Questions fréquentes sur l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette
Qu’est-ce que la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE)?
- La TBE (Choristoneura fumiferana, [Clemens]) est un insecte indigène vivant dans les forêts d’Amérique du Nord depuis des milliers d’années. Elle se nourrit des aiguilles de sapin baumier, d’épinette blanche, d’épinette noire, d’épinette rouge et d’épinette de Norvège. Après une première année de défoliation modérée ou grave, il est possible d’observer une teinte rougeâtre sur les arbres touchés. La TBE joue un rôle écologique important en rajeunissant les forêts, comme le font les feux de forêt et les chablis.
- L’insecte est à l’origine d’épidémies cycliques revenant tous les 30 ans environ et pouvant durer de 10 à 15 ans dans un même secteur. Le Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) intervient pour protéger certains peuplements touchés (récolte préventive, récupération, modulation des traitements sylvicoles et lutte directe) afin de maintenir l’activité économique forestière des régions touchées par les épidémies de TBE.
- Les arrosages d’insecticide biologique (lutte directe) n’ont pas pour but d’arrêter les épidémies, mais bien de maintenir en vie les arbres attaqués.
La tordeuse des bourgeons de l’épinette au Québec
Le Québec est-il touché par une épidémie de TBE et, si oui, où?
Même si des populations ont été observées depuis 1992 dans l’Outaouais au sud-ouest du Québec, les spécialistes considèrent que l’épidémie actuelle a débuté en 2006 sur la Côte-Nord. Actuellement, les régions touchées par cette épidémie sont la Côte-Nord, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, la Capitale-Nationale, la Mauricie, les Laurentides, l’Outaouais, la Chaudière-Appalaches et le Nord-du-Québec.
Pour prévoir la progression de la TBE, le Ministère réalise un relevé des populations chaque automne. Cependant, il est difficile de connaître plus d’un an à l’avance sa progression.
Les cartes des relevés aériens des superficies touchées par la TBE sont disponibles sur le site Web du Ministère.
Les cartes des relevés aériens des superficies touchées par la TBE
L’épidémie va-t-elle durer encore longtemps?
En se basant sur les données recueillies lors des épidémies précédentes, on estime que l’épidémie dure en moyenne de 10 à 15 ans à un même endroit. Par exemple, si l’épidémie a débuté en 2010 à un endroit précis, elle pourrait y perdurer jusqu’en 2025.
Pour l’ensemble d’une région, cela peut être beaucoup plus long. Par exemple, les infestations dans la région de l’Outaouais se sont terminées en 2011 alors qu’elles avaient débuté en 1992 (19 ans).
Quel est le cycle de vie de la TBE?
Le cycle de vie de l’insecte se déroule sur une période de douze mois répartis sur deux années. Il compte un stade œuf, six stades chenille (larvaire), un stade chrysalide et un stade adulte, celui du papillon. C’est à son dernier stade larvaire (6e) que la TBE se nourrit le plus. À cette étape seulement, elle peut manger environ 85 % de toute la nourriture ingérée dans son cycle complet.
Qu’est-ce qui cause l’arrêt d’une épidémie?
Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle dans le déclin d’une épidémie. Parmi ceux-ci, on compte la mort des arbres hôtes, des facteurs de contrôle naturels (parasitoïdes, prédateurs et maladies) et les conditions météorologiques.
Quelles sont les essences d’arbres les plus vulnérables à la TBE?
Il s’agit surtout du sapin baumier. Les autres essences sont, en ordre décroissant, l’épinette blanche, l’épinette rouge et l’épinette noire. L’épinette de Norvège est aussi vulnérable, mais sa vulnérabilité est moins bien connue, car il n’y en avait pas beaucoup lors de la dernière épidémie.
Les chenilles de la TBE peuvent aussi se retrouver sur d’autres essences comme le mélèze. Le pin et les arbres feuillus ne sont pas touchés par l’insecte.
Quels dommages la TBE cause-t-elle aux arbres?
Au printemps, la TBE se nourrit principalement des nouvelles aiguilles produites par les conifères. Les arbres les plus vulnérables meurent en premier, généralement après trois ou quatre années de défoliation grave. La mortalité progresse ensuite à un rythme variable et culmine environ dix ans après le début de l’épidémie. Toutefois, ce ne sont pas tous les arbres qui meurent lors du passage d’une épidémie.
Quelles sont les mesures mises en avant par le MRNF?
Le Ministère s’est doté d’un plan d’action pour la TBE dans lequel les mesures suivantes sont mises en avant :
- réduire les pertes de volumes de bois à court terme;
- favoriser le rendement ligneux à long terme dans les territoires touchés;
- mettre en place des pratiques forestières qui respectent l’aménagement durable des forêts;
- limiter les effets négatifs de l’épidémie sur les communautés locales;
- cibler les interventions sylvicoles économiquement rentables.
Les mesures régionales s’inscrivent dans ce plan d’action et, actuellement, seules les régions les plus touchées accentuent leurs efforts pour réduire les conséquences économiques de cette épidémie : la Capitale-Nationale , la Chaudière-Appalaches , la Côte-Nord , le Saguenay–Lac-Saint-Jean , l’Abitibi-Témiscamingue , le Bas-Saint-Laurent , la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine , les Laurentides , l’Outaouais et le Nord-du-Québec .
Quels sont les bénéfices autres qu’économiques pouvant possiblement résulter des interventions du Ministère dans le cadre de l’épidémie de TBE?
La récolte d’arbres en perdition s’accompagne des bénéfices suivants :
- Réduction des risques d’incendie de forêt et de chablis (arbres renversés par le vent) en retirant du milieu forestier le bois sec et cassant;
- Réduction des gaz à effet de serre par séquestration continue de CO2 contenu dans le bois;
- Accélération du retour à un état sain et vert du peuplement, car la récolte favorise les interventions sylvicoles de régénération du peuplement, comparativement à des peuplements laissés en perdition;
- Résistance accrue aux épidémies et autres risques. Lorsque le reboisement est requis, des essences plus résistantes à la TBE que le sapin, telles que l’épinette noire et le pin gris, sont favorisées pour diminuer la vulnérabilité du peuplement forestier à une prochaine épidémie. Les superficies sont également reboisées à l’aide de plants sélectionnés pour leurs bons attributs et leur capacité à s’adapter aux changements climatiques.
Qu’est-ce que la SOPFIM?
La Société de protection des forêts contre les insectes et maladies (SOPFIM) est un organisme privé à but non lucratif créé en 1990 à la suite de l’adoption de la Loi sur les forêts.
Elle compte parmi ses membres les bénéficiaires de garanties d’approvisionnement, les propriétaires de grandes forêts privées de plus de 800 hectares d’un seul tenant et le ministère des Ressources naturelles et des Forêts.
Depuis avril 2018, son financement est assuré à 100 % par le gouvernement du Québec.
À la demande des autorités du Ministère, la SOPFIM planifie et exécute les programmes de pulvérisations aériennes d’insecticide biologique.
Où les pulvérisations sont-elles autorisées?
Le Ministère mandate la SOPFIM pour réaliser les pulvérisations.
Documentation sur les pulvérisations (SOPFIM)
Annuellement, le ministre des Ressources naturelles et des Forêts demande à la SOPFIM de réaliser des arrosages aériens et lui indique les régions visées par ces arrosages. Le ministre demande des arrosages en forêts publique et privée. La SOPFIM a le mandat de planifier et de mettre en œuvre le programme gouvernemental de lutte directe qui vise les aires admissibles à la protection en forêt publique et les propriétaires de grandes forêts privées de plus de 800 hectares ou 8 km2.
Le programme pour des arrosages sur de petites forêts privées a aussi été mis en place, depuis 2018. La protection de ces peuplements se fait sur une base volontaire et les producteurs forestiers admissibles doivent répondre à des critères stricts. Ils sont choisis à partir d’informations provenant des conseillères et conseillers forestiers et des agences régionales de mise en valeur des forêts privées.
Pour la première fois, en 2021, des pulvérisations aériennes ont été effectuées afin de protéger l’habitat du caribou montagnard de la Gaspésie. Les superficies admissibles à des arrosages aériens contiennent des peuplements vulnérables où le risque de mortalité causée par la TBE est le plus important.
Le gouvernement ne fait pas d’arrosage sur les terrains des particuliers (résidences, chalets, etc.).
Que faire si votre peuplement est infesté par la TBE?
Assurez-vous qu’il s’agit bien de la TBE. Puis, prenez en compte que tous les arbres ne meurent pas à cause de la TBE. Au besoin, consultez le guide pour les propriétaires de boisés .
Appliquez un insecticide si vous le souhaitez. Le produit biologique utilisé par la SOPFIM (Btk ou Bt, abréviation de Bacillus thuringiensis var. kurstaki) est offert sur le marché.
Quels dommages peuvent ressembler à ceux causés par la TBE?
Les dommages causés par d’autres insectes défoliateurs (ex. : l’arpenteuse de la pruche), des champignons (ex. : la brûlure de pousses causée par Delphinella sp.) ou des dégâts météorologiques (sécheresse, dessiccation, etc.) peuvent être confondus avec ceux de la TBE.
Consultez la section insectes et maladies, du site Web du Ministère, pour en apprendre davantage.
Les arbres attaqués par la TBE sont-ils encore utilisables?
Oui, si l’arbre est vivant, car la TBE ne s’attaque pas au bois de l’arbre contrairement à d’autres insectes. Mais si l’arbre est mort ou sur le point de mourir, après quelques années, des insectes et des champignons entreprennent le processus de dégradation du bois et celui-ci n’est plus utilisable.
Récupération du bois touché par des perturbations naturelles
Quels facteurs influencent la vulnérabilité des arbres à la TBE?
La composition forestière (plus il y a de sapins et d’épinettes dans une forêt, plus les dommages risquent d’être importants, car ces espèces sont vulnérables), la vigueur des arbres déterminée par l’âge, la densité du peuplement, la qualité du sol, le drainage, etc. Par exemple, dans une vieille sapinière, les arbres les plus chétifs mourront probablement en premier. Une épinette blanche âgée, plantée dans un sol appauvri par l’agriculture, trop sec ou trop humide, sera plus vulnérable.
La TBE peut-elle entrer dans une maison, un chalet ou une remise?
Oui, mais cela arrive rarement. La chenille n’est pas dangereuse pour les humains et les animaux. Les papillons sont attirés par la lumière et peuvent entrer dans les habitations si des portes ou des fenêtres sans moustiquaire sont ouvertes trop longtemps le soir quand les lumières intérieures sont allumées.
Que faire s’il y a des nuées de papillons le soir?
La période de vol des papillons dure quelques semaines. En cas de nécessité, on peut diminuer leur nombre en réduisant les sources de lumière près des résidences.
La TBE peut-elle contaminer les arbres de terrains avoisinants si l’on n’applique pas un insecticide?
En période épidémique, les papillons de la TBE se dispersent en grand nombre et sur de grandes distances. Traiter un arbre sur son propre terrain ne garantit donc pas l’arrêt de la propagation de la TBE dans les alentours ni que l’arbre traité ne sera plus attaqué.
Quel produit la SOPFIM utilise-t-elle pour les arrosages en forêt?
Le Bt ou Btk est un insecticide biologique. C’est une bactérie qui se trouve naturellement dans la nature. Lorsque la chenille de la TBE mange du Btk, elle subit des dommages au système digestif et arrête de manger, ce qui cause souvent sa mort. Il faut noter que le Ministère n’utilise plus d’insecticides chimiques depuis plus de 20 ans. Pour en savoir plus sur le Btk, consultez la page du produit (SOPFIM) homologué par Santé Canada.