme de conidies dans les pycnides non ouvertes.
Un déséquilibre hydrique causé par un manque de pluie ou un sol trop perméable peut favoriser l’infection et le développement du chancre dothichizéen dans les tissus de la plante hôte.
Mesures sanitaires
Comme le champignon est un parasite, la meilleure stratégie est de maintenir les arbres en bonne santé et d’éviter les facteurs de stress. Pour ce faire, il est important de maintenir des bonnes conditions de croissance en portant une attention particulière au site et aux techniques de plantation. On recommande de bien espacer les arbres lors de la plantation pour diminuer les risques de propagation de l’infection, et d’émonder les parties infectées. Les branches mortes ne doivent pas être coupées par temps humide afin de ne pas transmettre la maladie. Il est aussi recommandé d’éviter les stress hydriques qui contribuent fortement à perturber les arbres et à diminuer leur vigueur.
Références
- Centre collégial de développement du matériel didactique, 2009. Maladies des arbres du Québec, [En ligne]. [https://arbres.ccdmd.qc.ca/]
- Cellerino, G. P., 1999. Review of fungal diseases in Poplar, [En ligne], Food and Agriculture Organization of the United Nations. [https://www.fao.org/docrep/004/ac492e/AC492E00.htm
- Ministère des Ressources naturelles, 2013. Guide sylvicole du Québec, Tome 1, Les fondements biologiques de la sylviculture, Québec, Les Publications du Québec, p. 800-809.
- Sinclair, W. A., et H. H. Lyon, 2005. Diseases of Trees and Shrubs , 2e édition, Ithaca , New York , Cornell University Press, p. 154-155.