Pleins feux sur… la Saint-Valentin et la séduction dans le monde animal
Séduire l’autre, c’est attirer son attention, se faire remarquer, sortir du lot. Quels sont tes trucs? Tu te mets sur ton 36, tu lui donnes des chocolats, tu l’invites au restaurant, vous allez danser? Dans le monde animal, la séduction, c’est très sérieux, ce n’est pas un jeu! Plusieurs stratégies ont été conçues pour conquérir le sexe opposé. Allons faire un tour chez les Casanova de la faune!
La séduction chez les oiseaux, une affaire de plumes!
Qui a dit que l’amour est aveugle? Certainement pas un oiseau! Chez les bêtes à plumes, l’apparence est poussée parfois à son sommet. Bien paraître devient une obsession. Les couleurs sont toutes plus flamboyantes les unes que les autres. Les mâles arborent leur plumage nuptial. Une fois la belle conquise, rien ne sert de maintenir plus longtemps ce look glamour. Ils perdent leurs apparats et revêtent leur plumage éclipse. Ils sont alors difficiles à distinguer des femelles.
Plumage éclipse | Plumage nuptial |
Canard colvert | |
Canard branchu | |
Canard souchet | |
Cela est particulièrement embarrassant pour les canards. Durant cette période de mue, qui dure quelques mois, ils sont incapables de voler… Eh oui, ils perdent même leurs plumes de vol et toutes à la fois. Nul besoin de dire que pendant ce temps, ils sont plutôt « low profile »…
La séduction par le chant, ce n’est pas seulement pour les oiseaux!
Le chant est également un outil de séduction. As-tu déjà entendu l’expression « chanter la pomme »? Chez les oiseaux , c’est un air bien connu. La majorité des espèces se manifestent au printemps. Tu as certainement entendu le merle d’Amérique (Turdus migratorius), le bruant à gorge blanche (Zonotrichia albicollis), etc. Les mâles chantent pour attirer l’attention des femelles et revendiquer leur territoire face aux concurrents.
On ne s’égosille pas seulement parmi les volatiles. On chante l’amour avec les anoures. Les grenouilles, les rainettes et le crapaud d’Amérique (Anaxyrus americanus) se font entendre. Au printemps, dans les mares, c’est la cacophonie chez les rainettes crucifères ♪ (Pseudacris crucifer) et les grenouilles des bois ♪ (Lithobates sylvaticus). Les mâles gonflent leurs sacs vocaux et usent de leurs charmes musicaux.
Outre le chant, on peut toujours faire du bruit pour se faire entendre. Le mâle de la gélinotte huppée tambourine (Bonasa umbellus). Il hérisse collerette et huppe, étale la queue et bat des ailes pour produire des sons sourds, d’abord espacés, puis se rapprochant en un vrombissement. On dirait le moteur d’une tondeuse à gazon qui démarre! Le maringouin n’est pas en reste non plus. Il bat des ailes pour attirer la femelle. Bien que pour nous, tous les moustiques se ressemblent, leurs bourdonnements d’ailes les distinguent. À chacun son bzzz!
La danse a, elle aussi, un pouvoir de séduction!
Chez certaines espèces, il faut en plus savoir danser! Plusieurs salamandres sont également des adeptes de la nage synchronisée! Tout se passe sous l’eau. Le mâle triton vert (Notophthalmus viridescens) s’accroche au cou de la femelle par ses pattes postérieures et s’ensuit un ballet aquatique effréné!
Le mâle colibri à gorge rubis (Archilochus colubris) exécute une danse en forme de pendule devant la femelle. Si tu installes des abreuvoirs, tu as peut-être déjà eu la chance de le voir performer. Il vole en dessinant un U et tu entends bien le bruit de ses ailes qui battent rapidement.
Le nec plus ultra dans les performances de séduction c’est le « lek ». Plusieurs mâles se rassemblent en un certain lieu qui demeure le même durant des années. Le groupe s’installe, une place pour chaque mâle et chaque mâle à sa place. Elle est déterminée par son rang social : les dominants occupent le centre et les subordonnés s’installent en périphérie. Les mâles s’exécutent sur cette piste de danse qui prend souvent les allures d’une arène de combat. On s’intimide, on gonfle ses plumes, on danse, on se bat. La femelle juge leur performance et, la plupart du temps, elle se dirige vers le centre occupé par le mâle dominant. Et le gagnant est… le Cupidon des prairies, et j’ai nommé le tétras des prairies (Tympanuchus cupido) (en anglais seulement).
La séduction, c’est aussi une affaire chimique!
Tu connais sans doute l’expression : « Ah celui-là, je ne peux pas le sentir ». Il y a une part de vérité là-dessous. Nous dégageons des odeurs qui attirent certaines personnes ou en repoussent d’autres. Ces phéromones sexuelles sont des molécules chimiques, véritables messagers de l’amour.
En mai, les couleuvres rayées (Thamnophis sirtalis) sortent de leur période d’hibernation. Les mâles sont les premiers à mettre le nez dehors. Ils attendent les femelles… Ces dernières vont littéralement parfumer le milieu. Elles dégagent des phéromones pour séduire les mâles et les aviser de leur « disponibilité ». Les mâles les suivent à la trace! Il se forme alors des boules d’accouplement spectaculaires.
Parfois, ce sont les mâles qui prennent les commandes. Le wapiti (Cervus elaphus) se constitue un haremHarem : groupe d’animaux composé d’un ou deux mâles et de plusieurs femelles. de femelles. Il veille sur elles et tient ses rivaux à l’écart. Il utilise plusieurs moyens pour se distinguer : il brame, il urine et il se bat! Il n’y a pas vraiment de séduction ici. Il y a plutôt de l’action et on règle ça de façon virile. Les duels sont à l’honneur, certains en meurent. De violents combats déterminent le vainqueur. Mieux vaut battre en retraite le moment voulu et sauver sa peau.
Soyons honnêtes, la plupart du temps, du moins dans le monde animal, ce sont les mâles qui font la cour. Les femelles ont le dernier mot, elles choisissent parmi les prétendants qui rivalisent d’astuces. Séduire, c’est une opération risquée. Quand on veut se faire remarquer par une partenaire potentielle, on termine parfois dans l’estomac d’un prédateur aux aguets!
Il paraît que…
- Le mot séduction est dérivé du latin seducere. Il signifie « tirer à l’écart ».
Pour en savoir plus…
L’Encyclopédie Canadienne