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Oies des neiges en migration.

Pleins feux sur… les migrations animales, une solution efficace pour éviter l’hiver et bien plus

« Demain l’hiver, je m’en fous, je m’en vais dans le sud au soleil
me baigner dans la mer et je penserai à vous
en plantant mes orteils dans le sable doux. »

Connais-tu cette chanson de Robert Charlebois? Es-tu de ces personnes qui dépriment à l’annonce de l’hiver? As-tu l’appel du sud comme certaines de nos espèces migratrices? Ces voyages comportent des risques, mais il semble que le jeu en vaille la chandelle. Pour en savoir plus, lis la suite!

Comment définir la migration?

L’oie vole en V.
© Fred Klus.

Il s’agit d’un déplacement périodique impliquant un retour au point de départ. De nombreux groupes d’animaux présentent un comportement migratoire : mammifères, insectes, poissons, amphibiens et reptiles. Les oiseaux sont probablement les plus connus, en particulier les bernaches et les oies avec leur formation de vol en V, si caractéristique. Pourquoi se donner tant de mal? Pour échapper aux températures plus froides de l’hiver, pour se diriger vers un site de reproduction où la prédation est plus faible et la nourriture plus abondante. Chacun a sa raison de partir mais tous sont stimulés par leurs hormones qui donnent le signal du départ qui varie en fonction de l’horloge biologique et des conditions environnementales.

La nuit, vue de l’espace. © NASA.

Tout n’est pas si simple. De nombreux dangers attendent les voyageurs, en particulier les juvéniles qui en sont à leur premier périple. Les territoires à traverser sont nouveaux et remplis de menaces qu’ils ne connaissent pas. Les animaux doivent être constamment à l’affût des prédateurs, ils sont totalement dépendants des conditions météorologiques et ils font parfois l’objet d’une chasse sportive. Pour les bêtes se déplaçant la nuit, la pollution lumineuse est une source de désorientation. De plus, il n’est pas possible d’apercevoir les obstacles construits par l’humain tels que des tours radio ou des éoliennes. Ils peuvent être des causes de mortalité.

La migration nécessite d’importantes réserves de graisse dans lesquelles s’accumulent les pesticides ingérés avec la nourriture. L’utilisation des graisses libère ces contaminants dans l’organisme, ce qui occasionne un stress additionnel. Pour ces raisons, la migration est considérée comme une étape importante dans le processus évolutif par la sélection des individus les plus vigoureux et les mieux adaptés à ces contraintes physiologiques.

Méthodes utilisées pour suivre les animaux en migration

Les biologistes peuvent effectuer le suivi des espèces animales en migration. Par exemple chez les oiseaux, ils obtiennent des données telles que leur point de départ, leur point d’arrivée et le trajet emprunté. Ils connaissent alors les corridors de migration où la plupart d’entre eux circulent. On peut donc adapter le trafic aérien en conséquence afin d’éviter des collisions mortelles.

La télémétrie pour suivre les aigles. © Philippe Beaupré.

Comment fait-on? Il faut capturer les individus, leur apposer une bague et les relâcher. Le suivi est effectué lors d’une recapture ou lorsqu’un chasseur signale un animal bagué. Cette méthode est encore utilisée de nos jours. Avec l’évolution de la technologie et la miniaturisation des équipements, il est maintenant possible de poser, sur certains animaux, des émetteurs radio dont la position est relevée à l’aide d’un récepteur. Autrefois les chercheurs devaient suivre les oiseaux en migration en avion pour ne pas perdre leur trace! De nos jours, on utilise encore des émetteurs, mais les récepteurs se trouvent sur des satellites. Il est possible de positionner avec précision les individus suivis et il n’est plus nécessaire de migrer avec eux. C’est ce qu’on appelle le suivi télémétrique.

Toi aussi tu peux fournir de précieuses informations aux scientifiques qui font le suivi des migrations animales. La science citoyenne, ça te dit quelque chose? La science citoyenne permet à des non-chercheurs volontaires (comme toi) de contribuer à la recherche scientifique en fournissant des données lors de leur sortie dans la nature. C’est le cas entre autres avec ebird , une base de données mondiale sur les oiseaux. Les scientifiques utilisent les listes d’observations fournies par les participants de partout dans le monde. Ils peuvent ainsi suivre le déplacement d’une espèce (comme l’oie des neiges par exemple) sur toute une année.

Quelques exemples d’espèces d’oiseaux qui font des migrations

Volée d’hirondelles. © Pendragon1998.

As-tu déjà vu des fils électriques où des centaines d’hirondelles s’entassent côte à côte l’automne? C’est parce qu’elles se préparent à migrer et à passer l’hiver dans des marais aux États-Unis et au Mexique. Bien qu’elles soient très territoriales pendant la saison des amours, les hirondelles sont extrêmement sociables le reste de l’année. Elles forment des volées de quelques milliers à plus d’un million d’individus.

L’oie des neiges (Anser caerulescens) parcourt environ 4 000 kilomètres pour passer de ses aires d’hivernage aux États-Unis à la toundra nord-américaine où elle se reproduit. À l’automne, ces 4 000 km sont parcourus en sens inverse. Pouvant atteindre des pointes de 95 km/h, elles volent en moyenne à 55 km/h. Au cours de leur périple, elles se rassemblent dans des aires de repos où elles trouvent refuge et nourriture. Par exemple, elles s’arrêtent au Cap-Tourmente pendant leur migration automnale. On en dénombre parfois plus de 50 000 en même temps.

Harfang des neiges. © Fred Klus.

Connais-tu l’emblème aviaire du Québec? Il s’agit du harfang des neiges (Bubo scandiacus), un rapace qui réside toute l’année dans la toundra. Comme c’est un oiseau très bien adapté à l’hiver, sa migration est de courte distance. Elle peut aussi être irrégulière. Certaines années où sa proie favorite se fait rare, de nombreux individus se déplacent vers le sud, ce qui pour lui correspond à la région de la Capitale-Nationale! Il fait alors la joie des ornithologues amateurs.

La sterne arctique (Sterna paradisaea) est l’espèce qui a le plus long parcours migratoire du monde! Pendant l’été arctique, elle niche dans la moitié nord du Canada, sur les îles de l’archipel arctique, sur les côtes du Groenland et sur la côte nord de l’Europe et de l’Asie. Lorsque la période d’ensoleillement diminue, elle part pour la mer de Weddell située à la pointe de l’Amérique du Sud. Apparemment, la sterne ne connaît pas l’expression à vol d’oiseau! En ligne droite, elle franchirait une distance annuelle d’environ 35 000 km mais son périple lui prendrait plus de temps. Elle préfère les détours et utilise les vents dominants pour accélérer son voyage. Elle parcourt donc entre 50 000 et 81 000 km par an pour effectuer un aller-retour. Ayant une longévité de 30 ans, la plupart auront franchi une distance équivalente à trois allers-retours entre la Terre et la lune.

Couple de sternes arctique. © Toivo Toivanen & Tiina Toppila.

 

Les oiseaux ne sont pas les seules espèces migratrices

Chez les poissons, le saumon atlantique (Salmo salar) réalise une migration impressionnante. Après son éclosion, il passe 2 ou 3 années en rivière pour devenir un saumoneau. Il « mémorise » l’odeur de sa rivière et subit des changements physiologiques qui vont lui permettre de vivre en eau salée. Il se laisse emporter par le courant et va vivre dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent et le long des côtes de Terre-Neuve, du Labrador et du Groenland. Il passera une à trois années en mer avant de revenir dans sa rivière d’origine pour frayer. Contrairement à son cousin du Pacifique, le saumon atlantique survit à sa période de reproduction et pourra y participer plusieurs années. Les adultes attendent généralement le printemps suivant avant de retourner en mer. Ils y repassent généralement une année complète avant de recommencer le périple.

Harde de caribous. © USFWS.

Les caribous des bois de l’écotype toundrique (Rangifer tarandus) complètent également une migration annuelle. Ce caribou migrateur peut parcourir jusqu’à 6 000 kilomètres par année dans sa quête de nourriture ou d’abri pour éviter les loups (Canis lupus) et les insectes. Il est le champion marathonien toute catégorie des animaux terrestres migrateurs. Les femelles sont les championnes parmi les champions et elles retournent toujours au même endroit pour donner naissance à leur unique faon. Ces sites traditionnels sont parfois éloignés de plus de 1 200 km à vol d’oiseau des aires hivernales. Aucun autre animal terrestre au monde ne parcourt autant de distance dans son cycle annuel que le caribou migrateur de la rivière Georges ou celui de la rivière aux Feuilles. Comme le Père Noël a une longue route à parcourir, il est fort probable que son attelage soit composé de caribous migrateurs de l’un de ces deux troupeaux, qu’en dis-tu?

Monarques dans une aire d’hivernage. © Gene Nieminen, USFWS.

Les périples migratoires ne sont pas réservés qu’aux vertébrés, certains insectes en font. En Amérique du Nord, le papillon monarque (Danaus plexippus) complète un parcours annuel de 8 000 kilomètres, en faisant l’aller-retour entre les sites d’hivernage au Mexique et divers sites de reproduction à travers les États-Unis et le sud du Canada. Il faut trois générations de papillons pour compléter un cycle, ce qui laisse les scientifiques bouche bée. Comment peuvent-ils savoir où se diriger s’ils n’ont pas d’adultes pour les guider? Il arrive parfois que des monarques effectuent une traversée de l’océan Atlantique et se retrouvent en Europe. Peu d’insectes peuvent accomplir cet exploit.

Ce ne sont pas les seules espèces qui effectuent des migrations. Il faut compter les oiseaux chanteurs, de nombreux poissons, les coccinelles, les chauves-souris et plusieurs autres papillons. Nous sommes entourés de globe-trotteurs!

Il paraît que…

  • Le crabe rouge. © Rebecca Dominguez.

    Le premier marquage d’animaux a été fait en 1803 par John James Audubon, un naturaliste américain d’origine française. Il attacha des ficelles colorées aux pattes de quelques oiseaux pour déterminer si c’était les mêmes individus qui revenaient chaque année dans sa région. C’était le cas!
  • Une des plus impressionnantes migrations du monde se déroule sur l’île de Christmas, dans l’océan Indien. Chaque année, plus de 100 millions de crabes rouges (Gecarcoidea natalis), une espèce de crabe terrestre, traversent l’île pour atteindre la côte et se reproduire.
  • Il est possible de suivre les déplacements d’un papillon en apposant un petit autocollant sur une de ses ailes.

Pour en savoir plus…

Explos-Nature

DailyMotion – Vidéo

United States Geological Survey