La tache goudronneuse de l’érable

Maladie

Figure 1 -Tache goudronneuse causée par Rhytisma acerinum sur les feuilles d’un érable de Norvège.

La tache goudronneuse de l’érable ne passe pas inaperçue quand elle apparaît à la fin de l’été. Cette maladie est causée par des champignons du genre Rhytisma, soit R. americanum (Persoon : Fries) Fries, que l’on trouve sur l’érable à sucre, l’érable rouge et l’érable argenté, et le plus fréquent, R. acerinum (Pers. : Fr.) Fr., qui s’attaque aux érables de Norvège, espèce ornementale très présente en milieu urbain.

Lorsque cette maladie apparaît, on observe sur la surface supérieure des feuilles des taches noires lustrées ayant l’apparence du goudron et pouvant mesurer jusqu’à 3 cm de diamètre dans le cas de R. acerinum (figure 1). D’origine européenne, cette espèce de champignon a été identifiée pour la première fois aux États-Unis en 1940, puis s’est répandue dans tout le Nord-Est américain dont le Québec. Au même moment, en raison de sa culture facile et sa grande tolérance aux conditions urbaines, l’érable de Norvège, provenant aussi de l’Europe, a été planté abondamment dans les quartiers de Montréal puis dans d’autres municipalités du Québec, ce qui contribua à la prolifération de cette maladie.

Cycle biologique

Figure 2 -Tache goudronneuse causée par Rhytisma acerinum sur les feuilles d’un érable de Norvège.

Les taches commencent à apparaître au début de l’été lorsque les feuilles ont atteint leur pleine grandeur, mais elles sont difficilement détectables puisque les tissus infectés apparaissent d’abord comme jaune verdâtre. Plus tard en été, le champignon forme des stromas contenant des apothèces. À la fin de l’été, les feuilles sont couvertes de taches et peuvent tomber prématurément. Une fois les feuilles tombées, les apothèces continuent leur développement et atteindront leur maturité au printemps suivant (figure 2). Les ascospores du champignon seront alors éjectées et dispersées par le vent et la pluie pour aller réinfecter les nouvelles feuilles en développement. Les symptômes commenceront à être visibles un ou deux mois après l’infection.

Mesures sanitaires

Puisque le champignon passe l’hiver sur les feuilles au sol et que celles-ci sont la principale source de contamination au printemps, il est recommandé de ramasser les feuilles mortes et de les détruire au fil de l’été et à l’automne. Cette mesure permettra de réduire l’inoculum du champignon à proximité, mais n’empêchera pas complètement les risques d’infection par les arbres avoisinants.

Commentaire

Bien que la valeur esthétique de l’arbre soit grandement affectée sur les arbres ornementaux, en milieu urbain ou résidentiel, cette maladie a peu d’effets sur la santé de l’arbre à long terme. Les feuilles ont pu compléter l’essentiel de leur activité photosynthétique durant la saison de croissance et les bourgeons pour l’année suivante sont entièrement formés. De plus, la chute des feuilles se produit assez tard dans la saison pour ne pas nécessiter une deuxième feuillaison. Cela signifie que les réserves d’énergie sont déjà emmagasinées et suffisantes pour permettre à l’arbre de se développer normalement au printemps suivant.

Références

  • Centre collégial de développement du matériel didactique, 2009. Maladies des arbres du Québec, [En ligne]. [https://arbres.ccdmd.qc.ca/]
  • Gaudet, M., 1997. Les arbres de Montréal, Sherbrooke, Éditions Fides, p. 57.
  • Sinclair, W. A., et H. H. Lyon, 2005. Diseases of Trees and Shrubs, 2e édition, Ithaca, New York, Cornell University Press, p. 66-67.
  • Maine Department of Conservation, 2009. TarLeaf Spot of Norway Maple, [En ligne], Maine Forest Service. [www.maine.gov/dacf/mfs/forest_health/diseases/tar_leaf_spot_on_norway_maple.htm].

Photos : Julie Bouchard et Solange Simard, MFFP